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Michel CHASLES 

(Épernon, 15 novembre 1793 - Paris, 18 décembre 1880)


Français.

Mathématicien.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1812,
entre à l'École polytechnique.
1837,
Aperçu historique sur l'origine et le développement des méthodes en géométrie.
1841, nommé professeur à l'École polytechnique.
1846, Traité de géométrie supérieure.
1851, nommé à l’Académie des Sciences.
1867, abusé par un escroc, Denis Vrain-Lucas.



 






Michel Chasles naît le 15 novembre 1793 à Épernon, un bourg situé non loin de Chartres. Son père est un négociant aisé qui fait à cette époque le commerce des bois. Alors que la Révolution secoue la Monarchie et bouleverse les institutions issues de l’Ancien Régime, il devient le premier président de la Chambre de Commerce locale. La Terreur est à l’ordre du jour et le notable, dans un élan patriotique, baptise son fils du prénom de Floréal. Devenu adolescent, ce dernier en changera. L’heure n’est plus à se réclamer du catéchisme révolutionnaire. Michel Chasles, en bon fils de famille, effectue de brillantes études secondaires au Lycée. En 1812, attiré par les sciences, il entre ensuite à l'École polytechnique. Cependant, après la retraite de Russie et le soulèvement patriotique en Allemagne, la défaite de l’Aigle se profile à l’horizon. Les Alliés portent bientôt la guerre sur le territoire français. Difficile alors pour un jeune homme d'échapper à la conscription. Aux côtés des " Marie-Louise ", Chasles est appelé à défendre Paris. En vain.

De retour à Polytechnique, il achève ses études, mais refuse peu après de faire carrière dans un des grands corps de l'État. Michel Chasles nourrit un autre projet, d’une toute autre ampleur. De retour à la maison familiale, il se consacre dans les années qui suivent à ses recherches sur l'histoire des mathématiques. En 1837, le reclus publie un premier travail d'importance, un Aperçu historique sur l'origine et le développement des méthodes en géométrie. Chasles se propose ainsi de " présenter une analyse rapide des principales découvertes qui ont porté la Géométrie pure au degré d’extension où elle est parvenue de nos jours ". Le savant distingue ainsi cinq périodes qui courent depuis les Égyptiens jusqu’au XVème siècle, Descartes renouvelant ensuite cette science mathématique à l’époque moderne. Viennent ensuite deux hautes figures qui renouvellent les conceptions de leurs contemporains, l’anglais Newton qui met au point (conjointement avec l’allemand Leibniz) le calcul infinitésimal, puis le français Monge et sa géométrie descriptive.



Ayant acquis avec cet écrit une réputation de grand mathématicien, Michel Chasles est nommé en 1841 professeur à l'École polytechnique. Il enseigne alors la mécanique, avant d’être nommé en 1846 à la Sorbonne où une chaire de géométrie " supérieure " est créée à son intention. Six années plus tard, le mathématicien fait paraître son maître ouvrage, un Traité de géométrie supérieure qui traite des méthodes synthétiques et introduit la notion de birapport. Celle-ci peut se résumer par la célèbre formule : qui peut également s'écrire . A noter que Chasles lui-même appelait " ab " le segment orienté d'origine a, d'extrémité b et posait ba = -ab en affirmant avec trois points a, b et c d'une même droite, la relation ab + bc + ca = 0. La notation précédente concernant les vecteurs apparaît en effet dans les années 1930. Vient ensuite, en 1865, un Traité des sections coniques.

Vivant à Paris, toujours en célibataire, Michel Chasles consacre sa vie aux mathématiques et à son enseignement. En 1851, il accède aux honneurs en étant nommé à l’Académie des Sciences. C’est sous la coupole cependant, que le savant se ridiculise devant ses pairs, lors de la mémorable séance du 15 juillet 1867. Ce jour-là en effet, Chasles entreprend de démontrer, documents à l’appui, que le phénomène de la gravité a été observé et expliqué dans un premier temps par Blaise Pascal, le Français en ayant ensuite fait part à Isaac Newton, son homologue anglais, dans une correspondance entrée récemment en sa possession. On se rend vite compte que le mathématicien a été abusé par un escroc, un certain Denis Vrain-Lucas. A l’époque en effet, Newton était âgé d'à peine onze ans… Pendant des années, le clerc de notaire a vendu à Chasles, outre une centaines de documents authentiques, des milliers de faux, fabriqués de sa main. Pour une somme colossale - plus de 140.000 Francs - , le mathématicien a fait l'acquisition de   plus de 27.000 documents (encore visibles de nos jours à la Bibliothèque nationale), parmi lesquels figurent des lettres de Galilée écrites en français ou des autographes du Christ, de Cléopâtre, Charlemagne, Marie-Madeleine, Alexandre le Grand, le roi Dagobert ou Lazare, le ressuscité…



En 1870, le procès du faussaire rend justice au savant crédule, mais sa réputation est à présent bien atteinte. Michel Chasles décède le 18 décembre 1880 à Paris.