|
A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.
|
|
| |
sur 19e.org |
|
|
|
Vous êtes ici :
>
Jean-François CHAMPOLLION
|
|
Jean-François CHAMPOLLION
(Figeac, 23 décembre 1790 -
Paris, 4 mars 1832)
Français.
Egyptologue.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1807,
Essai de description géographique
de l’Égypte avant la conquête de Cambyse.
1810, nommé professeur d’histoire ancienne à l’Université de
Grenoble.
1822, Lettre à M. Dacier relative à l’alphabet des hiéroglyphes
phonétiques employés par les Égyptiens.
1824, Précis du système hiéroglyphiques
des anciens Égyptiens.
1826, nommé conservateur du musée du Louvre.
1828, aperçoit pour la première fois les pyramides du
plateau de Gizeh.
1836, Grammaire égyptienne.
1841, Dictionnaire égyptien en écriture hiéroglyphique.
|
|
Jean-François Champollion nait le 23 décembre 1790 à
Figeac, dans le Lot. Son père, qui a fait l'acquisition d'une boutique
de librairie, le confie aux bons soins intellectuels d'un précepteur,
l’abbé Jean-Joseph Calmels. Ce dernier l’ouvre à la culture et lui
enseigne des rudiments de latin, de grec et d’histoire naturelle. Elevé
au sein d'une famille nombreuse, l'enfant rejoint en 1801 son frère ainé
Jacques-Joseph à Grenoble. Là, avec l'abbé Dussert, un pédagogue réputé
de la cité, Champollion aborde l’étude de l'hébreu et acquiert des
rudiments d'arabe, de syriaque et de chaldéen. Au mois de mars 1804, il
est admis avec une bourse au lycée impérial de Grenoble où il s'emploie
à rédiger quelques mémoires, des Remarques
sur la fable des Géants d’après les étymologies hébraïques, une
étude de l'origine étymologique des noms de la Bible ...
Champollion fait alors la rencontre en 1805 de Raphaël de Monachis, un
moine syrien revenu d’Égypte avec l’armée de Bonaparte. Ce dernier
l'incite à étudier la langue éthiopienne et le copte. Naît alors chez
l’adolescent une véritable passion pour l’Égypte ancienne et sa
civilisation. Champollion quitte le Lycée de Grenoble en 1807. Le 1er
septembre de la même année, il présente devant l’Académie des
Sciences et des Arts de la ville un Essai de description géographique
de l’Égypte avant la conquête de Cambyse. Champollion commente
alors une carte de la vallée du Nil, proposant un découpage selon les
nomes, les provinces de l'ancienne Égypte. Le succès de cette
communication lui vaut d’être bientôt nommé membre de
l’institution. Dans ce mémoire, il affirme en effet que les hiéroglyphes
et le copte sont des formes différentes d’une seule et même langue,
une théorie énoncée déjà par les orientalistes du XVIIème siècle.
Selon lui, l’écriture copte n’est de plus qu’une adaptation en
caractères grecs de l’ancienne langue des Égyptiens.
Afin d’aller plus avant dans ses recherches, Champollion part ensuite
perfectionner ses connaissances linguistiques à Paris. Il suit alors les
cours de l’École spéciale des langues orientales et vivantes ainsi que
ceux dispensés au Collège de France. A cette époque commence son
entreprise de recensement dans les ouvrages anciens des fac-similés de
papyrus ou de bandelettes de momie sur lesquelles figurent des
inscriptions antiques. L’orientaliste rédige également une grammaire
ainsi qu’un dictionnaire coptes. De retour à Grenoble en 1810, il est
nommé professeur d’histoire ancienne à l’Université, après avoir
s'être vu décerné le titre de docteur es lettres. Peu de temps après,
au cours d’une conférence devant l’Académie des Sciences et des
Lettres de la ville, Champollion affirme que les trois types d’écriture
utilisées dans l'Antiquité par les Égyptiens (démotique, hiératique
et hiéroglyphique) dérivent l’une de l’autre. Il précise également
que les hiéroglyphiques, dont on cherche à l’époque à percer les
mystères, sont des symboles, des idéogrammes mais qu’ils peuvent également
transcrire des sons. Il s’oppose ainsi aux théories du savant anglais
Thomas Young. Celui-ci demeure en effet convaincu qu’il a affaire à un
système uniquement alphabétique. Pendant les années qui suivent
Champollion se consacre également à la rédaction d’une Égypte
sous les Pharaons, publiée à partir de 1814.
Cependant ses recherches sont bientôt interrompues avec la chute de Napoléon.
Accusé de sympathie à l’égard de l’Empereur déchu, le savant doit
quitter Grenoble en 1816 sous la pression des membres du parti ultra
local. Il se retire alors pendant deux années à Figeac. De retour dans
la ville au mois d’octobre 1817, il se marie, le 30 décembre 1818, à
Rosine Blanc, fille d’un gantier local. Quelques temps plus tard, le 1er
mars 1824, naîtra de l’union du couple une fille unique, Zoraïde.
Champollion réintègre sa chaire d’histoire à l’Université de
Grenoble.
L’égyptologue s'emploie pendant ces
années à la construction d'un tableau de correspondances entre les
symboles hiéroglyphiques et les signes hiératiques. En 1821, une copie
des inscriptions grecques et hiéroglyphiques apposées sur l’obélisque
de Philae lui parvient. L’étude de ce document vient alors relancer ses
travaux. Champollion repère sur le monument le nom de Ptolémée. Il en déduit
que seules les voyelles les plus sonores du mot grec sont transcrites en
égyptien. L’égyptologue demeure cependant convaincu que l’écriture
des anciens Égyptiens est essentiellement figurative et que les signes
phonétiques n’apparaissent qu’à une époque tardive et pour
transcrire les noms étrangers.
Au mois de novembre de la même année, Champollion se penche également
sur la pierre de rosette, découverte en juillet 1799 par un officier français
de l’armée d’Orient, la capitaine du Génie Bouchard. Il s’avise
alors que pour traduire les cinq cent mots du texte grec présent sur le
monument, le nombre de signes hiéroglyphiques nécessaires est trois fois
supérieur. L’égyptologue en déduit que ces derniers ne peuvent
transcrire uniquement des mots ou correspondre à des idées. L’écriture
des anciens Égyptiens, il en a à présent la certitude, est donc à la
fois phonétique et idéographique. L’année suivante, l’architecte
Jean-Nicolas Huyot fait parvenir au savant un grand nombre
d’inscriptions provenant du temple de Ramsès II à Abu Simbel. Après
avoir identifié et traduit les noms de Ptolémée et de Cléopâtre,
Champollion est à présent à même de définir une théorie explicative
générale du système hiéroglyphique. Le 27 septembre 1822, il est invité
à présenter ses conclusions devant les membres de l’Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, à Paris. L’égyptologue dédie son
exposé, intitulé Lettre à M. Dacier relative à l’alphabet des hiéroglyphes
phonétiques employés par les Égyptiens, à l’helléniste, secrétaire
perpétuel de l’institution. Celui-ci montre alors que l’écriture des
anciens Égyptiens est à la fois figurative, car employant des idéogrammes
et alphabétique, car signifiant des sons.
Poursuivant ses travaux dans les années suivantes, Champollion rédige
une étude sur Le Panthéon égyptien dont la publication s’échelonnera
de 1823 à 1831. En 1824 paraît également le Précis du système hiéroglyphiques
des anciens Égyptiens. L’égyptologue quitte ensuite sa chaire
d’historien à Grenoble et part dans l'Italie voisine pour un long périple.
Celui-ci le conduit à Turin en juin 1825 où le savant examine les
papyrus de la collection Drovetti. Champollion découvre à cette occasion
la grandeur de l’art égyptien en observant les objets exposés dans le
musée de la ville. Successivement présent à Milan, à Bologne, à
Naples et à Rome, il étudie et classe les collections rapportées vingt
années plus tôt par l’expédition de Bonaparte en Égypte. Au Vatican,
il s’intéresse également aux obélisques et aux documents de la
bibliothèque de la papauté. Rencontrant le pape Léon
XII le 15 juin, ce dernier s’inquiète devant l’orientaliste au
cours d’un entretien particulier : et si les vestiges de la
civilisation antique des Égyptiens étaient antérieurs au Déluge décrit
dans la Bible ? A Livourne, au mois de juillet, Champollion peut
ensuite admirer la collection du consul britannique Henry Salt. Il obtient
bientôt du gouvernement son achat et son transfert en France. Le savant
supervise alors personnellement l’opération qui s’étale du mois de
juillet au mois de mars de l’année suivante. A son retour lui est
accordée la Légion d’honneur. Le 15 mai 1826, Charles
X le nomme conservateur du musée du Louvre, à charge cependant
pour l’orientaliste de créer un département d’égyptologie au sein
de l’institution. Le souverain lui demande également d’assurer un Cours
public et gratuit d’archéologie où l’on exposera les divers systèmes
d’écriture dont se servaient les Égyptiens. Le 30 octobre suivant,
son épouse et sa fille rejoignent alors le savant à Paris où la famille
Champollion s’installe de manière définitive. Tandis que le département
des antiquités égyptiennes est officiellement inauguré le 15 décembre
1827, Champollion et ses collaborateurs publient peu après une
Notice descriptive des monuments égyptiens du musée Charles X.
Celui-ci accorde bientôt à
l’orientaliste l’autorisation d’embarquer à bord de la corvette Éblé
à destination de l’Égypte, le 31 juillet à Toulon. Le savant est en
effet placé à la tête d’une mission scientifique franco-toscane.
Celle-ci atteint Alexandrie le 28 août. Le 19 septembre, l’égyptologue
aperçoit alors pour la première fois les pyramides du plateau de Gizeh.
L’expédition atteint ensuite Thèbes et la Haute Égypte le 20
novembre. Après quatre mois d’études, les scientifiques rejoignent le
site voisin de Karnak où ils demeurent du mois de mars au mois de
septembre. Au total, l’expédition s’avère fructueuse. Champollion
revient en France le 5 mars 1830 chargé d’une masse de notes et de
traductions d’inscriptions antiques, d’objets destinés à enrichir
les collections du musée du Louvre. Il s’attache alors à diligenter
des fouilles et à décider de l’acquisition des objets ou des monuments
égyptiens arrivant en Europe. Le 7 mai suivant, l’égyptologue est élu
à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Et à partir du 10
mai 1831, il occupe la chaire d’archéologie au Collège de
France, créée pour lui le 12 mars précédant par Louis-Philippe.
Cependant, épuisé par les voyages et une activité trop intense,
Champollion se retire bientôt afin de prendre du repos dans son Quercy
natal. Il subie deux attaques cardiaques, le 13 décembre 1831 puis le 13
janvier 1832, qui le laissent abattu. L’égyptologue décède le 4 mars
1832. Il est enterré deux jours plus tard au cimetière du Père-Lachaise.
Son frère Jacques-Joseph se charge alors de la publication des Monuments
d’Égypte et de Nubie d’après les dessins exécutés sur les lieux,
de 1835 à 1845, puis de la Grammaire égyptienne, de 1836 à
1841 et enfin de celle du Dictionnaire égyptien en écriture hiéroglyphique,
de 1841 à 1844.
|