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Camillo
Benso CAVOUR
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Camillo
Benso CAVOUR
(Turin, 1er
août 1810 - Turin, 6
juin 1861)
Italien.
Militaire et
homme politique.
par Marco Barato
Quelques dates :
1830,
officier de l'armée
piémontaise.
1846,
fonde le journal Il
Risorgimento.
1848,
élu lors des
élections au parlement subalpin.
1852,
chef du gouvernement.
1858, signe un accord secret de collaboration militaire entre la
France et le royaume de Sardaigne..
1861,
le royaume d'Italie est solennellement proclamé.
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Camillo
Benso Cavour naît à Turin le 1er août 1810 de Michele Cavour et Adele de
Sellan. Son prénom lui est donné par ses parents en l’honneur du prince Borghèse,
époux de Pauline Bonaparte, qui l'avait porté lors de son baptême. Son père
est issu d’une ancienne famille de la noblesse piémontais, qui
traditionnellement vit de ses rentes terriennes, du service de l'État. Il
est cependant inquiété pendant la Restauration pour ses sympathies pour la
franc-maçonnerie, le fait d’avoir servi dans l'administration napoléonienne.
Considéré
comme un rebelle, le jeune Cavour est placé par ses parents dès l'âge de
dix ans à l'Académie militaire. Dans ce milieu, l’adolescent montre une
profonde aversion à toute autorité, à l'anachronisme de la discipline intérieure.
Cette conduite l’amène bientôt à être placé dans " l’équipe
française ". Pour punition, ces étudiants devaient rester de longues
heures réduits au silence, battus à coups de verge par un sergent.
A l’âge de quatorze ans, Cavour est nommé " page de cour " de
Carlo Alberto, un honneur que convoite tous les cadet de l'académie. Mais
ceci ne fait pas qu'alimenter sa haine de la culture réactionnaire qui est
celle de la cour de la maison de Savoie. Ainsi il a l’impudence de déclarer
ouvertement que sa livrée le faisait ressembler à une écrevisse ! Après
deux années passées à l’Académie, il en sort diplômé, obtenant
d’excellentes notes à tous les examens, à l'exception de celui-là
d'italien. Cette langue lui donnera sa vie durant des soucis, puisqu'en privé
Cavour s'exprime en français, avec ses paysans en piémontais.
En 1830, devenu officier de
l'armée piémontaise, il est envoyé à Gênes. Cavour fréquente alors
avec assiduité les cercles libéraux, en particulier celui de la marquise
Giustiniani, fille du consul de France dans la ville. Dans ces milieux,
Cavour se forme à la réflexion politique. Il commence ainsi à définir la
vision libérale de la société qui sera sienne, dénonçant l'État piémontais
qui au lieu de favoriser le changement tend à conserver ses structures
anachroniques. De telles idées ne facilitent pas son intégration dans les
milieux militaires. Aussi au terme de cette même année, Cavour est placé
en congé.
Aux début de l’année
suivante, Cavour est de retour au sein de sa famille. Afin de lui procurer
un emploi dans une activité qui lui permette également d’avoir un revenu
– sa condition de cadet ne lui donne qu’un avenir incertain -, celle-ci
lui confie bientôt la charge de l'administration d’un domaine de deux
cents hectares à Grinzane, un village de trois cent cinquante habitants.
Cavour en est aussi le maire. Après une tentative de suicide, il entreprend
de voyager à travers l'Europe. À Paris, où il demeure trois mois durant,
l’aristocrate italien est fasciné par les théâtres, les salons, le
parlement et surtout par la vie politique française qu’il apprécie pour
son aspect concret. Après avoir quitté la capitale française, il est à
Londres. Mais la sociabilité et les usages anglais le déçoivent profondément.
Cavour visitera également la Suisse, la Belgique ainsi que quelques États
allemands.
En 1841, après avoir mis en
place d’importantes réformes agricoles dans sa propriété de Grinzane,
il fonde une société agricole, qui, en quelques d’années, devient le
lieu de rassemblement de tous ces propriétaires terriens piémontais qui
lutent pour une réforme libérale de l'État. Fort de ces expériences
intellectuelles et culturelles, Cavour fonde en 1846, le journal Il
Risorgimento. Sa nouvelle popularité lui permet de participer et d’être
élu en 1848 lors des élections au parlement subalpin. Les premières déclarations
de Cavour, l’homme politique, sont prudentes cependant. En effet, sa
position est fragile. Cavour est contesté à gauche comme à droite. Les
premiers voient en lui un député issu de l’aristocratie, et donc
traditionnellement lié et dévoué aux forces réactionnaires, les seconds
le considèrent comme un révolutionnaire qui désire, grâce à des réformes,
détruire les fondements de la société.
Mais grâce à la détermination
naturelle qui le caractérise, Cavour devient le porte-parole d’un courant
modéré du parti conservateur. Dans ce rôle, il ne fait pas l’économie
de dures critiques à l’égard du gouvernement de Massimo d'Azeglio, même
si les deux hommes sont issus du même parti. D’ailleurs, afin d’éviter
l'ascension de ce rival en puissance, ce dernier propose à Cavour de
devenir ministre de son gouvernement. Ainsi fait-il ses premières armes au
pouvoir. Le 4 novembre 1852 enfin, le roi Victor Emmanuel II, appelle Cavour
à former son premier gouvernement, un cabinet destiné à demeurer dans sa
charge jusqu’à l'accomplissement de l'unité nationale.
Commence
alors pour le royaume de Piémont-Sardaigne une époque intense de
transformation et de modernisation. Les réformes promises transforment les
transports, l'agriculture et l'armée. La situation paraît désormais
propice pour faire de ce petit et ancien État le guide qui formera la
moderne nation italienne. Cavour ne néglige pas pour autant la politique étrangère.
Pendant la conférence de Paris, convoquée afin de mettre un terme à la
guerre de Crimée, dans laquelle le Piémont avait figuré grâce à
l’envoi d’un contingent, il soumet la question de l'unification
italienne au cœur de ce débat international, au grand désappointement de
l'Autriche. Ce premier succès international permet au premier ministre
italien de renforcer les liens qui unissent le Piémont à la France de
Napoléon III. Le 20 juillet 1858, celui-ci signe un accord secret de
collaboration militaire entre la France et le royaume de Sardaigne. Sur la
base de cet acte, à l'ouverture des hostilités de la part de l'Autriche,
la France s’engage à mettre sur le terrain des opérations militaires
deux cent mille hommes, le Piémont, cent mille, tandis que le haut
commandement serait détenu par l'Empereur des Français, lui-même. Avec la
fin des hostilités, celui-ci aurait en échange de l’aide apporté à la
cause italienne le comté de Nice ainsi que la Savoie.
En
mai 1859, la guerre est déclarée entre la France, le Piémont et
l’Autriche. Elle s’achève dès le 3 juillet suivant, avec l'armistice
de Villafranca, près de Vérone. À la suite de ce traité, la Lombardie
est annexée par le royaume du Piémont. Des soulèvements populaires ont
ensuite lieu dans le centre de l'Italie, dans les régions de l'Émilie, de
la Romagne et de la Toscane. Le processus unitaire a à peine commencé,
quant, le 5 mai 1860, de Quarto, près de Gênes, Garibaldi part à la conquête
du royaume des deux Sicile. Le 2 mars 1861, à Turin, le royaume d'Italie
est solennellement proclamé. Cavour, qui directement ou indirectement, a
collaboré a ce grand oeuvre sent désormais sa fin prochaine. Le 4 juin
1861, au retour d'un dîner, frappé par une soudaine fièvre, probablement
dû au paludisme, Cavour s’enfonce dans un délire, pendant lequel il
continue de parler de lois, de réformes et des oeuvres publiques à réaliser.
Le lendemain, Victor Emmanuel II se porte à son chevet. C’est
l’occasion pour le roi de rappeler quels sont les devoirs d'un souverain
constitutionnel. Enfin, le 6 juin 1861, à l’age de cinquante et un ans,
s'éteint sereinement Camillo Benso Cavour, celui-là même à qui le
premier Ministre Anglais Peel avait rendu hommage en disant qu’il était
“ l’homme d'État le plus illustre parmi ceux qui avait réalisé le
destin d'une nation européenne dans la voie de la liberté
constitutionnelle”.
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