|
A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.
|
|
| |
sur 19e.org |
|
|
|
Vous êtes ici :
>
Arcisse de CAUMONT
|
|
Arcisse de CAUMONT
(Bayeux,
29 août 1801 - Caen,16 avril
1873)
Français.
Historien.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1823,
fonde la Société Linnéenne de
Normandie.
1830, Cours d'antiquité monumentale.
1833, fonde la Société française d’archéologie.
1838, devient membre correspondant de l’Institut.
1839, crée un Institut des provinces.
1840, Abécédaire ou rudiments d'archéologie.
1864, Allons à Falaise, itinéraire à vol d’oiseau.
|
|
Arcisse de
Caumont naît le 11 Fructidor an IX, autrement dit le 29 août 1801, à
Bayeux. Son père, François de Caumont, issu d’une famille de la
bourgeoisie normande, avait épousé quelques mois auparavant Marie-Louise
Hue de Mathan. Il sera anobli en 1815, avec le retour des Bourbons. L’enfant
est envoyé à Falaise, une ville voisine, afin d’y effectuer de
premières études au Collège. Ses excellents résultats dans les
matières scientifiques – en sciences physiques et en astronomie –
décident ses maîtres à lui confier des cours à destination de ses
camarades, à partir de 1816. L'année suivante, l’adolescent est de
retour à Bayeux. Il effectue ensuite un voyage à Paris en compagnie de
ses parents, avant d’obtenir son baccalauréat en 1820.
Suivant les vœux de l’autorité paternelle, Arcisse de Caumont
s'inscrit à la faculté de Droit de Caen. Il se destine ainsi à
embrasser la carrière de magistrat. Ayant obtenu sa licence, l’étudiant
prête enfin son serment d'avocat. Peu après, il se marie à Melle Rioult
de Villaunay, qui lui apporte une solide fortune, mais le couple demeurera
sans descendance. A coté de ces occupations professionnelles, de Caumont
se passionne pour les lettres et les arts. Quand son titulaire est absent,
il tient ainsi l'orgue de l'église Saint-Étienne de Caen. En 1823, l’homme
de loi, de concert avec deux de ses amis, fonde la Société Linnéenne de
Normandie. Il en sera dix années durant le secrétaire, s’intéressant
surtout à la géologie et à la botanique.
Dès cette époque cependant, Arcisse de Caumont se préoccupe du
patrimoine monumental de sa province, qu'il peut observer au cours de ces
promenades dans les campagnes. Comme partout en France, celui-ci a
souffert des négligences, voire du vandalisme révolutionnaire. Nombre de
châteaux ou d’églises sont ainsi laissés à l'abandon, voire
transformés en carrière de pierres. Avec l’aide de l’abbé de La
Rue, d’Auguste Leprévost et de Duhérissier de Gerville, d'autres
érudits de la région normande, il anime la Société des antiquaires de
Normandie depuis 1824. Celle-ci se donne pour but d’inventorier et d’étudier
ces ruines et autres chefs d’œuvre architecturaux des temps passés.
Arcisse de Caumont publie d'ailleurs un Essai sur l'architecture du
Moyen-Age, particulièrement en Normandie. Quelques années plus tard,
en 1830, fait suite à cette courte introduction le premier des six gros
volumes d’un Cours d'antiquité monumentale, richement illustré
de gravures sur bois, et, dont la publication s’étalera jusqu’en
1843. Avec cette dernière œuvre, qui se vend à 20.000 exemplaires, il s’exerce
ainsi " à la classification chronologique des monuments
religieux, au moyen de l'analyse de leurs différentes parties et de l'étude
comparative de leurs formes et de leurs moulures aux différents siècles
du Moyen-Age ".
Selon de Caumont en effet, de l’initiation du public cultivé à l’histoire
de l’art dépend la sauvegarde du patrimoine normand. Aussi, à partir
du 14 février 1830, il entame un cours d’archéologie ouvert aux
passionnés. En 1840, grâce au savoir d'Arcisse de Caumont, ceux-ci
disposent à présent d’un Abécédaire ou rudiments d'archéologie,
en trois volumes. L'antiquaire, à l'origine du regain d'intérêt pour la
période médiévale, distingue ainsi en matière d'architecture deux
périodes distinctes : l'art roman, du Vème au XIIème siècle, et l'art
ogival, du XIIIème au XVème siècle, caractérisé lui par l'emploi de
l'arc brisé ou ogive Cette œuvre sera pendant des décennies le guide de
référence pour les archéologues français, même si bientôt l'expression
" art ogival " employée par Arcisse de Caumont laissera la
place à celle d' " art gothique ", nonobstant les critiques de
Camille Enlart. Son entreprise de recension
des richesses de la Normandie trouve également un premier aboutissement
avec la parution d’une Statistique monumentale du Calvados, en
cinq tomes. Sur son modèle, d’autres travaux du même genre verront le
jour un peu partout en France. L'érudit se consacre également à la
rédaction de guides de promenades géologiques ou archéologiques, comme
celui qui s’intitule Allons à Falaise, itinéraire à vol d’oiseau,
publié en 1864.
Arcisse de Caumont souhaite à présent étendre son entreprise. En 1833,
il fonde la Société française d’archéologie, pour la conservation
des monuments anciens, dont la première réunion se tient à Caen au mois
de juillet, puis un Institut des provinces, en 1839, afin cette fois de
réunir toutes les sociétés savantes. A cette époque cependant, l’État
s’est saisi de la question en la personne de François Guizot. Ce
dernier nomme en effet Prosper Mérimée, le 25 mai 1834, inspecteur
général de la Commission des Monuments Historiques. L’écrivain est le
deuxième fonctionnaire à occuper ce poste créé en 1832.
Inlassablement, il va parcourir le pays pendant les années qui suivent
afin de dresser un Inventaire général du patrimoine national. Certains
monuments sont ensuite classés " monuments
historiques ", autrement dit protégé de toutes dégradations,
et bientôt restaurés. Arcisse de Caumont dénonce cette mainmise du
pouvoir jacobin sur les initiatives locales. " La province se
meurt " s’exclame t-il alors.
C’est néanmoins pour lui l’heure de la reconnaissance. En 1838, il
devient membre correspondant de l’Institut, puis de l’Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres. Le 14 août 1867, Napoléon III l'honore
en le faisant officier de la Légion d’honneur. Fort de cette
notoriété, Arcisse de Caumont s’est investie au cours de ces années
dans un tout autre domaine. Dès le mois d’octobre 1831 en effet, alors
que naît la Monarchie de Juillet, le savant fonde l'Association normande,
une nouvelle société dont le but avoué est de favoriser le
développement économique de la province. Celle-ci recrute tout d’abord
dans le cercle des proches de Caumont, mais elle acquiert rapidement une
autre dimension. D’un millier de membres au milieu du règne de
Louis-Philippe, son effectif triple sous le Second Empire. Une assemblée
annuelle réunit ceux-ci chaque année dans une ville différente, alors
qu’un annuaire est publié qui renferme de nombreux renseignements d’ordre
statistique. L'Association normande compte ainsi de nombreux élus qui
agissent auprès des autorités, préfets et sous-préfets, et du pouvoir
central.
Pendant quarante années, Arcisse de Caumont s’est aussi consacré à la
publication du prestigieux Bulletin monumental, l’organe de la Société
française d’archéologie. Épuisé et quasi-paralysé, il décède à
Caen, le 16 avril 1873.
|