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Albert de BROGLIE
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Albert de BROGLIE
(Paris, 13
juin 1821
- Paris, 19
janvier 1901)
Français.
Historien et homme politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1859,
L'Église et l'Empire Romain au IVème Siècle.
1862, élection à
l’Académie française.
1871, ambassadeur à Londres.
1873, président du Conseil.
1885, se retire de la vie politique.
1892, La paix
d’Aix-la-Chapelle.
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Jacques-Victor Albert de Broglie naît le 13 juin 1821 à Paris. Sa mère
n’est autre qu’Albertine de Staël, fille de l’écrivain et son père, le
duc Victor de Broglie, un homme politique en vue de la Restauration,
futur ministre de la Monarchie de Juillet. Membres de la haute noblesse,
les de Broglie sont originaires du Piémont, venus en France au XVIIème
siècle et anoblis après s’être mis au service de la monarchie des
Bourbons. L’enfant effectue ses premières études auprès de précepteurs,
Adolphe Régnier puis Ximénès Doudan, avant d’entrer au lycée
Condorcet en 1832. Brillant élève, il obtient un premier prix
d'Histoire, ainsi qu’un troisième prix de vers latins au Concours Général
de 1838. Reçu bachelier la même année, Albert de Broglie entreprend
ensuite de faire son droit. Ceci le mène tout droit à une carrière
diplomatique, suivant l’exemple paternel.
En 1843, il est nommé second secrétaire d'ambassade à Madrid, en
Espagne, puis à Rome, auprès du Pape Pie IX, en 1848. Entre temps,
Albert de Broglie se marie à Pauline de Galard de Beran, le 19 juin 1845.
Le couple aura cinq enfants, cinq fils : Victor, né en 1846 ;
Maurice en 1848, Amédée l’année suivante, puis vient au monde François
en 1851 et enfin Emmanuel en 1854. Pauline de Galard décède de manière
prématurée en 1860. A cette époque, Albert de Broglie a quitté ses
fonctions de diplomate, démissionnant en 1848, peu après la Révolution
de février qui a emporté avec elle la Monarchie de Juillet.
Désormais, il fait figure d’opposant à la Seconde République, puis au
Second Empire. Dans la Revue des Deux Mondes, dans Le
Correspondant, Albert de Broglie révèle ses talents de polémiste et
de journaliste dans des articles qui le hausse au rang des meilleurs écrivains
monarchistes et catholiques. Il travaille également à une vaste étude
historique, L'Église et l'Empire Romain au IVème Siècle, dont le
succès considérable, après sa publication en 1859, assure son élection à l’Académie française, le
20 février 1862, au fauteuil occupé auparavant par le Père Lacordaire.
Loin de se désintéresser des affaires publiques, il fait également paraître
en 1860 un plan de réformes administratives de l’Algérie, où pour la
première fois un souverain français, l‘Empereur Napoléon III, venait
de se rendre. Alors que le régime se libéralise, Albert de Broglie
figure de nouveau dans les rangs de l'opposition, à partir de 1863.
Après la déclaration de guerre à
la Prusse voisine, puis à l’annonce des premières défaites à l’Est,
la République est proclamée à Paris, le 4 septembre 1870. Quelques mois
plus tard, et afin de signer un traité d’armistice en toute légalité,
des élections législatives sont organisées le 8 février 1871. Alors
que la capitale parisienne est encerclée par les troupes ennemies, la
nouvelle assemblée des parlementaires se réunie à Bordeaux, dans
laquelle figure Albert de Broglie, nouvellement élu député de l'Eure.
Il appartient à la majorité conservatrice. Ses affinités politiques
avec Adolphe Thiers, le " chef du Pouvoir Exécutif de la République
Française " lui valent d’être nommé la même année ambassadeur
à Londres. Albert de Broglie signera ainsi le traité sur la question
d'Orient peu après, avant de se consacrer à la négociation du traité
de commerce, conclu l’année suivante par les deux puissances.
Mais le diplomate se démarque par la suite des prises de position d’Adolphe
Thiers, devant l’un de ses plus virulents contradicteurs. Le 10 mars
1871, avec le Pacte de Bordeaux, Adolphe Thiers s’était entendu avec
l’Assemblée conservatrice afin de différer la décision définitive
sur le régime. Évoluant dans ses convictions, la République obtient peu
à peu son assentiment. Le manifeste du comte de Chambord, le prétendant
au trône de la branche aînée des Bourbons, empêche d’ailleurs par
son intransigeance toute restauration monarchique. Le 13 novembre 1872,
Adolphe Thiers annonce officiellement son opinion dans un message adressé
aux Chambres. Ce ralliement le met en difficulté face à un Parlement à
majorité monarchique. Albert de Broglie notamment mène la campagne
contre le chef de l’exécutif, qui aboutit à la démission de ce
dernier. Le 24 mai 1873 en effet, Paul-Louis Target et son groupe de députés
provoquent la mise en minorité du gouvernement de Jules Dufaure et sa
chute.
Exerçant à présent une grande influence sur la Chambre des députés,
Albert de Broglie pousse le maréchal de Mac Mahon, monarchiste convaincu,
à accepter la Présidence de la République. Les pouvoirs de ce dernier
sont portés, au mois de novembre 1873, à sept ans, de quoi organiser
sereinement une restauration monarchique sous l’égide des Orléanistes
cette fois-ci. Le président de la République confie tout d’abord à
Albert de Broglie la vice-présidence du Conseil et le ministère des
Affaires étrangères, avant de le nommer à la présidence du Conseil,
ainsi qu’au ministère de l'Intérieur. Instigateur de l'Ordre moral, le
duc de Broglie – un titre qu’il porte depuis le décès de son père
en 1870 – voit son ministère chuter après sept mois d’exercice, en
mai 1874, les légitimistes – qui s’étaient dits choqués des manœuvres
constitutionnelles de l’automne précédant - ayant joint leurs votes réprobateurs
aux bonapartistes et aux républicains. La Chambre s’oppose en effet à
son projet de « Grand Conseil ».
Redevenu président du centre-droit, Albert de Broglie est réélu député
de l'Eure en 1876. Après la démission du ministère Jules Simon, Mac
Mahon lui confie de nouveau la Présidence du Conseil et le ministère de
la Justice, le 17 mai 1877. Le duc de Broglie fait dissoudre la Chambre,
le 25 juin suivant, et s'efforce sans succès d'assurer l'élection d'une
majorité conservatrice. A Lille, le 15 août 1877, au cours d’une réunion
politique, Léon Gambetta indique au Président de la République
Mac-Mahon l’alternative qui s’offre à lui : " Se
soumettre ou se démettre ". Celui-ci fait le choix d’aller
jusqu’au bout de son mandat, le duc de Broglie lui quitte ses fonctions.
Demeuré au Sénat, il s'y fait remarquer par ses discours de politique étrangère
et ses attaques contre l'enseignement laïque, mis en place par les ministères
opportunistes. En 1885, n’étant pas réélu dans son fauteuil de sénateur
de l’Eure, il se retire de la vie politique.
Albert de Broglie s’occupe à présent
de la gestion de la manufacture axonaise de Saint-Gobain, dont il est le
président et l’administrateur. Celle-ci diversifie sa production et, à
coté de la traditionnelle verrerie, se lance dans la très lucrative
fabrication d’engrais chimiques. L’ancien président du Conseil
revient également à une passion ancienne, l’histoire. Il publie ainsi
nombre d’ouvrages d’histoire diplomatique, parmi lesquels Frédéric
II et Marie-Thérèse en 1882, Frédéric II et Louis XV en
1884, Marie-Thérèse impératrice en 1888, La paix
d’Aix-la-Chapelle en 1892. Le duc de Broglie se consacre ensuite à
la rédaction de ses Mémoires, publiées à partir de 1886.
Albert
de Broglie décède à Paris, le 19 janvier 1901.
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