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Georges BOULANGER
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Georges BOULANGER
(Rennes, 29 avril 1837 -
Ixelles, Belgique,
30 septembre 1891)
Français.
militaire et
homme politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1859,
blessé lors de la bataille de
Magenta.
1871, reçoit le grade de colonel.
1880, nommé général de brigade.
1882 nommé général de division.
1886, nommé ministre de la Guerre.
1887, montre sa fermeté vis-à-vis de l’Allemagne lors de
l'affaire Schnaebele.
1889, élu député.
s'enfuie en Belgique.
condamné, par contumace, à la
déportation dans une enceinte fortifiée.
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Georges Boulanger nait à Rennes, le 29 avril 1837.
Fils d'un bourgeois breton et d'une aristocrate galloise,
il fait ses humanités à Nantes. Après une formation militaire à l'école
de Saint-Cyr, d'où il sort en 1856,
promotion "
Crimée-Sébastopol ",
Georges Boulanger entame une brillante carrière d’officier. Nommé
sous-lieutenant, il fait son baptême du feu en 1857, lors de la campagne
de la Grande Kabylie. Boulanger participe ensuite à l’expédition en
Italie, décidée par l’Empereur Napoléon III
avec la déclaration de guerre à l’Autriche. Blessé lors de la
bataille de Magenta, le 4 juin 1859, Boulanger est décoré de la Légion
d'honneur. Quelques mois plus tard, en 1861, l’officier est envoyé en
Cochinchine où il accède au grade de capitaine. De retour en France, en
1864, Georges Boulanger épouse une de ses cousines, Lucie Renouard. Se démarquant
déjà par ses qualités de meneur d'hommes, l’officier est bientôt
nommé instructeur à l’école militaire de Saint-Cyr.
Le 19 juillet 1870, la France du Second Empire déclare
la guerre au royaume de Prusse. Le conflit, qui se déroule sur le
territoire français et amène la déchéance de Napoléon III, précipite
son ascension dans la hiérarchie. Promu commandant, Boulanger est nommé
lieutenant-colonel au 114ème régiment de ligne en 1870. Au
mois de janvier 1871, il reçoit le grade de colonel, suite aux combats
qui se déroulent devant Paris auxquels il prend part. Son régiment, à
présent placé sous les ordres du gouvernement versaillais, lutte ensuite
contre les Fédérés. Georges Boulanger, blessé, ne participe pas aux côtés
de ses hommes de troupe à la Semaine sanglante,
qui, du 21 au 28 mai 1871, met un terme à la Commune de Paris. Rétrogradé
en raison d’un avancement jugé trop rapide par les autorités
militaires, l’officier menace de démissionner, avant de retrouver en
1874 son grade de colonel.
L’ambitieux militaire sait alors trouver des appuis efficaces. Son chef
de corps, le duc d'Aumale, quatrième fils de Louis-Philippe
d’Orléans, lui prête une oreille attentive, tout comme Léon
Gambetta, convaincu par la profession de foi républicaine de
l’officier. Le 4 mai 1880, celui-ci obtient satisfaction en étant nommé
général de brigade, à l’âge de quarante-trois ans. Appelé à la
direction de l'infanterie en 1882 puis nommé général de division deux
années plus tard, Georges Boulanger reçoit ensuite un important
commandement à la tête des troupes d'occupation en Tunisie, un
territoire placé depuis peu sous protectorat français. Ces responsabilités
lui permettent d’étendre ses relations dans les milieux politiques. Les
mérites du jeune général sont également de plus en plus souvent vantés
par la presse radicale, dans les colonnes de L'Intransigeant d’Henri
Rochefort notamment. Le 7 janvier 1886, sur la recommandation de Georges
Clemenceau, le général Boulanger est nommé ministre de la Guerre dans
le nouveau gouvernement formé par Charles de Freycinet.
Dès son arrivée rue Saint-Dominique, le nouveau ministre affiche son dévouement
à la République. Ainsi, le 26 janvier 1886, afin de briser un groupe
d’officiers tourangeaux aux opinions royalistes trop affichées, il décide
de permuter entre elles les brigades de cavalerie de Tours et de Nantes.
Suivent de nombreuses mutations parmi les cadres de l’Armée. Le prince
Murat et le duc d'Aumale en sont bientôt exclus, Boulanger faisant
appliquer la loi du 22 juin 1886 qui expulse les chefs de famille ayant régné
sur la France et leurs héritiers directs du territoire français. Le
ministre de la guerre prend également des mesures qui améliorent
l'ordinaire du soldat en faisant installer des réfectoires, en autorisant
le port de la barbe, en modifiant l'uniforme, en remplaçant la paillasse
par un sommier... La revue du 14 juillet est rétablie afin de raviver le
goût du public pour l'Armée. Celle-ci prend un caractère plus cocardier
lorsque les guérites à l’entrée des casernes sont peintes en
tricolore. Sur la façade de celles-ci est à présent inscrit le nom d'un
soldat glorieux ou d'une victoire. Lors de la grève des mineurs de
Decazeville au mois de mars 1886, le général assoit définitivement sa
popularité lorsqu’il prononce à la Chambre un discours de modération,
se refusant à organiser une violente répression.
Lors de la revue du 14 juillet 1886 à Longchamp, Georges Boulanger est
ovationné par la foule tout au long du parcours qui le mène à l'Élysée,
éclipsant ainsi le président de la République Jules Grévy. L’événement
est d’ailleurs mis en musique par le chansonnier Paulus qui rédige pour
l’occasion En r’venant d’la r’vue.
Critiqué par les Opportunistes qu’inquiètent son ascension, le
ministre de la Guerre se heurte dès lors au président du Conseil. Après
la démission du ministère Freycinet, le général Boulanger est néanmoins
confirmé dans son poste, le 11 décembre 1886, par le nouveau chef du
gouvernement, René Goblet. Au mois d’avril 1887, le ministre de la
Guerre montre sa fermeté vis-à-vis de l’Allemagne et du chancelier
Otto von Bismarck lors de l'affaire Schnaebele. Il gagne alors le surnom
de " Général-Revanche ", en satisfaisant l'orgueil
national. Trop encombrant cependant, il n’est pas reconduit dans ses
fonctions à la suite de la chute du cabinet Goblet, le 17 mai 1887.
Le nouveau gouvernement mené par Maurice Rouvier décide d'ailleurs de
l’éloigner de la capitale. Le général Boulanger est ainsi nommé à
la tête du 13ème corps d’armée basé à Clermont-Ferrand.
Le 8 juillet 1887, la foule parisienne, rassemblée en gare de Lyon, tente
alors d’empêcher son départ, en prenant d'assaut le train qui l’emmène
vers l’Auvergne. Le 26 février 1888 suivant, des élections législatives
partielles organisées dans sept départements confirment sa popularité.
Le général Boulanger n'est pas éligible, mais de nombreux électeurs
votent pour lui à l’appel de ses partisans. Le 14 mars 1888, il est
alors placé en non-activité par retrait d'emploi. Cette décision amène
la formation d'un Comité républicain de protestation nationale, sur
l’initiative de Rochefort. Le général est ensuite mis à la retraite
d’office, le 26 mars suivant, pour s'être présenté en tant que
candidat à des élections, alors qu'il était encore placé sous le
statut de militaire d'active. Rendu à la vie civile, Georges Boulanger
peut à présent se consacrer à sa nouvelle carrière politique.
Au cours de ces derniers mois en effet, s’est formé autour de sa
personne un véritable syndicat des mécontents de la Troisième République
et de son personnel politique, regroupés au sein d’un Comité républicain
national. Les monarchistes, autour du comte Arthur Dillon et du comte de
Paris se rallient à sa bannière tandis que la richissime duchesse d'Uzès
place une grande partie de sa fortune au service de la cause boulangiste.
Boulanger noue également des contacts avec le baron de Mackau, alors chef
de l'Union des Droites. Les nationalistes, partisan d’une revanche, les
membres de la Ligue des Patriotes de Paul Déroulède ou le jeune dandy Maurice
Barrès notamment, adhérent au boulangisme. Le mouvement recrute
aussi parmi les bonapartistes et les radicaux qui souhaitent une révision
de la Constitution, les plus extrémistes des socialistes, pour qui la république
parlementaire se montre incapable de résoudre les problèmes les plus
urgents du monde du travail. Tous dénonce l'affairisme et les scandales
financiers, l'expansion coloniale qui s’effectue au détriment de la
Revanche sur l'Allemagne, et souhaite que l’on redonne la parole au
peuple contre le système parlementaire.
Ainsi, le programme défendu par les boulangistes, qui tente de combiner
à la fois la démocratie et l'autorité, se veut aussi national et
social. Une véritable campagne de presse martèle bientôt le slogan
" dissolution, constituante, révision " tandis que de nombreux
objets, vignettes et photographies ou chansons
sont diffusés, portant son effigie. Lors de deux élections partielles,
le 8 avril 1889 en Dordogne puis le 15 avril dans le Nord, Boulanger est
élu avec une très forte majorité. Le 19 août et grâce au système des
candidatures multiples, une triple victoire électorale,
en Charente-Inférieure, dans les départements du Nord et de la Somme,
prend alors un caractère plébiscitaire. Alors que beaucoup de Français
souhaite un destin national au général Boulanger, celui-ci quitte la
France pendant l’hiver pour effectuer un voyage en Espagne et au Maroc
en compagnie de sa maîtresse, Marguerite de Bonnemains. Le décès d'un député
parisien, au mois de décembre 1888, lui offre alors une nouvelle
opportunité. Le 27 janvier 1889, il recueille 57 % des suffrages exprimés
par les Parisiens . Pour son état-major, la route vers l'Élysée est
ouverte. Georges Boulanger, qui bénéficie pourtant de l'appui du peuple
et de l’armée, se refuse à ce coup de force contre la République. Cédant
aux instances de sa maîtresse, il préfère attendre que les élections générales,
prévues pour l'automne, le portent au pouvoir en toute légalité.
Cependant, les républicains du gouvernement ont pris la mesure du danger
que représente le mouvement boulangiste. Faisant bloc pour l’occasion,
les députés votent dès le 13 février une loi rétablissant le scrutin
d'arrondissement pour les élections législatives, en remplacement d'un
scrutin de liste départemental qui avait permis l'ascension rapide du général
Boulanger. Avec la venue au pouvoir du nouveau cabinet Tirard, Ernest
Constans, ministre de l'Intérieur, entend lui aussi être ferme en prononçant
la dissolution de la Ligue des Patriotes de Déroulède. Il fait également
courir la rumeur de l'arrestation imminente du général Boulanger et de
son jugement en Haute-Cour pour " attentat contre la sûreté de l'État
". Prenant peur, celui-ci se discrédite auprès des Français en
s'enfuyant le 1er avril en Belgique. Le 13 juillet, la Chambre
des députés vote une nouvelle modification de la loi électorale. Avec
l'interdiction des candidatures multiples, celle-ci impose la déclaration
obligatoire de candidature. Un mois plus tard, le 14 août, le Sénat, réuni
en Haute-Cour, condamne, par contumace, Arthur Dillon, Henri Rochefort et
Georges Boulanger à la déportation dans une enceinte fortifiée. Dès
lors, le général n'est plus éligible. Malgré l’élection de
quarante-quatre députés boulangistes, les 22 septembre et 6 octobre
1889, le mouvement boulangiste est décapité. Ses différentes
composantes, de droite et de gauche, éclatent. Le parti est dissout au
mois de mai 1890.
Le 30 septembre 1891, le général Georges Boulanger
se suicide d’un coup de revolver à Ixelles en Belgique, sur la tombe de
sa maîtresse Marguerite de Bonnemains, décédée le 16 juillet précédent.
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