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Jacques
BOUCHER de PERTHES
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Jacques
BOUCHER de PERTHES
(Rethel,
10 septembre 1788
-
Abbeville,
2 août 1868)
Français.
Préhistorien et archéologue.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1837,
se lance dans la prospection du sous-sol picard.
1849, Antiquités
celtiques et antédiluviennes.
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Jacques Boucher
de Crèvecœur de Perthes naît le 10 septembre 1788 à Rethel, dans les
Ardennes. Sa mère, Marie de Perthes, a épousé Jules-Armand-Guillaume
Boucher de Crèvecœur, qui est nommé directeur des douanes à
Abbeville, dans la Somme, en 1802. Botaniste à ses heures, il reçoit
chez lui, dans l’Hôtel de Chépy, des scientifiques qui viennent lui
rendre visite, tels Cuvier, Lamarck, Bichât ou Brongniart. Son fils
effectue quelques études dans un pensionnat de la ville, sans grands
résultats. En 1804, il entre dans le service de son père, en tant que
commis au bureau. A cette époque, le jeune homme doit s’attacher à la
mise en œuvre du blocus continental décrété par Napoléon. Dès l’année
suivante, il est affecté à différentes taches dans l’Europe
impériale afin d’œuvrer à l’isolement commercial de l’ennemi
anglais.
Nommé lieutenant au mois d'avril 1805, Jacques Boucher de Perthes gagne
Marseille puis la péninsule italienne. Dans le port de Gênes, au mois de
septembre 1805, il a ainsi pour mission " d'enquêter,
perquisitionner, découvrir les marchandises anglaises et de les brûler
". Le fonctionnaire de l’Empire est ensuite à Livourne en 1808,
puis à Foligno, près de Rome, deux années plus tard. Avec le titre
d'ordonnance de l'Empereur, Boucher de Perthes parcoure ensuite les côtes
de l'Adriatique, une tournée qui le mène à Trieste. De là, il gagne la
Slovénie et Laibach (l’actuelle Ljubljana) au mois de janvier 1811,
puis la Croatie et enfin Vienne, capitale de l’Empire autrichien. Par l’Allemagne
et Essling, Munich, Augsbourg, Ulm, Stuttgart, Jacques Boucher de Perthes
est bientôt de retour en France. Quittant Strasbourg, il est enfin à
Paris au mois de mars 1811.
Auprès de M. de Sussy, directeur général des douanes, l’envoyé en
mission doit rendre compte de ses observations effectuées dans les
différents ports de l’Empire. Boucher de Perthes obtient ensuite,
suprême honneur, une entrevue avec l’Empereur des Français. Nommé Directeur
des douanes à Boulogne-sur-Mer, il est ensuite affecté au mois d’août
1812 à la direction générale de Paris, avec rang de sous-chef du
personnel. A la même époque, tandis qu’il commence à gravir les
échelons de l’administration, ses premiers poèmes sont publiés.
Boucher de Perthes, qui travaille également à une tragédie, fréquente
les salons du faubourg Saint-Germain. Avec la chute de l'Aigle cependant,
il est bientôt muté à Morlaix, loin de la capitale et des milieux
littéraires.
Au milieu des populations bretonnes, Jacques Boucher de Perthes se fait
folkloriste. Il effectue des recherches sur les coutumes et traditions
locales, sans désespérer d'une carrière parisienne. Le fonctionnaire
écrit toujours pour le théâtre, mais la censure royale veille et, par
deux fois, ses pièces sont interdites. Enfin, au mois d’avril 1825,
Boucher de Perthes est admis à prendre la succession de son père à la
direction des douanes d'Abbeville et est ainsi de retour sur la cote
picarde. Là, il est bientôt élu président de la jeune Société
d'émulation, une réunion d’érudits et de savants locaux. D’ailleurs,
Boucher de Perthes se préoccupe à présent d’archéologie, sous l’influence
de son ami, le docteur Casimir Picard. Dès 1830, il suit ainsi les
campagnes de fouilles qui sont menées dans la région, dans les
tourbières et les sablières, étant également à l’origine de la
fondation du Musée d'Abbeville et du Ponthieu. A partir de 1837, le
savant se lance personnellement dans la prospection du sous-sol picard, à
la recherche des vestiges du passé dans les dépôts alluviaux de la
Somme. Son action est facilitée par le creusement du canal fluvial qui
doit relier le port d'Amiens à la Manche.
Ces travaux aboutissent en 1849 à la publication des Antiquités
celtiques et antédiluviennes. L’ouvrage fait grand bruit. En effet,
Jacques Boucher de Perthes s’attache à démontrer que les silex
retrouvés sont des outils façonnés par des hommes contemporains d’animaux
disparus, de grands mammifères notamment. Il nomme
" diluviennes " les strates dans lesquelles ces
vestiges sont trouvés et affirme qu’ils remontent à des millénaires,
justifiant ainsi son appellation d’Homme " antédiluvien ". En
utilisant les méthodes de la stratigraphie, Boucher de Perthes agit ainsi
en précurseur de l’archéologie moderne. Il se heurte cependant au
conservatisme de l'Académie des sciences. Quatre année plus tard, le
fonctionnaire des douanes est mis d’office à la retraite par
suppression de ce poste, que seul lui et son père auparavant auront
occupé. Ceci lui donne davantage de temps pour plaider sa thèse de l'Homme
antédiluvien. Boucher de Perthes voyage ainsi en France et à l’étranger,
rencontrant les historiens et les naturalistes européens, visitant les
sites archéologiques et les musées. En 1857, paraît le deuxième tome
de ses Antiquités celtiques et antédiluviennes, qui sera suivi d’un
troisième volume en 1864.
A cette époque et alors que dans le sillage de Darwin la science des
origines de l’Homme a fait un bond en avant considérable, Boucher de
Perthes et sa thèse sont enfin reconnues. La préhistoire a désormais
dans le monde des sciences une existence légale. Il reçoit ainsi la
Légion d’Honneur en août 1863. Cependant, la même année, le savant
abbevillois déclenche une nouvelle polémique au sujet d'une mâchoire
découverte sur le site du Moulin-Quignon : est-elle d’origine
humaine ou animale ? Plutôt animale, puisqu'il s'agit d'une
supercherie à l'origine de laquelle on trouve les ouvriers du chantier.
Cette fois-ci la controverse oppose les scientifiques des deux cotés de
la Manche. Boucher de Perthes s’occupe ensuite à classer ses
collections. Le savant travaille aussi à l’organisation du Musée des
antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye qui doit être inauguré
lors de l'exposition universelle de 1867. Avec le titre de Sous dix
rois, il publie l’année suivante ses mémoires, les souvenirs de l’homme
de sciences, du fonctionnaire et du voyageur.
Peu de temps après, le 2 août 1868, Jacques Boucher de Crèvecœur de
Perthes décède à Abbeville.
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