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Eugène Louis Napoléon BONAPARTE,
Prince impérial

(Paris, 16 mars 1856 -
Mont Itelezi, Afrique du Sud, 1er juin 1879)




Français.

militaire et homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1869, fêté par la Corse, à l'occasion du centenaire de la naissance de Napoléon 1er.
1870, s'embarque à Ostende pour l'Angleterre.
1871, inscrit au King's College de Londres.
1873, premier prince de la famille impériale.

 

 






Cinq années après le coup d’Etat du 2 décembre, le Second Empire est maintenant bien ancré dans les habitudes de vie des Français. Les notabilités au pouvoir à Paris et en Province assurent la promotion du régime, les hauts dignitaires de l'Église au même titre que les hauts fonctionnaires. C'est alors que Napoléon Eugène Louis Jean Joseph, fils unique de l'Empereur Napoléon III et de l'Impératrice Eugénie, naît le 16 mars 1856 à Paris. L’événement, qui est accueillie dans l’allégresse générale par les Français, assure à l’Empereur une descendance et donc un successeur légitime à sa couronne. Le pape Pie IX accepte d'être le parrain de l’enfant. La reine de Suède, Joséphine, fille d'Eugène de Beauharnais, sera la marraine. Le 14 juin suivant, en l’église de Notre-Dame et en présence de tous les corps constitués, comme l’exige le protocole, a lieu la cérémonie, que célèbre le cardinal Patrizzi, légat du pape.

Le Prince impérial est confié aux bons soins d’une nourrice et d’une nurse anglaise, miss Jane Shaw. Celles-ci sont placées sous l’autorité de la gouvernante des Enfants de France, qui n’est autre que la veuve de l'amiral Bruat, décédé en Crimée, quelques mois auparavant. Un pédiatre, le Dr Barthez, est lui chargé de surveiller la santé de l'enfant. Au palais et dans les résidences impériales, ce dernier a pour compagnons de jeux les enfants des familiers des souverains ses parents, le fils d’un ancien ami de l'Empereur, le Dr Henri Conneau notamment. Loulou, c'est son surnom, s’il est trop gâté par l’Empereur, se voit imposer des règles d'éducation strictes par son épouse. Francis Monnier, jeune professeur au collège Rollin, devient son précepteur. Il va cependant appliquer à l’éducation de son jeune élève une méthode pédagogique contestée.



Très jeune, le Prince impérial est associé aux manifestations du règne, à la « Fête impériale ». L’enfant est aimé des Parisiens et sert ainsi les desseins du régime. Il accompagne l'Impératrice, devenue régente, à un Te Deum célébré à Notre-Dame de Paris, en 1860, en l’honneur des victoires de la campagne d’Italie. Plus tard, le 14 août, c’est assis sur la selle de Napoléon III, qu'il participe au défilé des troupes militaires, place Vendôme. A 10 ans, il effectue son premier voyage officiel, au mois de juillet 1866. L’enfant accompagne l'Impératrice Eugénie en Lorraine. A
Bar-le-Duc, Nancy et Lunéville, est fêté le centenaire du rattachement de la province à la France. Immobilisé au château de Saint-Cloud à la suite d’une opération à la hanche, il ne participera pas dans les semaines qu suivent à l'Exposition universelle, qui se déroule non loin de là à Paris. Nommé président d'honneur, le Prince impérial remet tout de même, le 1er juillet, les récompenses aux lauréats.

L’année suivante, l'échec de la méthode Monnier devenant patent, il est confié à un gouverneur, le général Frossard, qu’assiste un jeune universitaire, Augustin Filon. L’enseignement de ce dernier s’avérera bénéfique au prince. La même année, le 7 mai, il fait sa première communion dans la chapelle des Tuileries. La cérémonie est dirigé par l'archevêque, Monseigneur Darboy. Fêté en public et adulé par son entourage, le fils de Napoléon III va faire l’expérience de l’opposition au régime du Second Empire au cours de l’été 1868. Victor Duruy, le ministre de l'Instruction publique, l’invite en effet à la remise des prix du Concours général, en Sorbonne. Parmi les lauréats cependant, on trouve le fils du général Eugène Cavaignac, devenu un adversaire de l’Empire après son échec aux élections présidentielles de 1848. A l'appel de son nom, ce dernier demeure à sa place, provoquant la gène des officiels présents, du Prince lui-même, tandis que dans l’amphithéâtre se font entendre quelques applaudissements. Le 16 mars 1869, en compagnie de l'Impératrice Eugénie, il est cependant fêté par la Corse, à l'occasion du centenaire de la naissance du fondateur de la dynastie impériale.



Alors que la France déclare la guerre à la Prusse, le 19 juillet 1870, le Prince impérial, qui à 14 ans est déjà officier, est aux cotés de l'Empereur qui prend le commandant des armées. Ayant quitté le château de Saint-Cloud, le 28 juillet, il assiste quelques jours plus tard aux premiers affrontements devant Sarrebruck. Après ce baptême du feu, qui la réjouit, il est auprès de son père jusqu’au 27 août. A Tourteron en effet, devant la défaite qui se profile à l’horizon, le prince impérial est contraint de s’éloigner de Napoléon III. Par Landrecies puis Maubeuge, le prince impérial est conduit en Belgique. Ayant quitté son uniforme, il s'embarque à Ostende pour l'Angleterre, aborde à Douvres le 6 septembre au matin. A Hastings, l'Impératrice, qui elle aussi a fuit le territoire français après la proclamation de la République, le rejoint. Quelques semaines plus tard ils s'installent à Chislehurst,
dans le Kent. Enfin, après six mois d'internement à Cassel, le 20 mars 1871, l'Empereur Napoléon III est auprès de sa famille, qui loge au manoir de Camden Place.

En 1872, le prince est inscrit au King's College de Londres, où il prépare le concours d'entrée à l'académie militaire de Wollwich.
Le 9 janvier 1873, Louis-Napoléon Bonaparte décède, dans sa résidence de Camden Place, à Chislehurst, dans le Kent. Les funérailles, qui ont lieu le 15janvier suivant, rassemblent une foule imposante - dont 4.000 Français ayant traversé la Manche pour rendre un dernier hommage à l'ex-Empereur. Le prince Napoléon, neveu du défunt et désormais premier prince de la famille impériale, manifeste alors son désir de se voir confier la tutelle de l’adolescent jusqu'à sa majorité. Sa mère Eugénie s’y oppose cependant. L'année suivante, alors que le prince impérial a dix-huit 18 ans depuis le 16 mars 1874, le parti de l'Appel au Peuple, qui rassemble les sympathisant bonapartistes, qui ne cesse de croître, organise à Camden Place une grande fête en son honneur. Au mois de mai suivant, le tsar Alexandre II, qui visite l’école de Woolwich, le salue en public. Entré au 27ème rang à Wollwich, le prince impérial quitte la prestigieuse institution. Septième sur un total de trente-quatre promus, il est nommé grade de lieutenant, le 19 février 1875.



En France, la jeune Troisième République doit faire face à ses opposants. Le parti bonapartiste est cependant divisé. Ainsi, aux élections législatives de 1876, le prince Napoléon décide de se présenter en Corse contre Eugène Rouher, le candidat du prétendant. Suite aux élections générales d'octobre, si une majorité républicaine entre à l'Assemblée nationale, une centaine de députés de l'Appel au Peuple peut  néanmoins servir d'appoint à une coalition d'opposition avec les royalistes. Si son parti joue un rôle important à l’Assemblée, le Prince lui éprouve le besoin de se faire connaître du plus grand nombre de Français. En Angleterre, le jeune homme fréquente la haute société. La reine Victoria l'accueille à la Cour. Mais il ne s’accommode guère de cette existence oisive.

Au mois de mars 1878, alors que l'Autriche s'est engagé dans un nouveau conflit dans les Balkans, en Bosnie-Herzégovine, le prince impérial offre ses services à l'Empereur François-Joseph, qui décline cependant la proposition. Sur l'invitation du roi de Suède, Oscar II, il part peu après à destination des pays scandinaves. En compagnie du comte Joachim Murat, le président du parti de l'Appel au Peuple à l'Assemblée, Louis est d'abord au Danemark. Reçu à Copenhague par le roi Christian IX, avec les honneurs souverains, il voyage ensuite dans la Norvège voisine, dans la région du Thelemark en compagnie du prince héritier Gustave.

En Angleterre cependant, l’année suivante, l’opinion est bouleversée par la nouvelle du désastre d'Isandhlwana, survenu en Afrique du Sud, au bord de la rivière Tugela, le 2 janvier 1879. Là, les tribus Zoulous ont attaqué et tué plus huit cents soldats de l’armée britannique. Dès le 17 février, le Prince impérial, comme de nombreux autres jeunes anglais, fait part au duc de Cambridge de sa volonté de se joindre au contingent qui doit s’embarquer pour l’Afrique australe. Suite au refus ministre de la Guerre, il demande à sa mère d'intervenir auprès de la reine Victoria, qui cède avec réticence. Le 24 février suivant, à Durban, le jeune homme est auprès de la division commandée par le général Chelmsford. Cependant, c’est en la qualité que le Prince impérial est autorisé à s’embarquer à Southampton. A bord du Danube, il parvient au Le Cap, après une courte escale à Madère, le 26 mars 1879. 

A Pietermaritzburg, le général Chelmsford décide d’affecter le Prince impérial à son état-major. Suivant les royales consignes, il s’agit pour l’officier de mieux protéger le prétendant bonapartiste. A présent au coeur du pays zoulou,
celui-ci part le 1er juin 1879 avec quelques hommes en mission de reconnaissance au pied du mont Itelezi. Ayant fait une halte, le détachement est attaqué. Alors que les soldats anglais parviennent à s'enfuir, le Prince impérial chute de cheval et meurt peu après, percé de dix-sept coups de sagaie. Son corps est retrouvé le lendemain. Embaumé, il est de retour en Angleterre le 11 juillet, puis transporté depuis Woolwich à Camden Place sur un affût de canon. Le lendemain, les obsèques militaires du Prince impérial sont célébrées en présence de la reine Victoria. Enfin, quelques années plus tard, en 1888, l'Impératrice Eugénie fera transférer à Farnborough, dans le Hampshire, les tombeaux de son mari et de son fils.