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Léon BLUM
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Léon BLUM
(Paris, 9 avril 1872 -
Versailles, 30 mars 1950)
Français.
Homme
politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1889,
entrée à
l'Ecole normale supérieure..
1894, Nouveaux Entretiens avec Eckermann.
1895, reçu au concours de recrutement du
Conseil d’Etat.
1898, au sein du parti dreyfusard.
1899, fonde la « Société nouvelle de
librairie et d'édition ».
1904, paraît le premier numéro de
L’Humanité.
1914, chef de cabinet de Marcel Sembat,
ministre des Travaux publics dans le cabinet Viviani.
1918, Lettres sur la réforme
gouvernementale.
1920, au Congrès de Tours.
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Léon Blum naît le 9 avril 1872 à Paris. Il est le deuxième fils de
Marie-Adelaide-Alice Picart et d’Auguste Blum. Ce dernier est un
Alsacien, originaire du bourg de Westhoffen, près de Strasbourg. Il est
monté à Paris quelques années auparavant et a rencontré sa future épouse
avec laquelle il se marie en 1869. La famille de cette dernière tient à
cette époque une librairie, place Dauphine, spécialisée dans la vente
d’ouvrages de droit. Les deux jeunes gens s’installent tout d’abord
au 243, rue Saint-Denis, puis 57, rue Réaumur et enfin au 243, rue du 4
Septembre. Auguste Blum tient à cette adresse une maison « de
rubans et velours, soieries, tulles et crêpes, fantaisies pour modes ».
L’affaire est un succès commercial qui permet aux Blum de vivre dans le
confort, puis dans l’aisance. Lucien, l’aîné, puis Marcel et
Georges, deux des trois plus jeunes frères de Léon se joindront
d’ailleurs à l’entreprise familiale.
Léon
Blum est élevé au sein de ce milieu de culture judaïque. S’ils ne
suivent pas à la lettre l’ensemble des rites de la religion, les Blum
sont néanmoins pratiquants. Leurs fils font ainsi leur bar-mitsva
(confirmation). Français de confession juive, ils vivent tout comme les
habitants de leurs quartiers dans le culte de la République, celle qui
dans sa générosité leur a ouvert les portes de l’assimilation.
Celle-ci passe notamment par la scolarisation. Léon Blum et son frère
Lucien sont confiés en 1876 à la pension Roux, située rue d’Aboukir,
puis à la pension Pignerol l’année suivante, avant d’entrer chez
« M. Kahn », rue des Francs-Bourgeois. Au mois d’octobre
1882, Léon entre au lycée Charlemagne. Brillant élève, il collectionne
les prix de lettres classiques et d'histoire. A la rentrée 1888 ensuite,
le lycéen est admis à Henri IV pour y faire sa classe de philosophie.
Blum fait ainsi la connaissance de René Berthelot, le fils de l’homme
de sciences, et d’André Gide. Second prix du Concours général de
philosophie au mois de juillet 1889, il se consacre ensuite à la préparation
du concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure. C’est bientôt
chose faite.
L’excellent élève accède ainsi à l’excellence de l’enseignement
républicain. Blum se crée rapidement de nouvelles amitiés parmi ses
camarades. Celle de René Berthelot lui est précieuse. Il se lie également
avec le bibliothécaire de l’école, Lucien Herr, de huit ans son aîné.
Pourtant l’élève ne se plaît pas au sein des lieux, si prestigieux
qu’ils soient. Au mois d’octobre 1891, il échoue pour la deuxième fois
à la licence de lettres et le directeur, l’archéologue Georges Perrot,
à l’époque, lui signifie bientôt son congé. Blum s’inscrit alors
à la faculté de droit, en même temps qu’il essaie d’entrer en littérature.
Gide lui présente Pierre Louys, avec lequel il fonde la même année la
revue La Conque. Aux cotés de
Marcel Proust et de Paul Valery, le jeune poète fréquente le salon de
José Maria de Heredia, tout comme les soirées étudiantes du quartier
Latin. Il propose également ses articles à Alfred Natanson, directeur de
la Revue Blanche, et entre ainsi
dans l’entourage d’Anatole France et de Maurice Barrès. Entre 1894 et
1896, il fait d’ailleurs paraître dans ses colonnes ses premiers écrits
remarqués, une séries d’essais, les Nouveaux Entretiens avec
Eckermann. Léon Blum, par la voix de Goethe, s’exerce ainsi à
un commentaire critique de la vie des lettres, des productions récentes.
L’ensemble est publié en volume, toujours sans nom d’auteur.
Reçu licencié en droit au mois de juin, Blum est attiré par le barreau,
où il pourrait s’illustrer grâce à son éloquence. Cependant, le 14 décembre
1895, il est reçu second au concours de recrutement du Conseil d’Etat,
préparé avec acharnement pendant de longs mois. Quelques semaines plus
tard, le juriste est nommé auditeur de deuxième classe, avec des
appointements de 2.000 Francs par mois, de quoi lui assurer un train de
vie confortable. Au mois de février 1896, Léon Blum se marie avec Lise
Bloch, une jeune femme de son entourage, cousine d’amis proches de la
famille. Le jeune couple s’installe au 36 rue du Luxembourg (actuel rue
Guynemer). C’est alors qu’éclate l’Affaire.
En
1935, alors qu’il est à présent le leader incontesté du parti
socialiste, Léon Blum racontera ces années d’engagement dans la cause
dreyfusarde dans ses Souvenirs sur
l’Affaire. Tout commence pour le jeune juriste au mois de septembre
1897, « Lucien Herr me dit un jour à brûle-pourpoint :
Savez-vous que Dreyfus est innocent ? ». Pour celui qui fait
jusqu’alors et comme beaucoup de Français profession de scepticisme,
cette phrase provoque un véritable choc. Comme l’ensemble de la
communauté juive, Léon Blum accueille avec prudence les nouvelles issues
de la campagne de révision. Mais l’évidence se profile à l’horizon.
Après la publication de la brochure de Bernard Lazare – qui avait prouvé
que l’écriture du bordereau, seule pièce accusant le capitaine
Dreyfus, était en fait rédigé de la main du commandant Esterhazy –
s’ajoute bientôt la conviction du colonel Picquart, évincé par ses
supérieurs de son poste au service de Renseignements et celle d’Auguste
Scheurer-Kestner, le très respecté vice-président du Sénat. Blum
s’initie alors aux arcanes de la politique et de ses clivages.
Après l’acquittement d’Esterhazy, jugé par un Conseil de guerre,
c’est au tour d’Emile Zola d’être sur le banc des accusés, peu après
la publication de son J’Accuse
dans les colonnes de L’Aurore.
Au mois de mars 1898, peu après la condamnation de l’écrivain, Léon
Blum, qui a assisté aux séances, se charge du compte-rendu du procès
pour La Revue blanche.
L’auditeur au Conseil d’Etat, le fonctionnaire, prend alors parti
publiquement dans cet article daté du 15 mars, signé « un juriste »
et intitulé « le Procès ». Au sein du parti dreyfusard, il
lutte pour la révision et bientôt, après le procès de Rennes, pour la
défense de la République face aux Camelots du roi et autres ligueurs qui
occupent la rue. Léon Blum se lie d’amitié avec Jean Jaurès,
qui le 10 août suivant, commence la publication des Preuves
dans La Petite République afin
de répondre au discours du président du Conseil Cavaignac à la Chambre.
« La vérité est en marche » et il adhère maintenant au
socialisme.
Avec
d’autres de ses amis – Lucien Herr évidemment, mais aussi François
Simiand ou Charles Andler - , il fonde en 1899 la « Société
nouvelle de librairie et d"édition ». En accord avec Charles Péguy,
celle-ci se propose de soutenir financièrement la librairie Bellais,
installée rue de la Sorbonne, et qui diffusait de nombreux opuscules et
autres textes militants. Outre une revue intitulée Notes
critiques, est alors fondée la « Bibliothèque socialiste »,
une collection de brochures. Après Alexandre Millerand et Anatole France,
Léon Blum signe en1901 les fascicules 6 et 7 qui traitent des « congrès
ouvriers et socialistes français ». Pendant deux années, il anime
également l’Université populaire socialiste qui anime des conférences
dans un local de la rue Mouffetard. Adhérant au groupe dit de « L’Unité
socialiste » qui milite pour l’unification du mouvement, divisé
au tournant du siècle en de nombreux courants, Blum participe dans la
salle du gymnase Jappy, boulevard Voltaire à Paris, au congrès
socialiste. L’événement n’a pas lieu cependant, en raison de graves
querelles de personnes, celle qui repose sur l’affrontement entre Jean
Jaurès et Jules Guesde, les deux principaux leader, mais également à
cause du cas Millerand, qui venait d’accepter un portefeuille au sein du
gouvernement Waldeck-Rousseau de " Défense républicaine ".
Investi le 26 juin 1899, ce dernier, qui devient ainsi le premier ministre
socialiste de la Troisième République, pose alors la question de la
participation des socialistes au pouvoir.
Sur l’initiative de Jean Jaurès, paraît le premier numéro de L’Humanité, le 18 avril 1904. Blum rédige deux articles par mois
pour le quotidien. L’année suivante, du 23 au 25 avril, l’événement
tant attendu a enfin lieu. A la salle du Globe, à Paris, les différents
mouvement socialistes sont de nouveau réunis en congrès et s’unissent
au sein de la S.F.I.O. (Section française de l’Internationale ouvrière).
L’œuvre est achevée et pourtant Léon Blum s’éloigne de la vie
politique. En 1906, il refuse ainsi la proposition qui lui est faite d’être
candidat aux élections législatives. Dans les années qui suivent en
effet, Blum se consacre essentiellement à son activité de critique
dramatique. Ses chroniques vont alimenter les pages du Gil
Blas, de Coemedia, de L’Excelsior
ou du Matin. Avec son épouse,
ils vont résider au 126, boulevard Montparnasse, se consacrant à l’éducation
de leur fils unique. Ce n’est qu’à l’âge de onze ans que ce
dernier entrera à l’école. Au mois de mai 1907, ce père de famille
modèle publie un essai intitulé Du
Mariage, qu’en d’autres temps on aurait pu qualifier de féministe.
La même année, il devient maître des requêtes au Conseil d’Etat et
enfin commissaire du gouvernement en 1910. Une carrière des plus
classique pour ce haut fonctionnaire. Au mois de juillet 1914, parait une
étude sur l’auteur de La
Chartreuse de Parme, Stendhal et
le beylisme. Mais l’actualité rappelle bientôt ce grand notable de
l’intelligentsia socialiste à l’action militante.
Alors
que l’affaire Caillaux passionnent les Français en ce bel été 1914, les
événements se précipitent en Europe centrale. Le 23 juillet,
l’Autriche de François-Joseph répond à l’assassinat de l’Archiduc
François Ferdinand à Sarajevo, le 28 juin 1914, par un ultimatum à la
Serbie voisine. Son ami Jaurès tente alors d’infléchir la politique
gouvernementale dans un sens favorable à la paix. Il multiplie les
interventions et les articles, appelant à la grève générale et internationale contre la guerre, le 14 juillet. Croyant toujours à la
solidité de l’internationalisme ouvrier malgré les signes de fracture,
il participe à la réunion de Bruxelles des 29 et 30 juillet à l’issue
de laquelle le Bureau Socialiste International demande à tous les partis
socialistes européens d'organiser des manifestations pacifistes. A son
retour en France, Jean Jaurès est assassiné à Paris par Raoul Villain,
un nationaliste exalté, au café du Croissant, le 31 juillet 1914, à 21
h 40. Dès lors, la gauche se rallie à l’idée générale et participe
à l’Union sacrée. La S.F.I.O. se voit proposée de participer au
gouvernement : Jules Guesde sera ministre d’Etat et Marcel Sembat
ministre des Travaux publics dans le cabinet Viviani. Ce dernier demande
à Léon Blum – qui a l’âge de quarante-deux ans n’est plus
mobilisable – d’être son chef de cabinet. Leur collaboration durera
vingt-sept mois pendant lesquels le haut fonctionnaire s’emploiera à la
reconversion des usines civiles à des fins militaires. Ceci lui permet
notamment de rencontrer le grand patronat français, comme de publier des Lettres
sur la réforme gouvernementale en 1918, où il en appelle à un
renforcement des prérogatives du président du Conseil.
Au
moment où l’Union sacrée est battu en brèche, l’heure est à la
reconstruction du mouvement socialiste, privé de son chef naturel. Léon
Blum songe à réconcilier pacifiste et nationaliste. A l’issue du congrès
d’octobre 1918, il est nommé président d’une commission chargée
d’élaborer un nouveau programme politique. Il défend celui-ci l’année
suivante, le 21 avril 1919 lors d’un congrès extraordinaire de la
S.F.I.O., ainsi que dans une nouvelle brochure qui paraît peu après, Pour
être socialiste. Celui qui apparaît à présent comme un des leaders
incontesté de la gauche est élu député à Paris. Son parti est en
recul cependant face à la vague bleu horizon qui déferle sur le Palais
Bourbon. Suivant les injonctions de Blum, la S.F.I.O. s’est en effet
refusé à toutes formes d’alliance avec le Parti radical. Une indépendance
chèrement payée. Se pose également pour les Socialistes français la
question de l’adhésion à la IIIème Internationale fondée en Russie
soviétique au mois de mars 1919. Au cours de l’été suivant, Blum dans
L’Humanité plaide pour la conciliation et l’apaisement, car le
parti est agité par de violents débats : pour ou contre. Dans la France
de l’après-guerre, alors qu’est programmée une réunion de
l’ensemble des cadres
de la S.F.I.O., le gouvernement d’Alexandre Millerand fait face à
l’agitation sociale. Elu à la présidence de la République, il décide
de l’envoie d’un corps expéditionnaire contre l’Armée rouge. Le 25
décembre 1920, dans la salle du Manège de Tours, 285 délégués représentants
59 fédérations sur 95 se rassemblent dans la matinée. Face notamment à
Marcel Cachin, de retour de Moscou, Léon Blum à la tribune s’oppose à
la volonté générale : la S.F.I.O. est un parti populaire et le modèle
imposé par les Bolcheviks rompt avec cette tradition. Au delà de la
centralisation des pouvoirs de décision, c’est aussi une totale inféodation
à
la IIIème Internationale qu’impose Lénine dans ses « 21
conditions ». Il achève enfin son discours par ces mots : « Nous
restons au parti tel qu’il était, nous n’acceptons pas le parti
qu’on veut nous faire ». La scission est consommée. A Tours, naît
le Parti communiste français.
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