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Louis BLANC
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Louis BLANC
(Madrid, 29 octobre 1811 -
Cannes, 6 décembre 1882)
Français.
Homme
politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1839,
fonde La Revue du Progrès.
L'Organisation du travail
1841, Histoire de dix ans, 1830-1840, Histoire de
la Révolution française.
1848, au Gouvernement provisoire.
nommé à la direction de la Commission du gouvernement
pour les travailleurs.
à l’origine de la proclamation du droit au travail.
élu député de la Seine.
en exil à Bruxelles.
1870,
Histoire de la révolution
de 1848.
revient à Paris.
1871, élu premier représentant de la Seine aux
élections législatives.
condamne la Commune de
Paris.
1873, Questions d’aujourd’hui et de demain.
1879, soutient à la Chambre les projets d'amnistie des
communards.
1882, la Troisième République lui offrent des obsèques
nationales.
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Jean-Joseph-Charles-Louis Blanc naît à Madrid le 29 octobre 1811. Son
père est alors inspecteur général des Finances du roi Joseph Bonaparte,
frère de l’Empereur des Français. Il connaît une enfance difficile, ses
parents ayant de graves difficultés financières après la chute de
l’Empire. En 1830, les Trois
Glorieuses et la chute de Charles X
achèvent de ruiner la famille Blanc qui s’est installée à Paris.
Contraint de gagner sa vie, un ami de son père donne à Louis Blanc des
cours de droit ce qui lui permet de devenir répétiteur auprès des étudiants
de la Faculté. Il est ensuite précepteur pendant deux ans dans la ville
d’Arras. Louis Blanc collabore alors au Progrès du Pas-de-Calais,
un journal d’inspiration libérale.
Revenu à Paris en 1834, il fréquente maintenant les milieux républicains.
Louis Blanc entre au National et au Bon Sens dont il est le
rédacteur en chef à partir de 1837. Le journaliste commence d’ailleurs
à se faire un nom au sein des milieux intellectuels de la capitale. Deux
années plus tard, il fonde La Revue du Progrès qui fait campagne
pour l'extension du suffrage universel, entre 1839 et 1842. En 1843, Louis
Blanc entre au comité de rédaction du journal La Réforme, réputé
pour son opposition au pouvoir en place.
A cette époque, son travail de réflexion et d’écriture s’étoffe
avec la publication de travaux historiques. En 1841, paraît son grand œuvre,
qui s’intitule Histoire de dix ans, 1830-1840, Histoire de la
Révolution française, dans lequel il prend la défense de l’action
de Robespierre et fait l’éloge de l’œuvre de la Convention. Ce
pamphlet dirigé contre la Monarchie de Juillet et le roi Louis-Philippe
Ier remporte un grand succès auprès du public.
Le militant républicain précise également sa pensée sociale avec L'Organisation
du travail, une brochure publiée en 1839 dans la Revue du progrès
et qui connaîtra dix éditions entre 1841 et 1848. Selon Louis Blanc,
trois principes dominent l'histoire des sociétés : l'autorité, vaincue
en 1789 ; l'individualisme qui lui a succédé et la fraternité.
Cette dernière doit guider l’évolution de l'économie afin de faire
disparaître la concurrence sauvage, apparue avec l’industrialisation et
inhérente au capitaliste. Pour ce faire, le travail doit s’organiser
dans le cadre des associations ouvrières de production, que Louis Blanc
nomme " ateliers sociaux ". L'État fournirait le
capital initial, nécessaire à leur création, et jouerait ainsi un rôle
de régulateur du marché. Celui-ci n’est pas appelé à disparaître
mais il serait de cette manière assaini.
Quant à l’encadrement de l’atelier social, il se décide lors d’élections
auxquelles prend part l’ensemble des employés de l’association. Le
salaire est égal pour tous et les bénéfices, issus de la vente de la
production, divisés en trois parts. La première s’ajoute aux salaires
et s’inscrit comme une motivation supplémentaire pour les travailleurs.
La deuxième se destine à l’aide aux vieillards et aux infirmes ou au
soutien à d’autres activités en difficulté. Enfin la troisième est réinvestie.
Ces conceptions étatistes
lui valent l'hostilité de Pierre-Joseph Proudhon
avec qui il est en complète opposition. Celui-ci milite en effet pour le
mutuellisme et la libre l’association. Si les deux penseurs
s’attachent à la cause du peuple, l’un représente le socialisme démocratique
et l’autre le socialisme gouvernemental. Selon Louis Blanc en effet, les
ateliers sociaux doivent " permettre l’amélioration morale et
intellectuelle du sort de tous par le libre concours de tous et leur
fraternelle association ", mais leur création relève des prérogatives
de l’État. S’exprimant dans un langage clair et élégant, il
parvient à rendre ses idées accessibles à un large public d'ouvriers et
d'artisans parmi lesquels ses théories deviennent populaires.
Après la Campagne des banquets à laquelle il participe
activement, les Journées de février
1848 portent Louis Blanc au Gouvernement provisoire. Celui-ci proclame la
République. Il forme alors avec l'ouvrier Albert l'aile gauche du nouveau
régime. Louis Blanc réclame la création d'un ministère du Travail. En
vain. Nommé à la direction de la Commission du gouvernement pour les
travailleurs, dite " Commission du Luxembourg ", le 28
février, il montre alors son ambition de faire de la nouvelle institution
un Parlement du travail, à l’écoute de la rue. Cependant, Louis
Blanc ne peut réaliser ses projets. Il est néanmoins à l’origine de
la proclamation du droit au travail, le 25 février 1848, en faisant paraître
une brochure revendiquant cette nouvelle notion. Louis Blanc contribue également
à la formation des premiers ateliers sociaux, les Ateliers
nationaux, mais son idée est rapidement dénaturée par le
Gouvernement provisoire. En effet, ceux-ci ne sont que des sociétés de
travaux publics destinées à éloigner de Paris la masse des chômeurs,
qui se sont groupés dans la capitale avec la crise économique qui sévit
depuis 1847, des ateliers de charité en somme.
Lors des élections à l'Assemblée constituante, la gauche et les
socialistes subissent un grave échec. Par crainte du péril rouge, le
vote des campagnes s’est dirigé vers les conservateurs et le monde
ouvrier, minoritaire sous la Seconde République, n’a pu tiré partie de
l’instauration du suffrage universel. Louis Blanc est élu député
de la Seine le 23 avril, au vingt-septième rang des trente-quatre sièges
disputés par les candidats. Cependant, l'Assemblée, composée d'une
majorité de républicains modérés, l'écarte le 10 mai suivant de toute
fonction exécutive, en ne le désignant pas à la Commission du pouvoir
exécutif. Le 15
mai suivant, Louis Blanc désapprouve publiquement l'invasion de l'Assemblée
par les manifestants menés par Auguste Blanqui.
Selon lui en effet, la révolution qui amène le changement est
d’essence pacifique et ne doit pas porter atteinte à la fraternité
entre les classes sociales. Mis tout de même en accusation par le parti
de l'Ordre après un vote à la Chambre des députés le 26 août 1848, il
devance l’action de la justice et se réfugie à Bruxelles. A Paris,
pendant les Journées de juin, le
pouvoir réprime avec fermeté les émeutes ouvrières qui embrasent les
rues de la capitale, suites à la fermeture des Ateliers nationaux.
Alors qu’en France Louis-Napoléon Bonaparte
rétablie l’Empire, Louis Blanc demeure en Angleterre. Dans la capitale
londonienne, il se consacre à ses travaux historiques et achève ainsi
une Histoire de la révolution de 1848. Forte de douze volumes qui
paraissent en 1870, celle-ci est une défense de son attitude durant la révolution.
De 1865 à 1867, le journal Le Temps publie également ses lettres
sur l’Angleterre.
Après le 4 septembre 1870 et la proclamation de la
République, Louis Blanc revient à Paris. Il prône alors l'union
et la guerre à outrance contre les Prussiens, en soutenant le
Gouvernement de Défense nationale. Le 8 février 1871, il est élu
premier représentant de la Seine aux élections législatives. Pendant
les semaines qui suivent, le député républicain se tient à l’écart
des entreprises révolutionnaires. Le " héros de 1848 "
condamne la Commune de Paris. Au mois d’avril suivant, il déclare ainsi
à l'Assemblée qui siège à Versailles que celle-ci " a violé
la légalité ". Réélu en 1876, il se place à l’extrême-gauche.
Cependant Louis Blanc n’a maintenant que peu d’influence sur les débats
parlementaires. Ses interventions paraissent néanmoins à partir de 1873
sous le titre de Questions d’aujourd’hui et de demain.
Jusqu’en 1884, cinq volumes seront ainsi imprimés.
En 1879, aux côtés du sénateur Victor Hugo,
Louis Blanc soutient à la Chambre les projets d'amnistie des communards,
celle-ci intervenant avec la loi du 11 juillet 1880. Il décède à Cannes
le 6 décembre 1882. Quelques jours plus tard, la Troisième République
lui offrent des obsèques nationales qui ont lieu à Paris.
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