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Eugène BELGRAND
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Eugène BELGRAND
(Evry-le-Chatel,
1810 - Paris,
8 avril 1878)
Français.
Ingénieur.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1831,
entre à l'Ecole des ponts et chaussées.
1845,
Etudes hydrologiques dans la partie supérieure du bassin de
la Seine.
1856,
nommé directeur du Service des eaux de la Ville de Paris.
1862,
dirige les travaux de l'aqueduc de la Dhuys.
1867,
dirige les travaux de l'aqueduc de la Vanne.
reçoit le titre de Directeur des eaux et égouts de Paris.
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Marie
François Eugène Belgrand naît à Evry-le-Chatel, dans le département
de l’Aube, en 1810. A l’âge de dix-neuf ans, il entre à l'Ecole
polytechnique et, comme nombre de ses camarades, participe aux journées
insurrectionnelles des 27,
28 et 29 juillet
1830, les Trois
Glorieuses, qui voient la venue sur le trône de Louis-Philippe, duc d'Orléans.
En 1831,
Belgrand entre à l'Ecole des ponts et chaussées et en sort avec le titre
d’ingénieur. Il
est peu après affecté dans les départements du Puy de dôme, puis de la
Côte D’Or.
Là,
l’ingénieur observe la crue d’une petite rivière, qui détruit les
travaux de construction d'un pont. La géologie, et de ce fait
l'hydrologie, ne font pas partie du domaine de l’apprentissage de
l’ingénieur, pourtant, suite à cet incident, Eugène Belgrand se lance
dans l’étude des relations entre la
constitution géologique du sol et le régime des eaux. Nommé à
Avallon, dans l’Yonne, en 1845, il transmet à François Arago,
alors secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, ses Etudes
hydrologiques dans la partie supérieure du bassin de la Seine. Ces
travaux pionniers lui permettent d’établir sa réputation de savant.
Poursuivant
ses recherches, l’ingénieur publie en 1849 la description complète de
la distribution d'eau d'Avallon. Deux années plus tard, il fait paraître
la carte géologique de l'arrondissement d'Avallon. Ces travaux inaugurent
une série d'études hydrologiques qui l’occupera trois décennies
durant. C’est alors qu’Eugène
Belgrand fait la connaissance de Georges
Eugène Haussmann,
qui est depuis 1850 le préfet de l'Yonne. Ce dernier, devenu préfet de
la Seine, le nomme
ingénieur en chef des Ponts et Chaussées en charge du service de la
Navigation de la Seine entre Rouen et Paris.
Au sein de l’administration de la ville de Paris, l’ingénieur est également
chargé d'étudier les possibilités de développement de
l'approvisionnement en eau de la capitale.
Quelques
projets
d'amélioration
du service des eaux à Paris
existent déjà, qui prévoient
de prélever de l'eau directement dans la Seine. Haussmann
s'oppose
personnellement à cette idée. Si le contrôle de la Ville de Paris sur
la quantité et la qualité des eaux distribuées à ses habitants lui
paraît indispensable, le préfet
de la Seine
est également convaincu que seules les eaux de source, même lointaines,
sont capables d'approvisionner Paris en eau potable. Le 1er janvier 1856,
Eugène Belgrand est nommé directeur du Service des eaux de la Ville de
Paris. Et les études de l’ingénieur concluent à la possibilité
d'amener les eaux depuis les sources de la Somme et de la Soude, un projet
finalement abandonné en 1859.
Cependant,
les besoins en eaux des Parisiens se sont accrus, suite à l’extension
territoriale de Paris ainsi qu’à la croissance importante de sa
population dans la première décennie du Second Empire. Aussi, le 20
avril 1860, le préfet Haussmann présente un troisième Mémoire sur
les Eaux de Paris, un rapport dans lequel il forme cette fois-ci le
projet de dériver les eaux de la Dhuys et du Surmelin, des rivières situées
à l’Est de la capitale. Le 4 mars 1862, est publié le Décret de déclaration
d'utilité publique de ce projet, les travaux de construction de l'aqueduc
prévu par Eugène Belgrand et son adjoint Adolphe Vallée s’échelonnant
du mois de mars 1862 au mois d’août 1865. L'aqueduc, qui relie Pargny,
la Dhuys et le réservoir de Ménilmontant, mesure en effet 131 km de
longueur.
Ce chantier à peine terminé, le préfet Haussmann rend public un quatrième
Mémoire sur les eaux de Paris. Il s’agit cette fois-ci de
construire un aqueduc dérivant les eaux de la Vanne, dont les sources -
celles de la Bouillarde d'Armentières, du Bime de Cérilly, de Flacy, de
Chigy, du Maroy, de Saint-Philibert, de Malhortie... - ont été acquises
par la municipalité parisienne depuis 1860. Ces nouveaux travaux de
construction, commencées en 1867, arrêtés pendant la guerre
franco-prussienne de 1870-1871, s’achèvent le 12 août 1874, jour où
l'eau de l'aqueduc de la Vanne arrive au réservoir de Monsouris. Avec les
40.000 mètres cubes d’eau potable venue du Surmelin, c’est 120.000
autres mètres cubes qui sont mis à la disposition de la consommation des
Parisiens. Haussmann affirme alors qu’il " tient à rapporter
le mérite de ces résultats heureux à Monsieur Belgrand ".
En
1867, ce dernier reçoit le titre de Directeur des eaux et égouts de
Paris. Il dirige alors la réalisation du grand réseau d'égouts qui
contribue à l'assainissement de la capitale. En effet, parallèlement aux
travaux réalisés en surface, la création de grandes artères qui
permettent une circulation plus commode à l’intérieur des murs de la
capitale, sont creusées de nouveaux réseaux de canalisation, d’évacuation
des eaux usées. Ainsi, Eugène Belgrand réalise une œuvre d’hygiéniste,
le gigantesque cloaque qui préexistait à ses travaux, parcouru par le
fugitif Jean Valjean dans le roman de Victor Hugo Les Misérables,
aboutissant directement dans la Seine ! Douze années durant, Eugène
Belgrand dirige également le service hydrométrique
du bassin de la Seine, qui permet notamment d'établir désormais un système
d'annonce des crues du fleuve.
Nommé
membre libre de l'Académie des sciences en 1861, il reçoit, en 1871 la
croix de commandeur de la Légion d'honneur, pour avoir continué à
assurer durant le siège de Paris " le mouvement des eaux, des égouts
et des vidanges ". Dans les années qui suivent, l’ingénieur
publie trois grands ouvrages formant le commencement d'une histoire des
travaux souterrains de Paris : une
Etude préliminaire sur le régime des eaux dans le bassin de la Seine
en 1873, Les
Aqueducs romains
en 1875, ainsi que Les
Anciennes Eaux.
Eugène
Belgrand décède à
Paris, le 8 avril 1878.
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