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Frédéric BASTIAT 

(Bayonne, 30 juin 1801 - Rome, 24 décembre 1850)


Français.

Economiste.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1841,
Le fisc et la vigne.
1844, correspond avec l’économiste anglais Richard Cobden.
         participe aux journées des Trois Glorieuses.
         nommé conseiller d’État et préfet de la Seine.
1846, crée à Bordeaux une Association pour la liberté des échanges.
1847, professeur d'économie politique à l'École de Droit de Bordeaux.
1848, député des Landes à l'Assemblée Constituante.
         Sophismes économiques.


 






Frédéric Bastiat est né à Bayonne le 30 juin 1801. Il est l’héritier d’une famille landaise de propriétaires terriens qui se sont lancés à la fin de l’Ancien Régime dans le négoce. Son père est ainsi associé avec son beau-frère dans une maison de commerce. Celle-ci connaît sous l’Empire de grandes difficultés. Avec la mise en place du Blocus continental, les transactions qui s’étendaient de l’Espagne et du Portugal vers la Mer Baltique sont fortement ralenties. La liquidation de l’affaire est d’ailleurs prononcée en 1810.

Après le décès de sa mère, le 27 mai 1808, puis de son père, le 1er juillet 1810, Frédéric Bastiat est placé sous la tutelle de son grand-père et élevé par sa tante. A partir de 1812, l’enfant fréquente, à Bayonne, l'école de l'abbé Meilhan puis il effectue une année scolaire au collège de Saint-Sever l’année suivante. Au mois de décembre 1814 enfin, Frédéric Bastiat fait son entrée en tant que pensionnaire à l'École bénédictine de Sorèze. Il acquiert une solide éducation grâce à l’enseignement dispensé par l’institution, sans pour autant parvenir à obtenir le Baccalauréat.



Sa formation se poursuit néanmoins dans la maison de commerce de son oncle qui l’emploie à partir de 1819. A côté de ses activités au " comptoir ", Frédéric Bastiat aide également son grand-père dans la gestion du domaine de Sengresse, à Souprosse, dans les Landes. Celui-ci est un bien familial depuis que ce dernier a procédé à son rachat à un noble émigré pendant la Révolution. A cette époque, le jeune homme est initié à la Franc-Maçonnerie. Après avoir franchi les différents degrés de la dignité maçonnique, il obtient en 1823 le grade d’orateur. Intéressé aux théories économique par la lecture des œuvres d’Adam Smith et de Jean-Baptiste Say, on le rencontre au mois de septembre 1824 lors d’une manifestation de jeunes libéraux organisée pour accompagner la venue du banquier Jacques Laffitte à Bayonne.

A la mort de son aïeul, le 13 août 1825, il hérite d'une partie du domaine familial. Dans les années qui suivent, Frédéric Bastiat s’attache alors à améliorer les techniques de culture dans l'exploitation agricole. Il tente ainsi de mettre en pratique les théories en vogue qui ont pour objet de supprimer la jachère. Cependant ces innovations ne s’avèrent que peu convaincantes, la trop grande parcellisation du domaine divisé en douze métairies nuisant certainement à l’entreprise. Inquiet du tour conservateur que le roi Charles X imprime à la Restauration, le notable participe les 3, 4 et 5 août aux manifestations qui ont lieu à Bayonne en faveur du nouveau régime. A Paris en effet, les Trois glorieuses ont porté au pouvoir Louis-Philippe d’Orléans, le nouveau souverain étant acquis aux théories libérales.



Le 7 février 1831, Frédéric Bastiat épouse Marie Clotilde Hiart. Il décide la même année de s’engager dans les affaires publiques et est ainsi nommé, le 22 février suivant, juge de paix du canton de Mugron. Après deux échecs aux élections législatives - ses candidatures dans l’arrondissement de Dax en 1831 puis dans celui de Saint-Sever l’année suivante ayant été rejetées par l’électorat - il est enfin élu conseiller général du canton de Mugron le 17 novembre 1833. Frédéric Bastiat s’attache alors à promouvoir le développement économique de sa région. Il fait ainsi publier au mois d’avril 1834 un opuscule intitulé Réflexions sur la pétition de Bordeaux, Le Havre et Lyon concernant le régime douanier. C’est ensuite la réalisation d’un projet de canal latéral à l'Adour qui l’intéresse.

Réélu conseiller général le 24 novembre 1839, il effectue l’années suivante et pour le compte de l’entreprise familiale un voyage de prospection en Espagne pour l'implantation d'une compagnie d'assurances. Paraît au mois de janvier 1841 un nouvel écrit intitulé Le fisc et la vigne suivi le 22 janvier 1843 d’un Mémoire sur la question vinicole qui illustrent son travail de défense des intérêts des vignerons. Bastiat envisage également de créer dans sa propriété une école d’apprentissage afin d'y former des "métayers laborieux, instruits, et moraux", de véritables techniciens de la terre. A cette époque, le problème des tarifs douaniers franco-anglais le préoccupe. Le 24 novembre 1844, Frédéric Bastiat entame d’ailleurs à ce sujet une correspondance avec l’économiste anglais Richard Cobden puis est reçu l’année suivante par les Ligueurs anglais.



Le 24 janvier 1846, son action auprès des milieux politiques et économiques trouvent un premier aboutissement lorsqu’il est élu membre correspondant de l'Institut. Cependant c’est davantage la création à Bordeaux de l'Association pour la liberté des échanges, au mois de février suivant, qui le fait connaître. Élu secrétaire du Conseil d'Administration de l’association présidée par François d'Harcourt, duc et pair de France, Frédéric Bastiat milite ainsi aux côtés de Michel Chevalier, d’Auguste Blanqui, de Joseph Garnier, de Gustave de Molinari ou d’Horace Say. Alors qu’il vient de démissionner de ses fonctions de magistrat, Bastiat est de nouveau battu aux élections législatives au mois d’août, malgré le soutien de l'hebdomadaire Le Libre Échange dont il assume la direction.

Il participe l’année suivante à de nombreuses réunions publiques, à Lyon et à Marseille notamment. Aux côtés d’Alphonse de Lamartine et alors que la France de Louis-Philippe Ier est touchée par la crise économique due à de mauvaises récoltes, Frédéric Bastiat montre son opposition à la Monarchie de Juillet. Il milite ainsi contre la politique protectionniste développée par les différents ministères dirigés par François Guizot. Le 3 juillet 1847 a lieu son premier cours d'économie politique devant les élèves de l'École de Droit de Bordeaux. Face à cet auditoire, il développe de nouveau son discours sur la liberté du commerce, celle-ci étant nécessairement facteur de progrès économique et devant donc amener le recul de la misère.



L’avènement de la Seconde République donne à sa carrière politique un second souffle. Le 23 avril 1848, le notable est élu au suffrage universel député des Landes à l'Assemblée Constituante. Membre du Comité des Finances dont il est à plusieurs reprises désigné président, Frédéric Bastiat siège à gauche. Le 26 août, il vote ainsi contre les poursuites envisagées contre Louis Blanc, initiateur des journée d'émeute du 15 mai qui conduisent à l’invasion du Palais-Bourbon. Cependant, lors de l'élection présidentielle, c’est au général Cavaignac, pourfendeur des manifestations ouvrières du mois de juin précédent, que le député des Landes accorde son soutien.

Paraît à cette époque, le second volume de ses Sophismes économiques. Dans cet ouvrage d’économie politique, Frédéric Bastiat étudie du triple point de vue de " l'intérêt particulier, de l'intérêt général, et de la justice " les faits économiques. Il aboutit à la conclusion qu’au delà des divergences entre le producteur et le consommateur, le capitaliste et le salarié, celui qui possède et celui qui ne possède pas, il existe des lois prédominantes d'équilibre et d'unité qui les associent. Celles-ci relèvent ainsi d’une " harmonie supérieure " ; l’élévation du niveau de vie qui est une conséquence de la marche en avant de l’économie permettant à chacune s’illustrer dans l’entreprise et donc d’acquérir davantage de libertés.

Réélu le 13 mai 1849 sur une liste "démocratique sociale" à l'Assemblée Législative, Frédéric Bastiat prend part à quelques-uns des grands débats parlementaires. Le 10 mars précédent, il s’était en effet illustré dans la défense d’un amendement établissant une incompatibilité entre les fonctions de député et celles de ministre, au nom du principe de la séparation des pouvoirs. Puis, le 7 mai suivant, c’est contre l'expédition de Rome, engagée afin de rétablir l’autorité du pape Pie IX sur les États pontificaux, que Frédéric Bastiat proteste. Participant aux côté de Victor Hugo au Congrès de la Paix qui se tient à Paris au mois d’août, il s’oppose violemment l’année suivante au projet de loi d'enseignement déposé par le comte de Falloux.



Son état de santé se dégrade alors. Frédéric Bastiat est bientôt incapable d’assister aux débats de l’Assemblée. Quittant la France au mois de septembre pour un voyage en Italie, il décède à Rome le 24 décembre 1850.