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Maurice BARRÈS
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Maurice BARRÈS
(Charmes-sur-Moselle, 19 août 1862 -
Neuilly-sur-Seine,
4 décembre 1923)
Français.
Homme
politique et écrivain.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1888, Sous l'œil des Barbares en 1888.
1889, Un Homme libre.
1889, fonde Le Courier de l’Est, qui soutient
le général Boulanger.
1891, Le Jardin de Bérénice.
1899,
milite dans la Ligue de la Patrie française.
1902, Scènes et
doctrines du nationalisme.
1897, Les Déracinés.
1906, Le Voyage de Sparte.
élu à l’Académie française.
élu
député.
1914, ... Chroniques de la Grande Guerre
1909, Colette Baudoche.
1913, La Grande Pitié des églises de France.
1921, Le Génie du Rhin.
1922, Un Jardin sur
l'Oronte.
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Maurice Barrès est né
le 19 août 1862, à Charmes-sur-Moselle, dans le département des Vosges.
Son grand-père, le capitaine Barrès, d’origine auvergnate, avait épousé
en 1827 une jeune lorraine alors qu’il était en garnison à Nancy. Le
couple s’était fixé dans la région où Maurice, fils d’un receveur
des impôts, assiste en spectateur à la défaite des armées françaises
en 1870. L’enfant conservera un souvenir très prégnant des trois années
d’occupation par les armées prussiennes qui suivirent. En 1873, il
entre en tant qu’interne au collège catholique de La Malgrange, près
de Nancy. Quelques années plus tard, Maurice Barrès poursuit ses études
secondaires au lycée Poincaré de Nancy, où il est élève de 1877 à
1880. Après avoir obtenu son Baccalauréat, Barrès fait son droit,
toujours à Nancy, avant de monter à Paris en 1883.
Installé dans un appartement du Quartier Latin, l’étudiant fréquente
alors les milieux littéraires, en particulier les poètes symbolistes du
Parnasse. Il fait ainsi la rencontre de Leconte de Lisle qui, en
l’invitant à son domicile parisien, l’introduit auprès des écrivains
alors en vogue. Maurice Barrès livre bientôt quelques articles pour le
journal La Jeune France. En 1884, il fonde ensuite une revue éphémère,
Les Taches d'Encre, dont les quatre numéros écrits entièrement
de sa plume éreintent les maîtres à penser de la Troisième République,
Hippolyte Taine et Ernest Renan notamment.
Dans les années qui suivent, Barrès accède à la notoriété grâce à
la publication d’une trilogie romanesque et égotiste. Sous le titre
collectif de Culte du Moi paraissent Sous l'œil des Barbares
en 1888, Un Homme libre en 1889 et enfin Le Jardin de Bérénice
en 1891. A vingt-six ans, Maurice Barrès, qui précède André Gide et
ses Nourritures terrestres, explore dans ces volumes son univers
intérieur. En vantant l’exaltation et l’analyse des sentiments, le
jeune dandy devient ainsi un modèle pour toute la jeune génération. A
la solitude, l’individualiste préfère bientôt la conversation avec
les grands Hommes, puis, repoussant les " Barbares ",
il se montre pénétré de la présence de sa terre natale.
Maurice Barrès se décide alors à entrer en politique. Au mois de
janvier 1889, il fonde Le Courier de l’Est, un journal qui
soutient le général Boulanger. Quelques
mois plus tard, en avril, Barrès est élu député de la troisième
circonscription de Nancy, se présentant aux électeurs lorrains comme un
" révisionniste socialiste ". Son programme se
construit entièrement autour du culte du chef, qui sous-entend la
suppression du Parlement, un intermédiaire inutile selon lui entre les
institutions et le gouvernement. Par anticonformisme, le jeune homme voit
alors dans l’ancien ministre de la Guerre un nouveau héros du
nationalisme, celui qui pourrait bousculer le monde politique et l’ordre
établi, rendre également à la France sa fierté et l’intégrité de
son territoire.
Après l’échec de ce mouvement populiste, Maurice Barrès sera écarté
des bancs de la Chambre des députés en raison de ses défaites électorales
successives. En 1893, il est ainsi battu à Neuilly sous l’étiquette de
" républicain nationaliste socialiste ", puis de
nouveau en 1896, et enfin à Nancy en 1898. Au retour d’un voyage
effectué en Espagne, il se consacre à la publication d’une feuille
nationaliste, La Cocarde. Fondé au mois de mars 1888, le
journal accueille dans ses colonnes les articles de personnalités de
sensibilités diverses : monarchistes, anarchistes, socialistes…
Quelques valeurs communes les rassemblent néanmoins :
l’antiparlementarisme et la xénophobie, le fédéralisme et le régionalisme.
C’est alors qu’éclate l’affaire Dreyfus. Maurice Barrès prend
rapidement parti contre le capitaine, arrêté le 15 octobre 1894 et placé
en détention à l’île du Diable. Au mois de janvier 1899 est ainsi
fondée la Ligue de la Patrie française où Barrès milite bientôt aux côtés
de Paul Déroulède. Le 10 mars de la même année, celle-ci patronne une
conférence donnée par l'écrivain sur " la Terre et les Morts ".
S’opposant avec virulence aux dreyfusards, Maurice Barrès publie en
1902 ses Scènes et doctrines du nationalisme, un recueil de textes
animé par l’antisémitisme. Sans atteindre à la violence des propos
que tient Édouard Drumont dans La Libre Parole, il devient au
cours de ces années le principal défenseur de la communauté nationale définie
par le droit du sang.
Parallèlement à son engagement politique, Maurice Barrès poursuit son
œuvre d’écrivain et enrichit sa pensée. Il publie une nouvelle
trilogie, Le Roman de l’énergie nationale, qui débute en 1897
avec Les Déracinés, publiés du mois de mai au mois d'août dans La
Revue de Paris, et se poursuit avec L'Appel au Soldat au mois
de mai 1900 et Leurs Figures en 1902. Ces écrits, en partie
autobiographique, content l’histoire de sept jeunes gens du lycée de
Nancy qui abandonnent la Lorraine pour Paris. Dans la capitale, ils
connaissent toutes sortes de déboires et de désillusions. Trouvant son
inspiration dans les paysages de l’Espagne et de l’Italie, le
romancier rédige en 1903 Venise Amori et Dolori sacrum.
En 1906, dans Le Voyage de Sparte, Maurice Barrès fustige les archéologues
qui, pour mettre à jour l'œuvre de Phidias sur l'Acropole, ont abattu
une vieille tour médiévale.
Avec le vote de la Loi de séparation de l’Église
et de l’État, c’est aussi l’état du patrimoine religieux
français qui le préoccupe. Maurice Barrès publie en 1913 un pamphlet
intitulé La Grande Pitié des églises de France. Le défenseur
des édifices religieux associe ainsi à son nationalisme le catholicisme,
en qui il voit une partie intégrante de l'héritage national. Le 25
janvier 1906, Maurice Barrès est élu à l’Académie française, année
où il fait également son retour au Palais-Bourbon, au mois de mai, en
tant que représentant du premier arrondissement de Paris. Quelques mois
plus tard, en mars 1908, Barrès protestera à la Chambre contre le
transfert des cendres de son vieil adversaire, Émile
Zola, au Panthéon.
Apôtre de la fidélité au sol natal, il rédige Au Service de l’Allemagne
en 1905, Colette Baudoche en 1909, puis La Colline inspirée
en 1913. Maurice Barrès assume bientôt la présidence de la Ligue de la
Patrie française puis celle de la Ligue des patriotes, le 11juillet 1914
peu après le décès de Déroulède. Avec le déclenchement de la première
Guerre mondiale la même année, il entreprend un travail immense de
publication quotidienne dans L’Écho de Paris de chroniques,
d’articles et de billets d’humeur. L’écrivain souhaite ainsi
soutenir le moral des " poilus " et lutter contre le défaitisme,
dénoncer la barbarie des " Boches " et appeler à la
revanche. Ces écrits au nationalisme cocardier, plus tard réunis en
quatorze volumes (!) dans les Chroniques de la Grande Guerre, lui
valent d’être élu par Le Canard enchaîné chef de la " tribu
des bourreurs de crâne ", Romain Rolland lui préférant le
surnom peu flatteur de " rossignol du carnage ".
En 1917, Barrès fait paraître Les Diverses Familles spirituelles de
la France, un ouvrage de réconciliation nationale écrit dans le
contexte de l’Union sacrée. Élu du Bloc national et membre de la
Chambre Bleu horizon après l’armistice, Maurice Barrès est gagné
par le scepticisme, alors que son rêve de revanche se réalise. Revenu de
ses excès d'antan, il salue le patriotisme des combattants de confession
juive. L'écrivain s’interroge également sur la signification de son
nationalisme. En 1921, paraît Le Génie du Rhin où Barrès prône
la réconciliation avec l’ennemi allemand. Ses hésitations et ses
doutes seront davantage visibles avec la publication de ses Cahiers,
publiés à titre posthume de 1930 à 1956. L’année suivante, il chante
l’Orient et les désordres amoureux avec Un Jardin sur l'Oronte,
un ouvrage qui scandalise la critique.
Maurice Barrès décède à Neuilly-sur-Seine, le 4
décembre 1923.
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