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Henri d'Orléans,
duc d'AUMALE

(Paris,
16 janvier 1822Zucco, 7 mai 1897)


Français
.

Militaire et homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1839, lauréat du Concours général.
1842, promu maréchal de camp.
1843, en Algérie, prise de la Smala d’Abd-el-Kader.
         nommé auditeur au Conseil d’État.
1847,
nommé gouverneur général de l'Algérie.
1848, révolution à Paris et exil.
1856, fait l’achat des Très Riches Heures du duc de Berry.
1861, Lettre sur l’Histoire de France.
1871, élu député.
         s'installe au château de Chantilly.
1872, préside le conseil de guerre qui juge le maréchal Bazaine.
1886, expulsé du territoire français avec la loi du 22 juin.



 






Henri-Eugène-Philippe-Louis naît le 16 janvier 1822 au Palais-Royal, à Paris. Il est le cinquième fils du duc et de la duchesse d’Orléans, Marie-Amélie de Bourbon, fille de Ferdinand IV, roi de Naples. Son père, cousin du roi de France, possède la première fortune du royaume, comme en témoigne le titre qui échoit au noveau-né, celui de duc d’Aumale. L’enfant a de plus pour parrain le duc de Bourbon, prince de Condé, qui en fait en 1829 son légataire universel. Ceci ne fera qu’agrandir le domaine foncier de la branche cadette des Bourbons.

D'abors dans l’entourage de sa mère et des valets de la maison d’Orléans, Henri est ensuite confié à l’âge de cinq ans aux bons soins d’un précepteur, Alfred-Auguste Cuvillier-Fleury, préfet des études du collège Sainte-Barbe. Celui-ci astreint son élève à un programme d’étude précis, servi par un emploi du temps de plus strict. Enfin, âgé de dix ans, le jeune prince fait son entrée au Lycée Henri IV. Le duc d’Orléans, malgré l’opposition du roi Louis XVIII, a choisi de scolariser ses enfants dans les institutions de la capitale, rompant ainsi avec la tradition.

Tandis que son père est devenu à l’issue des journées révolutionnaires de 1830 le nouveau souverain, l’adolescent fait ses humanités. Il voyage également beaucoup, séjournant pendant les vacances dans les nombreuses demeures familiales, à Eu notamment. Lauréat du Concours général en 1839, le prince est également promu le 1er janvier de la même année au grade de capitaine. Très tôt en effet, est venue la vocation militaire à celui qui rejoint le 4ème régiment d’infanterie légère.



Ayant effectué ses premières armes au camp de Fontainebleau, le jeune officier, nommé chef de bataillon, est affecté à l’état-major de la première division de l’armée d’Afrique, à la disposition du maréchal Valée. Alors que le duc d’Aumale débarque à Alger, le 13 avril 1840, les troupes française, présentes au Maghreb depuis dix années, ont toujours à lutter face à la guérilla menée par Abd-el-Kader. Cité à l’ordre du jour de l’armée d’Afrique pour un fait d’arme – le don de son cheval au colonel Gueswiller au col de la Mouzaia - , il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 22 juin. Lui est alors confié la direction de l’Ecole de tir « établie au dépôt du Bataillon de Tirailleurs à Vincennes où devront être formés des instructeurs pour les bataillons de chasseurs à pied qui vont être organisés ». L’officier ne demeurera cependant que quelques mois dans ces fonctions. Nommé lieutenant-colonel, il est affecté au 24ème régiment d’infanterie de ligne. Celui-ci sert en Algérie, où Aumale débarque de nouveau, le 19 mars 1841.

Les troupes françaises sont alors placées sous le commandement du général Bugeaud. Aumale est lui à Blida, d’où s’acheminent les approvisionnements nécessaires au ravitaillement des garnisons situées plus au Sud, lieu de départ des opérations vers l’intérieur du pays. Ayant mené a bien quelques missions, le prince d’Aumale est nommé colonel du 17ème régiment d’infanterie légère, le 27 mai. Il contracte la dysenterie. Aussi lui et ses homes sont relevés par un régiment métropolitain. Ainsi en a décidé Louis-Philippe. Débarqué à Marseille, mais cantonnées à Courbevoie, ces troupes glorieuses, qui viennent de passer six années en Afrique, traversent la France, remontant vers la capitale, avec à leur tête ce fringuant jeune homme de dix-neuf ans. C’est en effet l’occasion pour la monarchie philipparde, toujours avide de popularité, de transformer le périple en marche triomphale. Parvenu à Paris le 13 septembre, le fils du souverain échappe de peu à un attentat. « Il paraît qu’on commence à me compter pour quelques chose puisqu’on veut me tuer », dit alors le rescapé à son frère présent à ses cotés.



A Paris, l’officier est tout aux soins de son régiment, et de quelques actrices, une certaine Alice Ozy notamment. La mort accidentelle de son frère aîné, le duc d’Orléans, précipite son embarquement pour l’Afrique. Promu maréchal de camp, il reçoit le commandement de la brigade de Médéa et de la province de Titeri et est de nouveau sur le continent africain le 19 novembre 1842. Après une expédition aux cotés de Changarnier et Bugeaud, Aumale prend son commandement. Ce dernier lui ayant demandé, parallèlement à l’administration de la garnison, de pourchasser la Smala d’Abd-el-Kader, ce campement qui compte plus de vingt mile habitants et qui est aussi le centre du pouvoir de la résistance en Algérie. Le 15 mai 1843, après une traque de plusieurs mois, le camp est investi par les troupe françaises.

Cet exploit, qui confère à l’officier un réel prestige au sein de l’armée, donne également au prince une grand popularité en France, où il est deretour auprès de la famille royale. C’est l’heure pour lui de trouver un parti, du moins c’est l’opinion du roi son père. Aussi le duc d’Aumale effectue une grande tournée des cours italiennes à l’automne et à l’hiver. Enfin, le 25 novembre 1844, Henri d’Orléans épouse à Naples Marie-Caroline-Auguste de Bourbon-Siciles. Le couple aura quatre enfants, deux d’entre-eux atteindront l’âge adulte, louis, prince de Condé né en 1845 et François, duc de Guise, qui voit le jour en 1854.



Après ces quelques mois d’inactivité militaire, Aumale est nommé le 2 février 1845 " Inspecteur général des écoles de tir pour les armes à feu non portatives ". Cette fonction lui laisse tout de même le temps de constituer sa maison. Son ancien précepteur, Cuvillier-Fleury, est placé à sa tête. Il est temps pour lui de se préoccuper de ses domaines de Chantilly, de Châteaubriant, de leur rénovation notamment. En 1847 cependant, le moment est de nouveau venu de se préoccuper de sa carrière militaire et des affaires algériennes. Le maréchal Bugeaud a fait en effet savoir qu’il souhaitait prendre quelques repos. Aussi malgré son jeune age – vingt-quatre ans - , c’est au duc d’Aumale qu’échoit la lourde tache de pacifier définitivement l’Algérie, d’organiser sa colonisation, au milieu des multiples intérêts en présence. Le 11 septembre 1847, il est en effet nommé par le roi gouverneur général.

Quelques semaines plus tard, le 23 décembre, le prince d’Orléans reçoit la soumission de Abd-el-Kader, après trois années d’une lutte de guérillas. Pourchassé par les troupes françaises dans l’Ouest algérien, l’émir s’était réfugié au Maroc voisin, qui lui était bientôt devenu hostile. Malgré la promesse qui lui est faite d’une captivité en terre d’Islam, Abd el-Kader arrive à Toulon, le 10 janvier 1848, en compagnie de sa famille. Il demeurera près de cinq années prisonnier en France, de janvier 1848 à septembre 1852, selon le bon vouloir des différents gouvernements qui vont se succéder. En métropole en effet, les événements se précipitent qui mettent bas la monarchie de Louis-Philippe. Suivant les vœux d’un des membres du Gouvernement provisoire, qui vient de proclamer la République, François Arago, Aumale et Joinville, présents tous deux au-delà de la Méditerranée, s’efforcent de ne pas « détourner les soldats de l’obéissance » au nouveau pouvoir, de s’abstenir d’un retour prématuré en métropole. Fidèle à « ses devoirs de citoyen et de soldat », le gouverneur de l’Algérie s’abstient donc de mobiliser les troupes dont il dispose pour porter la guerre civile en France. L’exil lui est néanmoins promis, qui durera vingt-deux longues années.



Malgré son loyalisme, les biens du prince d’Orléans sont immédiatement placés sous séquestre par la République. Restitués au terme de l’année 1848, ils permettent, grâce à de judicieuses ventes, de donner quelques aisances à l’ancienne famille royale réunie au château de Claremont, près de Londres. Après l’avènement du Second Empire cependant, le décret du 23 janvier 1852 signifie la nationalisation, et donc la confiscation, des biens de la famille d’Orléans. L’existence du duc d’Aumale s’assombrit davantage dans les mois qui suivent avec les décès de son père Louis-Philippe, de sa sœur Louise, épouse du roi des Belges Léopold, ainsi que celui de son beau-père, Léopold de Salerne. Durant l’été 1852, ils s’installent en compagnie de son épouse dans une villa de Twickenham, ancienne propriété du défunt roi pendant son exil sous l’Empire. Là, entouré de ses livres, ses collections, ses uniformes, il recrée une ambiance familière, à la française qui lui permet de ressentir moins douloureusement le poids de l’exil. Aumale entame également une Histoire des Princes de Condé, dont les deux premiers volumes seront publiés en 1869, l’œuvre d’une vie. Il écrit des articles, entretient des polémiques historiques dans la Revue des Deux-Mondes. Sa résidence de Twickenham se transforme petit à petit en musée. Le bibliophile est également amateur d’art et, parfois, les deux passions qui l’animent se conjuguent, comme en 1856, année où le duc d’Aumale fait l’achat des Très Riches Heures du duc de Berry.

Loin de ces préoccupations d’honnête homme, le prince d’Orléans essaie également de jouer un rôle politique, celui d’opposant au Second Empire. Il met ainsi sa fortune au service de la cause de la maison d’Orléans et se fait patron de presse. Dès 1853, Aumale met la main sur L’Etoile belge, avant d’investir en France dans le capital de quotidiens, Le Siècle et Le Temps. La censure veille cependant, même si cette administration sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, ne parvient pas à empêcher la diffusion de la Lettre sur l’Histoire de France. Lue à Paris sous le manteau au mois d’avril 1861, cette brochure, rédigée par le duc d’Aumale en personne, est une réponse faite au prince Napoléon, qui venait de nier à la tribune du Corps législatif l’œuvre coloniale de la Monarchie de Juillet, par là même le passé d’officier du prince d’Orléans. Ce dernier, qui conclue en apostrophant le clan bonapartiste – « Qu’avez-vous fait de la France ? " - , attendra la proposition d’un duel de son offenseur, une initiative qu’approuve le duc de Morny. En vain.

Dans les mois qui suivent, on songe également au prince pour devenir roi de Grèce, un trône pour un pays neuf, épris de liberté, un projet qui l’attire, mais qui achoppera car l’Angleterre et Palmerston lui sont hostiles. Aumale pourtant est fort impliqué dans la vie sociale de la gentry. Il participe à ses dîners, ses chasses, est membre des clubs les plus en vue. En 1862, lui et sa famille, entreprennent un long voyage sur le continent européen. Par la Belgique et les Etats allemands, ils gagnent l’Empire autrichien de François-Joseph, puis Istanbul, la Grèce – où le duc d’Aumale rend visite à son nouveau souverain - , enfin l’Italie, mère des Arts. De nouveau, vient le temps des deuils familiaux qui touchent cette fois-ci les plus proches parents du duc d’Aumale, son fils aîné, Louis, prince de Condé en 1866, puis son épouse, « Lina », en 1869. 



L’année suivante enfin, la guerre déclarée face aux Prussiens, puis la capitulation de Sedan et la déchéance de l’Empire, décident du retour en France du duc d’Aumale. Venu de Belgique, il voyage dans le même train que Victor Hugo, autre illustre proscrit. Afin de pouvoir séjourner légalement sur le territoire français, il est élu député de la nouvelle assemblée nationale, comme son frère le prince de Joinville, dans le département de l’Oise. Le bruit court bientôt que le nouveau serviteur de la République briguera la présidence de l‘exécutif, qu’on lui confiera la lieutenance du royaume. Ce rôle échoit à Adolphe Thiers, qui se pose en partisan de la monarchie, se découvrant bientôt, après maint atermoiements, des convictions républicaines. Aumale, qui n’est pas foncièrement hostile au nouveau régime, pose donc au nouveau « chef du pouvoir exécutif » les questions de la restitution des biens des Orléans, de sa réintégration dans les cadres de l’armée, au grade de général de division qui est le sien. Au mois de juin 1871, il s’installe de nouveau au château de Chantilly, demeuré pendant les deux décennies précédentes en sa possession, un commissionnaire anglais en ayant fait l’acquisition en son nom.

Le duc d’Aumale préside le Conseil général de l’Oise, siège à présent à l’Assemblée, ce qui le contraint à demeurer plus souvent à Paris. Aussi fait-il l’acquisition de l’hôtel Fould. Le 30 décembre 1871, il est également élu à l’Académie française, prenant le fauteuil de Montalembert, un honneur qui rejaillit sur la famille d’Orléans, à son grand contentement. Enfin, le 27 février 1872, le prince est enfin réintégré au sein de l’armée française, dans la première section du cadre de l’état-major. Lui incombe alors de présider le conseil de guerre qui doit juger le maréchal Bazaine, puisque le rapport d’enquête rédigé par le général Séré de Rivière conclut à sa mise en accusation, suite au désastre de Sedan. Quelques jours plus tard, le 5 octobre, il est également nommé au Conseil supérieur de la guerre, avant de recevoir le 14 octobre 1873 le commandement de la 7ème division militaire, à Besançon. Le 20 avril 1879, Aumale devient inspecteur des 13ème, 16ème et 17ème régions militaires, avant d’être relevé de ses fonctions l’année suivante, une décision prise par le ministère Ferry. Ainsi s’achève sa carrière militaire, à l’âge de cinquante-sept ans.

Un projet lui tient à présent à cœur. Il s’agit de reconstruire le château de Chantilly, tronqué, qui abriterait en ses murs ses collections ainsi de retour auprès de lui, en France. Le duc d’Aumale engage à cette fin l’architecte Honoré Daumet. Les travaux d’aménagement courront jusqu’au décès du prince, mais l’essentiel des corps de bâtiments est achevé en 1882. Là, s’organise désormais son existence, qui se partage entre ses chasses dans la forêt voisine et ses oeuvres d’art, les voyages à l’étranger et les réceptions. C’est alors qu’un nouveau malheur l’accable. Le Parlement entend interdire l’accès des mandats électifs aux princes. Le voilà déchut de ses fonctions, avant que le ministre de la Guerre du cabinet Freycinet, le général Boulanger, ne raye le duc d’Aumale, son ancien protecteur, des cadres de l’armée. Celui-ci signifie alors, en manière de protestation, au président Grévy que les grades militaires sont « au-dessus de son atteinte ». Enfin, suite au vote de la loi du 22 juin 1886, il est expulsé du territoire français.



Contraint de nouveau de résider en Angleterre, le duc d’Aumale fait l’acquisition d’une demeure près de Hyde Park, à Londres. Ce second exil est vécu de manière plus douloureuse. Afin de pérenniser le domaine de Chantilly et ses collections – qu’il estime être devenus des biens patrimoniaux de l’histoire de France - , il effectue une donation de l’ensemble à l’Institut, celle-ci étend accepté par ses membres le 24 décembre 1886. Malgré son ralliement à la République, le prince d’Orléans ne retrouvera le sol français que trois années plus tard, en 1889. Il décède le 7 mai 1897 dans sa propriété du Zucco, en Sicile. Le gouvernement français lui accorde les honneurs militaires lors de ses funérailles en l’église de la Madeleine, à Paris. Le duc d’Aumale est inhumé à Dreux, dans la chapelle des Orléans.