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Sabino ARANA-GOIRI
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Sabino ARANA-GOIRI
(Abando, 26 janvier 1865 -
Pedernales, 25 novembre 1903)
Espagnol.
Homme
politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1892, La Lutte de la Biscaye pour l'indépendance.
1893, prononce le " discours de Larrazâbal ".
fonde le journal nationaliste Bizkaitarra.
1894, fonde et préside
Euskeldun Batzokija.
1895, fonde le Parti Nationaliste Basque (P.N.V.). .
1897, El Partido
Carlista y los Fueros Vasko-Nabarros.
1898, élu député provincial de
Biscaye à Bilbao.
1901,
crée la revue
Euzkadi.
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Sabino Arana-Goiri naît
le 26 janvier 1865 à Abando, une commune proche de Bilbao, annexée par la
métropole biscayenne à la fin du siècle. Il est le huitième et dernier
enfant d'une famille de la bourgeoise locale. Son père, Santiago Arana,
fait profession d'armateur et est mandataire aux Juntes de Guernica. Pendant
la guerre civile de 1872-1876, il adhère au parti carliste et se fait
trafiquant d'armes. Tandis que ses biens sont confisqués par le pouvoir, le
conspirateur doit s'exiler avec sa famille de l'autre coté de la
frontière, au Pays Basque français. Bientôt de retour à Bilbao, le jeune
Sabino entre au collège des jésuites d'Orduna. Les Arana sont en effet
profondément catholiques. Il est déjà lauréat du baccalauréat, quant à
l'âge de dix-sept, lors du dimanche de Pâques 1882, Sabino Arana Goiri a
la révélation de ses convictions politiques. Son frère Luis le convainc
en effet d'abandonner le carlisme et l'Espagne, afin de devenir nationaliste
biscayen (bizkaitarra), suivant son exemple. Plus tard, en 1932, cette
conversion sera transformée en une célébration nationaliste, l'Aberri
Eguna (Jour de la Patrie Basque) par le P.N.V., le Parti
Nationaliste Basque présidé alors par Luis Arana.
Dès lors, Sabino Arana-Goiri décide de s'imprégner de la culture et de
l'histoire basques. A partir de 1883 et jusqu'en 1888, il réside à
Barcelone, s'inscrivant à l'Université en Droit et en Lettres, puis en
Sciences. L'espagnol étant la langue de sa famille, Arana apprend le parler
basque, ainsi que le droit de la Biscaye. Tout ceci le confirme dans ses
opinions nationalistes. D'ailleurs, dans la cité catalane, il peut
également suivre l'exemple du développement d'un autre particularisme, aux
contacts notamment de Valenti Almirall. A cette époque, le militant
biscayen commence à publier des articles dans des revues afin de défendre
sa cause. Le 30 novembre 1892, à Bilbao, paraît ainsi La Lutte de la
Biscaye pour l'indépendance (Bizkaya por su independencia).
Dans ce petit volume, Sabino Arana-Goiri fait le récit de la lutte de la
Biscaye médiévale contre les royaume voisins du Léon et de Castille au
Moyen-Age. Mêlant histoire et mythe, il raconte ainsi quatre batailles,
celles d'Arrigorriaga, en 888, et celle de Munguia, en 1471, notamment.
Cette date peut être considérée comme l'acte de naissance du nationalisme
basque.
L'année suivante, le 3 juin, dans une ferme de Begona, près de Bilbao,
Arana prononce le " discours de Larrazâbal ", face à un groupe
de Fueristas euskalerriacos, de partisans des libertés basques. Il
définit ainsi les buts du mouvement Bizkaya por su independencia,
réveiller la conscience nationale des biscayens notamment, qui a adopté la
devise " Jaungoikua eta Lagi-Zarra " (" Dieu et la Vieille
Loi "). Cette réunion fondatrice s'achève par le cri de " Vive
l'indépendance de la Biscaye " prononcé par les assistants. Si ces
derniers sont réticents à se placer sous la bannière d'Arana, ce dernier
fonde néanmoins peu après le journal nationaliste Bizkaitarra. Dans
les colonnes de son premier numéro, son propriétaire, directeur et
rédacteur principal y effectue sa profession de foi, s'y déclarant
résolument " anti-libéral et anti-espagnol ". Jusqu'au mois de
septembre 1895, Sabino Arana-Goiri se voit intenter sept procès par le
gouvernement espagnol. Il passera cinq mois en prison, avant que Bizkaitarra
ne soit finalement interdit. L'année précédente, au mois de juillet 1894,
l'activiste biscayen fonde et préside Euskeldun Batzokija, le
premier batzoki. Celui-ci est au départ une association qui ne compte
qu'une centaine de membres ; le recrutement très strict, le catholicisme
intransigeant professé par les affiliés expliquant le faible
développement de cette nouvelle initiative. Rapidement interdit par le
Gouvernement d'Antonio Cânovas, lui succède le Parti Nationaliste Basque (P.N.V.).
Celui-ci est fondé, le 31 juillet 1895, soit le jour de la fête de Saint
Ignace de Loyola, fondateur de l'Ordre des Jésuites, à qui Arana voue une
admiration sans faille. Le P.N.V. se développe dans la clandestinité, avec
à sa tête le Bizkai-Bure-Batzar (B.B.B.), composé de sept membres, dont
Luis et Sabino Arana, le président.
Dans les années qui suivent, la pensée politique d'Arana évolue. Son nationalisme
se fait plus radical, comme l'exprime notamment l'apparition dans son
vocabulaire du néologisme Euzkadi (" pays des Euzkos ", ou
basques de race), l'adoption d'un nouveau drapeau, la Ikurrina. Dessiné en
1894 par les frères Arana sur le modèle de l'Union Jack
britannique, celui-ci est fait de deux croix entrelacées. Après la
disparition d'un journal éphémère, l'hebdomadaire Baserritarra,
Sabino Arana-Goiri une brochure au succès retentissant, El Partido
Carlista y los Fueros Vasko-Nabarros, en 1897. Avec celle-ci, il exprime
avec force l'idée que l'existence des Fueros, ces chartes médiévales
concédées à une ville ou à un État, sont la preuve de la souveraineté
originelle et de l'indépendance du Pays Basque par rapport à la monarchie
espagnole. L'année suivante, Arana publie une comédie, intitulée De
fuera vendrâ..., dans laquelle il dénonce l'arrivée des immigrés ou maquetos
(métèques), ces Espagnols qui viennent s'installer dans les provinces du
Nord en cours d'industrialisation. Le réveil du nationalisme espagnol, avec
le déclenchement de la guerre hispano-américaine, lui est cependant
néfaste. Au mois d'avril avril 1898, sa maison de Bilbao est entourée puis
lapidée par des manifestants qui lui sont hostiles. La crise passée, Arana
et le P.N.V. reçoivent l'appui des Euskalerriacos de Sota, de son
journal Euskalduna. Au mois de septembre 1898, Sabino Arana-Goiri est
élu député provincial de Biscaye à Bilbao.
Sous l'influence de ses nouveaux alliés, le militant indépendantiste se
fait plus modéré dans ses propos. En 1901, il crée ainsi la revue Euzkadi,
destinée au public cultivé des élites basques. Celle-ci, faute de
lecteurs, cessent cependant de paraître. De même, au de septembre 1899, Euskalduna,
ainsi qu'El Correo Vasco, le premier journal du P.N.V. sont
interdites par décisions les autorités. Le pouvoir central adopte d’ailleurs
une politique plus dure vis à vis des militants basques. Ainsi, au mois de
juin 1902, suite à la publication du télégramme envoyé par Sabino
Arana-Goiri au président des États-Unis, Théodore Roosevelt, le
félicitant d'avoir concédé l'indépendance à Cuba, ce dernier est de
nouveau placé en détention à la prison de Bilbao, tandis que les
conseillers municipaux de la ville, membres du P.N.V., sont suspendus peu
après de leur fonction par le gouverneur civil de Biscaye.
Au mois de novembre suivant, Arana est acquitté suite au procès qui lui
est intenté. Dès lors, il renonce à revendiquer l’indépendance pour le
Pays Basque, souhaitant simplement son autonomie par rapport à la monarchie
espagnole. Au mois de novembre 1898, le parlementaire avait ainsi demandait
la création d’un Conseil régional basque. En 1903, le militant publie Libe,
un mélodrame. Ce texte est un avatar de la littérature fuerista, son
auteur se faisant le chantre des libertés perdues. Derrière l’écrivain
se cache en effet le militant nationaliste qui décrit une Biscaye idéale,
où règne l’égalitarisme entre ses habitants. Gravement malade, Sabino
Arana-Goiri décède le 25 novembre 1903, dans sa maison de Pedernales.
Cette disparition prématurée contribuera dans les décennies qui suivent
à idéaliser le fondateur du mouvement nationaliste basque, devenu un
personnage quasi-mythique pour ses militants.
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