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Adolphe d'ANGEVILLE 

(Lompnes, 20 mai 1796 - Lompnes, 16 mai 1856)


Français
.

Homme politique et agronome.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1837, Essai sur la statistique de la population française, considérée sous quelques-uns de ses rapports physiques et moraux.
1832, Aperçu sur nos colonies.
1832, élu député de l’arrondissement de Belley.
1844, désapprouve la prise de possession de l’île de Tahiti.



 

 






Adolphe d’Angeville est né à Lompnes, petit village du département de l’Ain, le 20 mai 1796. Depuis le XVème siècle, les d’Angeville, une lignée de hobereau, se sont installés en Franche-Comté. Fils cadet d’une famille de quatre enfants, l’adolescent s’engage en 1811 dans la marine. Pendant les dix années qui suivent, il participe ainsi à deux expéditions en Extrême-Orient. Le premier voyage mène le jeune marin aux Indes orientales où l’équipage est chargé de reprendre possession du comptoir de Pondichéry. D’Angeville parcourt ensuite les Philippines et la Cochinchine afin d’enrôler des indigènes volontaires pour implanter et développer la culture du thé dans la colonie de Guyane. A son retour en 1821, l’enseigne de vaisseau rompt son engagement avec la Royale. Il choisit alors de se retirer dans le domaine familial de Lompnes.



Quelques années plus tard en 1827, la gestion de celui-ci lui est confié par son père. D’Angeville s’attache alors à faire valoir la centaine d’hectares de terre ainsi que les quelques bestiaux qui composent le cheptel familial. La création de réservoirs captant l’eau de pluie et de neige puis le creusement d’un réseau de canaux lui permettent d’irriguer ses mauvaises terres. Celles-ci sont bientôt transformées suivant les idées en vogue en prairies artificielles plantées de trèfle et de luzerne. Afin de réaliser ses projets, D’Angeville s’est également employé pendant des années en tractation avec les petits propriétaires des environs pour réaliser l’acquisition de parcelles enclavées ou éloignées. Ceci aboutit à la constitution d’un ensemble de 40 hectares d’un seul tenant où l’agronome a maintenant la possibilité de mettre en pratique ses théories.

Son troupeau s’agrandit. 52 vaches produisent bientôt deux fois plus de lait grâce à cette nourriture plus riche. D’Angeville peut également généraliser la fumure de son domaine cultivable. Il abandonne la traditionnelle jachère pour adopter un assolement quadriennal comportant une plante sarclée destinée à l’alimentation de son cheptel bovin. Cette révolution agronomique provoque l’étonnement et bientôt l’admiration de ses voisins. En effet les terres du domaine de Lompnes sont ensemencées et fertiles treize années de suite ! D’Angeville apporte également quelques changements aux techniques de culture sur son domaine. Il introduit ainsi avec succès la machine à battre portative ce qui accroît la productivité de ses moissonneurs.

L’agronome fait rapidement des émules. En ces années de stabilité économique, les revenus des paysans de la province du Bugey augmentent. Celle-ci change d’aspect. Les habitations sont rénovées ou reconstruites tandis que l’alimentation de ses habitants s’améliorent. La percée de chemins et de routes permet bientôt le désenclavement de la région et le développement des échanges commerciaux. Cette modernisation agricole est donc à l’origine d’un progrès des conditions de vie dans ces campagnes sous la Monarchie de Juillet.



Observateur attentif de son époque, D’Angeville travaille à un Essai sur la statistique de la population française, considérée sous quelques-uns de ses rapports physiques et moraux. L’ouvrage est publié en 1837. Dans celui-ci, l’agronome reprend à son compte le modèle proposé en 1827 par Charles Dupin d’une ligne Saint Malot-Genève séparant la France en deux, les régions situées au nord de cette ligne se distinguant par leur développement économique. D’Angeville étaie cependant cette théorie géographique et l’enrichit de considérations sociologiques et démographiques (taille, instruction, criminologie…). Ces travaux lui valent l’honneur de devenir correspondant de l’Institut.

Éloigné des préoccupations politiques sous la Restauration, d’Angeville est favorable à l’avènement de Louis-Philippe d’Orléans. Les Trois glorieuses et la révolution de 1830 lui ouvrent ainsi les horizons. Il prend désormais part à la controverse publique. En 1832, d’Angeville publie ainsi un essai intitulé Aperçu sur nos colonies qui s’appuie sur ses souvenirs d’officier de marine. La même année, il est élu député de l’arrondissement de Belley, charge qu’il occupera jusqu’en 1848 après sa réélection en 1837, en 1842 et enfin en 1846. S’il s’apparente à la majorité gouvernementale, le député de l’Ain n’en conserve pas moins sa liberté de ton et son libre arbitre. Il s’occupe dans les rangs de la Chambre à favoriser le développement de sa région natale. Ses préoccupations d’ordre économique l’amènent également à produire à plusieurs reprises des rapports ou autres écrits de synthèse concernant les transports intérieurs, les canaux notamment. D’Angeville s’illustre cependant en 1844 lorsqu’il apporte à la Chambre son soutien à François Guizot et à son gouvernement en désapprouvant la prise de possession de l’île de Tahiti par l’amiral Dupetit-Thouars. Le député de l’Ain, adversaire résolu des colonies, craint en effet pour le devenir de l’Entente cordiale avec l’Angleterre.



La Révolution de 1848 l’éloigne définitivement de la vie politique parisienne. De retour à Belley, le notable est chahuté par les populations. Celles-ci reprochent au grand propriétaire agrarien d’avoir favorisé la montée du chômage en introduisant le machinisme dans les campagnes de Franche-Comté.

D’Angeville, qui demeure conseiller général de l’Ain, vit désormais sur son domaine de Lompnes. Il y décède le 16 mai 1856.