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ALEXANDRE II 

(Moscou, 17 avril 1818 - Saint-Pétersbourg, 13 mars 1881)


Russe.

homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1825,
prend le titre de Tsarévitch.
1837, voyage à travers la Russie et l'Europe.
1855,
monte sur le trône.
1856, traité de Paris et fin de la guerre de Crimée.
1861, abolition du servage.
1864, création des Zemtsva, des assemblées locales.
1867, l'Alaska est cédée aux Etats-Unis.
1877, déclaration de guerre aux Ottomans.
1880, décret impérial afin d'éradiquer le terrorisme.
1881, assassiné.


 






Alexandre Nicolaevitch Romanov naît le 17 avril 1818, à Moscou. Il est le fils aîné du Grand Duc Nicolas Pavlovitch, frère du Tzar Alexandre Ier, et de la Grande Duchesse Alexandra Feodorovna, fille elle-même du roi de Prusse Frédéric-Guillaume III. A l’âge de sept ans cependant, en 1825 et à la mort de son oncle, l’enfant prend le titre de Tsarévitch, autrement dit de prince héritier du trône, qu’occupe désormais son père sous le nom de Nicolas Ier.

Ce dernier lui impose pour précepteur le capitaine Moeder, mais sa mère, beaucoup moins partisane d’une exclusive instruction militaire, milite elle pour les humanités et adjoint à l’officier le poète romantique Joukowki. Le Tzar interdira néanmoins à son fils l’apprentissage du latin. Alexandre au total reçoit l’éducation en vogue dans la haute aristocratie éclairée, au moment où il n’y a que peu de place laissée en Russie pour les progrès intellectuels.

Doué pour les langues étrangères et alors qu’il naît aux idées libérales, le Tsarévitch effectue en 1837, en compagnie de son père, un voyage à travers la Russie. Le périple se poursuit dans différents pays européens. Le 28 avril 1841, le futur souverain se marie à la princesse Marie de Hesse-Darmstadt, Maria Alexandrovna après sa conversion à l’orthodoxie. Le couple aura huit enfants dans les années qui suivent, son deuxième fils, Alexandre, lui succédant sur le trône.



A la mort de son père, Alexandre II monte sur le trône, le 2 mars 1855, à l’âge de trente-sept ans. La Russie est alors en guerre contre l’Angleterre et la France en Crimée. Après la prise de Sébastopol, il prend l’initiative de mettre un terme au conflit en signant le traité de Paris, le 30 mars 1856. Celui-ci révèle l’ampleur du retard russe face aux nations les plus avancées du continent. Le nouveau Tzar, influencé par les « occidentalistes », entreprend alors d’appliquer un audacieux programme de réformes des institutions. Ainsi, sous l’influence du ministre de la guerre Dimitri Milioutine, l’armée russe change d’aspect. Les peines corporelles sont abrogées, tandis que l’instruction des officiers s’améliore, le service militaire étant pour sa part réduit à six années et remplaçant le système des engagements pour une durée de vingt-cinq ans.

Un Oukase du 2 juillet 1858 émancipe les paysans russes dépendant de la Couronne et des apanages, Alexandre II souhaitant que sa noblesse prenne l’initiative d’une libération générale. Le 19 février 1861 cependant, leur apathie le contraint à signer le manifeste de libération, ce texte qui signifie en Russie l’abolition du servage dénoncé vingt ans plus tôt par l’écrivain Gogol dans Les Ames mortes. Celle-ci est une véritable révolution sociale. 22 des 76 millions de Russes sont alors des moujiks, propriété de l’aristocratie des possédants. Il s’agit également d’indemniser ces derniers et d’attribuer des lots de terre à ceux qui viennent d’acquérir leur liberté. Celle-ci cependant est toute relative puisque la propriété du sol est collective. Elle est devenue une des prérogatives du Mir, la communauté villageoise, qui se voit également attribuer la responsabilité du paiement des impôts.

Quelques années plus tard, le 13 janvier 1864, Alexandre II crée également les Zemtsva, des assemblées locales. Déjà existantes dans la Russie médiévale, celles-ci ont vocation à gérer les affaires locales, les transports ou l’éducation notamment. Dans les campagnes, la paysannerie s’affranchit ainsi de la tutelle de la noblesse, ce qui vaut au Tzar Alexandre II le surnom de « libérateur ». La même année, ce dernier humanise également la justice, en abolissant le supplice du knout (le fouet), en élaborant un nouveau code pénal qui simplifie les procédures judiciaires. C’est la fin en 1864 des tribunaux de classe et l’avènement d’une justice indépendante. Une réforme de l’enseignement ouvre également les universités à la petite bourgeoisie, tandis que des Doumas, des assemblées urbaines, se voit confier une partie de l’administration des villes.



Sous son règne, l’Empire russe s’étend encore davantage. En 1860, le Caucase, conquis en 1812 par Alexandre Ier lors d’une guerre menée contre la Perse, est considérée comme définitivement pacifiée, la résistance de l’imam Chamil vaincue. Mais trois années plus tard, c’est la Pologne qui se révolte, ce qui conduit l’autorité russe a mené une sanglante répression et a accélérer le mouvement de russification. En 1865, ses armées soumettent le Turkestan, après que la Russie tsariste ait pénétré le monde sino-japonais. Si la lointaine Alaska est cédée aux Etats-Unis, le 13 mars 1867, l’île de Sakhaline est occupée en 1853, la Chine cédant les Provinces maritimes de Sibérie peu après, la fondation du port de Vladivostok en 1860 couronnant le succès de cette politique impérialiste.

Déjà investie, depuis le siècle précédant, de la mission de protéger les orthodoxes de l’Empire ottoman, le Tzar a également des visées sur Constantinople, la ville fondatrice de l'orthodoxie. En 1877, Alexandre II déclare ainsi la guerre aux Ottomans. Soucieux cependant du respect de l’équilibre des puissances sur le continent et inquiet du succès russe, l’Angleterre de la reine Victoria menace d'une intervention contre la Russie. Celle-ci signe alors des préliminaires de paix à San Stefano, aux portes d'Istanbul. Abandonnée par le chancelier allemand Bismarck, qui l’avait cependant soutenu face à la révolte polonaise, Alexandre II doit en 1878 signer le traité de Berlin qui limite les ambitions russes en Mer noire.



Malgré ces réformes libérales, un mouvement révolutionnaire se développe en Russie à cette époque. Ces nihilistes, une expression employée alors par l’écrivain Ivan Tourgueniev, souhaitent une destruction radicale de l'ordre ancien… L’un d’entre eux, un étudiant, Dimitri Karakosov, tire sur Alexandre II, le 4 avril 1866. Les Russes sont consternés. C’est la personne sacrée de l’Empereur qui est visée ! L’année suivante pourtant, alors que le Tzar est à Paris, à l'occasion de Exposition universelle, c’est au tour d’un réfugié polonais de tenter d’abattre le souverain. La répression de ces mouvements terroristes par la police du Tzar s’organise alors en Russie et ces organisation secrètes sont pourchassées. L’action politique d‘Alexandre II marque néanmoins ses limites au cours de ces années. Ce dernier, après la mort de
Maria Alexandrovna, le 8 juin 1880, écourte son veuvage et épouse un mois plus tard, le 18 juillet, à Tsarskoie Selo, sa maîtresse, la princesse Catherine Yourerska, sa chère Katia. Il légitime par la même occasion les trois enfants issus de leur liaison, nés entre 1872 et 1878.

La sécurité du Tzar devient un problème préoccupant. L’
anarchiste, Serge Netchaïev, disciple de Michel Bakounine, envisage à présent dans son Catéchisme révolutionnaire l'anéantissement de l'État et l'assassinat des opposants. Et, le 9 janvier 1878, le général Trepov, chef de la police, est assassiné. La coupable, une jeune fille, Vera Zassoulitch, est acquittée, ce qui suscite l’émulation dans les milieux révolutionnaires. Alexandre II échappe de nouveau à la mort, le 2 avril 1879, quant il est pris pour cible aux abords de son palais. D’ailleurs, une nouvelle organisation secrète, Narodnaïa Volia (La Volonté du Peuple) se donne à présent pour but de l'assassiner. Son train personnel est d’abord pris pour cible, puis une bombe détruit la salle à manger de son palais. Le 12 février 1880, un décret impérial donne au comte Loris-Mélikov des pouvoirs discrétionnaires avec pour mission d'éradiquer le terrorisme. Celui-ci cependant aura raison du souverain et de sa toute puissance.



Le dimanche 13 mars 1881, à Saint-Pétersbourg un commando, placé sous les ordres de Sophie Perovski, la fille de l'ancien gouverneur militaire de la capitale des Tzars ( !), passe à l’action. Ce jour-là, après la traditionnelle relève de la garde, le coupé impérial s'engage sur le quai du canal Catherine, où sont postés quatre terroristes. Le souverain échappe à la première bombe lancée, non à la deuxième qui l’atteint alors qu’il circule au milieu des morts et des blessés. Il succombe dans l’après-midi et, avec lui, s’éteint la volonté de réformer la Russie, au moment où les Zemtsva rurales et les Doumas urbaines allaient être associées à l’élaboration des lois… Afin de rendre hommage à Alexandre II, une église, l'église Saint-Sauveur sur le Sang versé (Spasna Kravi) est construite quelques années plus tard à Saint-Pétersbourg, sur le lieu même de l'attentat commis contre Alexandre II.