|
A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.
|
|
| |
sur 19e.org |
|
|
|
Vous êtes ici :
>
ABD EL-KADER
|
|
ABD EL-KADER
(Mascara, 6
septembre 1808 - Damas,
26 mai 1883)
Algérien.
Homme
politique et religieux.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1830,
prise d'Alger par les troupes françaises.
1832, élu Sultan.
1837, traité de la
Tafna.
1844, prise de
sa Smala par les Français.
1847, se rend
au Duc d'Aumale.
1848-1852,
prisonnier en France.
1855,
s'établit à Damas.
|
|
Abd el-Qadir Nasr-Ed-Din
naît le 6 septembre 1808,
dans la région de Mascara, à la Guetna de l'oued al-Hammam. Il est le
quatrième fils de Zohra bint Sidi Omar Doukha et d'Abd el-Kader Mehi-Ed-Din.
Ce dernier, qui est le moqaddem de la confrérie soufie des Qadiriyya, un
chef religieux donc, destine l’enfant à lui succéder. Aussi Abd el-Kader reçoit une éducation
religieuse, à Arzew en 1822, puis à Oran dans l'école de Si Ahmad ben
Khodia, un grand intellectuel. A l'âge de quinze ans, il se marie à sa
cousine, Leila Kheira bint Abu Taleb. Avec son père, le jeune musulman
effectue en 1828 un pèlerinage à La Mecque, en Arabie, marqué également
par un séjour à Damas, Bagdad et Jérusalem.
A leur retour, ils doivent faire face aux troupes
françaises. En 1830, Abd el-Kader succède à son père à la tête des tribus de
la région d'Oran et de Mascara et s’engage dans la lutte armée face à
l’occupant. Le chef de guerre refuse de s’allier avec le bey d’Oran,
qui est aussi le symbole de l'autorité turque, et reconnaît l’autorité
du sultan du Maroc. Déçu par celui-ci, Mehi-Ed-Din proclame la Djihad, la
guerre sainte, contre les Français, avant qu’une assemblée des tribus,
le 22 novembre 1832, ne proclame son fils sultan. Abd el-Kader, qui préfère
le titre d'émir, ambitionne dès lors de créer un État algérien. Alors que son prestige
grandi, le général Desmichels accepte de traiter et de conclure avec lui
un accord de paix, le 26 février 1834. Celui-ci devait permettre aux Français
d’établir un protectorat sur le beylik d'Oran, après qu’Abd el-Kader
eut fédéré les tribus rebelles sous son commandement. Aussi reçoit-il le
titre de Commandeurs des Croyants.
Les hostilités reprennent
rapidement cependant, le général Desmichels étant remplacé par le général
Trézel. Abd el-Kader et ses troupes remportent une victoire face aux Français
à la Macta, le 28 juin 1835. Ceux-ci mènent une contre-offensive et
s’emparent en décembre de Mascara et de Tlemcen. L’année suivante, le
général Bugeaud est nommé en Algérie. Le 6 juillet 1836, il remporte au
bord de la Sikkak une importante victoire sur les hommes de l'émir. Le
gouverneur général, le général Clauzel décide alors d’une expédition
vers l’Est, sur Constantine. L'échec de l'entreprise décide de son remplacement par le général
Damrémont. Rappelé en Algérie, Bugeaud négocie avec Abd el-Kader et
signe le traité de la Tafna, le 20 mai 1837. Dans les mois qui suivent, si
les Français s’emparent de Constantine, le 13 octobre 1837, l’émir en
profite pour se donner une armée régulière de 10.000 hommes et pour
organiser en huit califaliks son territoire.
Au mois d’octobre 1839, le
nouveau gouverneur, Valée, décide d’une nouvelle expédition, sur Hamza
cette fois-ci. Considérant
l’offensive comme une violation du traité, Abd el-Kader et ses soldats
gagnent la plaine de la Mitidja et y ruinent les établissements français.
Nommé gouverneur général de l'Algérie, le 29 décembre 1840, le
général Bugeaud décide
d’une nouvelle stratégie face à l’émir, la guerre totale. Les Français
s’en prennent en effet aux alliés d’Abd el-Kader, aux populations qui
le soutiennent en confisquant les troupeaux, en détruisant les récoltes et
les silos à grains. Sur le plan militaire, les effectifs des troupes présentes
en Algérie sont renforcés et réorganisés. Afin de leur donner une plus
grande mobilité, sont créées des colonnes de 6 à 7.000 hommes, à
l’équipement allégé. Abd el-Kader est prêt lui-aussi à soutenir un
effort de guerre. Son administration lève l’impôt, frappe une monnaie -
le boudiou -, tandis que sont installées des fabriques d’armes.
Après l’incendie de Tagdempt, la cité dont il a fait sa capitale, les villes sous l’autorité Abd el-Kader tombent aux mains des Français.
Celui-ci est contraint à la mobilité, ses troupes renouant
ainsi avec leur ancienne tradition de nomadisme. Son camp, la smala, dont la défense
est assurée par des cercles concentriques de combattants, comptera 20 à
30.000 occupants. Le 16 mai 1843, les troupes du duc d'Aumale, le cinquième
fils du roi Louis-Philippe, s’en emparent près du puits de Taguine, au
Sud-Ouest de Bouge. L’année suivante, le 14 août, Bugeaud, devenu maréchal,
remporte la bataille de l'Isly face aux Marocains. Abd el-Kader ne peut dès
lors plus compter sur l’aide d’Abd er-Rahman, qui signe le traité de
Tanger, le 10 septembre 1844, avec les autorités françaises. Réduit à opérer
par coups de mains, le sultan algéien se rend le 23 décembre 1847 au duc
d'Aumale, devenu gouverneur de l'Algérie, et au général Lamoricière, après
trois années d’une lutte de guérillas.
Malgré la promesse qui lui est faite d’une captivité en terre d’Islam, Abd
el-Kader arrive à Toulon, le
10 janvier 1848, en compagnie de sa famille. Il demeurera près de cinq années
prisonnier en France, de janvier 1848 à septembre 1852. Après trois mois
passés au fort Lamalgue, à Toulon, l’émir est transféré au château
d'Henri IV à Pau, avant d’être installé au mois de novembre 1848 à
Amboise. Là, il reçoit le 16 octobre 1852 la visite de Napoléon III, qui
l’invite à Paris. L’hôte de l’Empereur des Français, après un séjour
dans la capitale, gagne Marseille au cours d’un voyage triomphal, d’où
il s’embarque pour la Turquie, le 21 décembre 1852.
A Istanbul, le 7 janvier 1853, Abd
el-Kader se rend ensuite à Bursa, au sud de la mer de Marmara. Il y résidera
deux années, grâce notamment, à une pension de 150.000 F. versée par le
gouvernement français. Après la destruction de la ville par un tremblement
de Terre et une visite à Paris lors de l'exposition universelle de 1855,
Abd el-Kader s’établit à Damas en novembre 1855, se rapprochant ainsi
des Lieux Saints de l'Islam. Toujours aussi influent aux seins des
populations musulmanes, il tente de protéger les Chrétiens maronites persécutés
par les Druzes de Syrie, en juillet 1860. Ceux-ci ne sont-ils pas des dhimmi,
que tout croyant doit respecter. En remerciement, Napoléon III lui décerne
peu après la Légion d'Honneur.
Grand connaisseur de la civilisation européenne, Abd
el-Kader entretient une correspondance avec les journaux français et
anglais. Ceci lui vaut une grande popularité. En 1864, il est initié à la
franc-maçonnerie par le Grand Orient de France, avant d’entamer son
second pèlerinage
à La Mecque. Abd el-Kader figure parmi les invités officiels de la France
lors de l’inauguration du canal de Suez, le 17 novembre 1869. Après la
chute du Second Empire et la défaite de la France en 1870 face aux armées
prussiennes, suivies de la révolte en 1872 en Kabylie et dans les Aurès,
sévèrement réprimée, Abd el-Kader se retire de la vie
publique et politique. Il se consacre désormais à la méditation et à la
publication d’œuvres pieuses.
Abd el-Kader décède à Damas, le 26 mai 1883.
|