Demier Francis, La France du XIXème Siècle (1814-1914), collection " Points-Histoire ", Le Seuil, Paris, 2000, 602 pages.


La plus récente des synthèses en langue française, qui prend d'ailleurs en compte l'ensemble des acquis historiographiques (y compris ceux de l'histoire culturelle, l'évolution de l'histoire sociale ...).

Un outil de travail qu'accompagne un solide appareil critique (une coutume ancestrale qui a tendance a tombé en désuétude dans l'édition française ...) : chronologie, bibliographie, notices biographiques ...

A posséder dans sa bibliothèque.

Duroselle Jean-Baptiste., Clemenceau, Paris, Fayard, 1989, 1077 pages.



Une grande biographie, celle du " Tigre ", le " tombeur de ministère ".

Un volume qui embrasse cinquante années de notre vie politique, de la Commune et de ses drames au règlement du premier conflit mondial.

La " ligne bleue des Vosges ", l'installation de la République, l'Affaire Dreyfus, le " briseur de grève " à l'œuvre.

Car il n'est pas de meilleure histoire politique que celle qui s'incarne dans le temps et dans l'action.

Girard Louis, Napoléon III, Fayard, Paris, 1986, 550 pages.



Précédent la vogue actuelle du personnage, la réhabilitation en cours de son actif, la biographie de référence par un grand connaisseur de la période.

L'opposant sous la Monarchie de Juillet, devenu le premier Président de la République de notre histoire.
Enfin le souverain du Second Empire, qui imposa son pouvoir par la force, à la suite d'une terrible répression, celle de la résistance à son coup d'Etat.

L'esprit du premier XIXème siècle, qui balance entre monarchie, république et empire.

Rémond René, Les Droites en France, Aubier, Paris, 1982, 544 pages.



A actualiser bien sur, puisque la fameuse théorie des 3 droites (légitimiste / orléaniste / bonapartiste) du maitre de l'histoire politique date d'un demi-siècle.

Une grande leçon d'histoire cependant. Car les choix politiques d'aujourd'hui trouvent leurs origines dans le passé. C'est une chose entendu. Mais les opinions politiques des Français également, qui sont des données culturelles.

A méditer.

Agulhon (Maurice) et Bonte (Pierre), Marianne. Les visages de la République, collection " Découvertes ", Gallimard, Paris, 1992, 128 pages.


Petit livre par le nombre de pages, mais d'un grand confort de lecture, comme ses semblables. Une collection attractive.

Il est également le fruit des travaux de Maurice Agulhon, sur le républicanisme des XIXème et XXème siècle, de son incarnation la plus évidente, Marianne.

Car la vie politique est également symboles, rites, cercles de sociabilité. C'est ce que nous a réappris l'auteur.

Nora Pierre (Sous la direction de), Les Lieux de mémoire, 3 tomes et 7 volumes, Paris Gallimard, 1984-1992.

Des articles volumineux, de grandes signatures ... qui analysent les principaux éléments du répertoire de la culture politique française.

Une entreprise foisonnante.

Girardet Raoul, Mythes et Mythologies politiques, Paris, Le Seuil, 1986, rééd. coll. " Points Histoire ", 1990.



Une analyse structuraliste de la vie politique française autour de quatre grands mythes récurrents de notre imaginaire collectif : la Conspiration, le Sauveur, l'Age d'Or et l'Unité.

Raoul Girardet nous montre combien leur réactivation coïncide toujours avec des phases de crise. Facteurs d'équilibre social, ils assurent ainsi une double fonction en tant que récits à caractère explicatif du présent et puissances mobilisatrices.

Edifiant !

Boutry Philippe, Prêtres et Paroisses au pays du curé d'Ars, Paris, Le Cerf, 1986, 706 pages.



L'historien nous fait revivre le quotidien des prêtres dans leur paroisse sous le régime concordataire. Au cœur du siècle, il est le plus souvent seul face aux problèmes de société, ceux de son temps, aux tensions dans la communauté villageoise.

La déchristianisation et l'éclatement des sociétés rurales, l'irruption du suffrage universel et le triomphe de l'anticléricalisme au village à la fin du siècle, mais aussi l'évolution des formes de dévotion.

Une porte d'entrée dans le siècle.

Chaline Nadine Josette (Dir.), Ces églises du XIXème siècle, Amiens, Encrage, 1993.


Le XIXème siècle est une période de bouleversement du paysage rural, architecture comprise. Nombre des églises de France ont été élevées à cette époque.

Rencontre avec les architectes et les styles, les populations et les formes de dévotion, les enjeux de l'époque.

Corbin Alain, Les Cloches de la Terre. Paysage sonore et Culture sensible dans les Campagnes du XIXème Siècle, Albin Michel, Paris, 1993, 359 pages.



Le son des cloches rythme alors les relations entre les individus et les communautés rurales.

C'est tout un langage que nous restitue l'historien et qui nous fait ainsi pénétrer à l'intérieur des mentalités, des conflits de voisinage, des luttes entre le curé et l'instituteur ... Une lecture de la culture sensible du XIXème siècle.

Ou comment la République a capté le sentiment de la localité au profit de l'identité nationale.

Verley Patrick, Entreprises et entrepreneurs du XVIIIe siècle au début du XXe siècle, Hachette, Coll " Carré ", 1994, 255 pages.



Comment réunir le capital nécessaire à la création d'une entreprise? Quelles stratégies adopter pour la faire perdurer ? Qui sont les créateurs d'entreprise au XIXème siècle ? ...

Par le grand spécialiste de l'industrialisation au cours du siècle.

Un livre devenu introuvable. Une réédition s'impose.

Bouvier J., Les Deux Scandales de Panama, collection " Archives ", Julliard, 1964, 208 pages.


Le scandale politico-financier du siècle. Le tiers des députés de la Chambre concerné, peut être. Les " chéquards " et la République corrompue.

Et derrière cette façade amplement médiatisée (déja !) une juteuse opération financière orchestrée par les grandes banques de l'époque. Qui passera inaperçue ...

Dans une collection qui a fait date, les " archives " Julliard ", dont quelques titres sont toujours édités chez Gallimard (" Folio '"). Du texte, de l'image, des commentaires, un récit.

Dewerpe A., Le Monde du Travail en France, 1800-1950, Armand Colin, Paris, 1998, 170 pages.


Une grande synthèse qui montre à quel point les historiens ont à présent une vision précise du " monde du travail " au XIXème siècle.

Dans l'industrie et à l'usine, lors de la première ou de la deuxième industrialisation, entre deux systèmes techniques, les formes de production et de financement, la vie à l'usine, des lieux et des réseaux, les modes de vie et de pensée des " ouvriers " et des " patrons " ...

Une somme.

Weber Eugen, La Fin des Terroirs. La Modernisation de la France rurale, 1870-1914, collection "Recherches", Fayard, Paris, 1983, 848 pages.

L'ouvrage de l'historien californien,  a été abondamment commenté lors de sa parution. Et pour cause, selon l'auteur, les habitants des campagnes ne se sentaient que peu concernés par la vie politique nationale, avant de devenir Français (!) avec le service service militaire, l'école primaire obligatoire, la venue du chemin de fer ... Avec l'unification du territoire, les coutumes locales s'estompent lentement, à la fin du siècle.

Un gros ouvrage, qui fourmille d'anecdotes grâce à l'utilisation de sources variées (les archives judiciaires, les récits de voyageurs ...). A la portée de tous.

Wiscart Jean-Marie, La Noblesse de la Somme au XIXème Siècle, Encrage, Amiens, 1994, 254 pages.

Que devient la noblesse,  après une révolution qui a, en apparence,  bouleversé l'ordre social ? Voilà la réponse.

Dans la Somme, ces grands notables, dont l'idéal est de " vivre du sien " évoluent à l'intérieur de leur caste et entendent " tenir leur rang ". Pour cela, ils leur faut diversifier leurs sources de revenu (en investissant), avoir le soucis de l'éducation de leurs enfants et agir sur le siècle.

Entre archaïsme et modernité.

Martin-Fugier A., La place des bonnes : la domesticité féminine à Paris en 1900, Paris, Grasset, 1979.

Nombreuse, la domesticité parisienne est aussi expatriée. Venues de Bretagne ou d'ailleurs, à l'intérieur du foyer des " maitres ", les bonnes se voient imposer un genre de vie, un idéal de comportement.

Plus qu'une étude sur ces domestiques, c’est en fait davantage une description de l’imaginaire bourgeois à leur sujet qu’il s’agit, celui-ci se nourrissant de sources littéraires.

Un livre pionnier sur l'histoire des femmes et sur celles des représentations.

Nourrison Didier, Le Buveur du XIXème Siècle, Albin Michel, 1990, 383 pages.



L'élévation du niveau de vie et de la production ont banalisé le consommateur de bière, de vin, d'absinthe, au café, cabaret ... Boire est un rite de sociabilité.

Mais l'alcoolique est aussi un patient identifié par le médecin dès  1855. A tel point que la société prend peur et que les discours hygiénistes se multiplient.

Une histoire totale.

Mollier Jean.-Yves, Louis Hachette, Fayard, Paris, 1999, 554 pages.



Comme toutes les grandes biographies, celle de Louis Hachette fournit une porte d'entrée de choix dans le siècle.

Ici donc le monde de la culture et des lettres, un marché en plein développement. Car Louis Hachette est aussi un chef d'entreprise qui doit définir des stratégies économiques.

Une autre manière de percevoir le phénomène littéraire.

Kalifa Dominique, L'Encre et le Sang. Récits du crime et société à la Belle Époque, Paris, Fayard, 1995, 351 pages.



Le fait divers naît au tournant du siècle, comme notre société médiatique, à grands coups de " Suppléments illustrés " du Petit Journal, de ses alter ego. Cette presse populaire et quotidienne tire a des millions d'exemplaires diffusant l'information, mais aussi les stéréotypes, jouant sur l'émotion, la violence des scènes évoquées ...

L'auteur nous montre également que le récit du crime inspire les feuilletonistes, les journalistes, les romanciers et hante l'imaginaire collectif.

Ozouf Jacques, Nous les Maîtres d'École, Autobiographies d'Instituteurs de la Belle Époque, collection " Archives ", Julliard, Paris, 1967, 269 pages.



Une Enquête exceptionnelle !

Soixante années après, sur l'initiative de Jaques Ozouf, quatre mille instituteurs et institutrices se sont replongés dans leurs souvenirs  de jeunesse. Ils ont retrouvé dictées et " préparations ", déballé leurs lettres et autres cahiers d'écoliers. Et ils nous racontent ce que fut leur métier avec ses joies et ses luttes, celles des " hussards noirs de la République ", selon les mots de Péguy.

Roth François, La Guerre de 70, Hachette, Paris, 1993, 778 pages.

Un grand récit. Avec le soucis du détail et de la clarté, l'auteur nous replonge dans ces événements à présent lointain, mais qui sont aussi un des grands legs du XIXème siècle aux générations futures.

L'Alsace-Lorraine, la Commune de Paris, la détestation du Prussien, la Revanche ... En germe, nous retrouvons les deux guerres mondiales de 1914-1918 et 1939-1945.

" L'année terrible " .

Rougerie Jacques, Paris insurgé. La Commune de Paris de 1871, collection " Découvertes ", Gallimard, 1995, 160 pages.



Par le spécialiste de la Commune de Paris, Jacques Rougerie, un petit livre qu'accompagne une abondante iconographie, unie au texte, suivant les principes de cette collection.

L'insurrection des Communards, la lutte face aux Versaillais, la législation fiévreuse de ces semaines de siège ... , une histoire - treize décennies plus tard ! - qui se veut dépassionnée.

Bredin Jean-Denis, L'Affaire, Fayard, 1993, 856 pages.



Une somme, le livre de référence sur l'Affaire.

Il faut se plonger dans ces abondantes pages pour voir à quel point cette dernière décennie du siècle et la vie des Français a été marquée par les multiples rebondissements de l'Affaire Dreyfus.

Politique, médias, religion, vie sociale, armée ... tous les faits se mêlent et s'entremêlent, car, à l'époque, on est dreyfusard ou antidreyfusard !

Ageron Charles-Robert et Coquery-vidrovitch Catherine, Histoire de la France coloniale, Tome 1, La Conquête. Des origines à 1870, Presses Pocket, Paris, 1996, 840 pages. 



Depuis les années 1980, mais le phénomène a pris de l'ampleur au cours de ces deux dernières décennies, des équipes d'historiens se sont lancées dans la constitution de sommes, " Histoire de la France ... " et autres dictionnaires.

Ainsi, en ces temps où le passé colonial de la France n'en finit pas d'alimenter le débat public, les historiens peuvent montrer qu'ils se sont depuis longtemps saisis de l'objet historique, la colonisation. La preuve en trois forts volumes.

Custine Astolphe de, Lettres de Russie, collection " Folio ", Gallimard, Paris, 1975, 414 pages.



Une tradition littéraire déjà longue, celle des souvenirs de voyage, mais ces derniers inaugurent une série qui se poursuivra notamment avec Gide en d'autres temps, celle du voyage en Russie.

Et déjà, quelques clichés s'imposent au regard de l'étranger pourtant bien encadré : le caractère autocratique du pouvoir tsariste à l'œuvre, l'omniprésence de sa police et l'immense souffrance du peuple russe.

Un classique du genre.

Nadaud Martin, Léonard, maçon de la Creuse, La Découverte, Paris, 1998, 414 pages.



Nous possédons quelques dizaines de témoignages issus des classes populaires pour l'ensemble du siècle. Parmi ceux-ci, les écrits de Martin Nadaud nous restitue ce que fut le compagnonnage, l'artisanat à l'époque.

Né en 1815, maçon à quatorze ans sur les chantiers du bâtiment à Paris, candidat à la députation en 1848, proscrit par l'Empire, député de la Creuse sous la Troisième République.

Un parcours atypique bien sur qui nous valent ces mémoires

Chateaubriand François-René, Mémoires d'outre-tombe, 3 volumes, Paris, LGF - Livre de Poche, 2001.


Les écrits intimes se sont multipliés au XIXème siècle, qui mettent en scène l'histoire pour notre plus grand plaisir, qu'ils soient issus du monde des humbles ou de celui des puissants.

Comme les Mémoires du Duc de Saint-Simon ou les Lettres de Madame de Sévigné en d'autres temps, les Mémoires d'Outre-tombe sont cependant entrées dans notre patrimoine littéraire.

Pour mémoire, citons : " Tout à coup une porte s'ouvre : entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché ".