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1852,
le
rétablissement de l'Empire.
Lettre
du comte de Chambord aux Français
dénonçant le caractère illusoire
du rétablissement de l'Empire,
25 octobre 1852.
par Marc Nadaux
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Fils posthume du duc de Berry, petit-fils de
Charles X, Henry, comte de Chambord, suivit sa famille en exil en 1830, en
Écosse, puis en Autriche, à Frohsdorf. A la mort de Charles X en 1836,
il devient le chef des légitimistes, sous le nom de Henri V. Cependant,
son obstination à conserver ses principes absolutistes empêche en 1850,
à la mort de Louis-Philippe, la "fusion" avec la branche rivale
des orléanistes, préalable nécessaire à une éventuelle restauration
monarchique. Le comte de Chambord se contente de rester en relations avec
ses partisans auxquels il recommande de ne plus participer à la vie
politique, d'adresser des lettres et manifestes aux notables.
Ainsi, en 1852, le prétendant transmet ce document, remis par la suite à
la police par Maître Olry, notaire à Gondrecourt, et rédigé à
Frohsdorf le 25 octobre 1852. A cette date, le rétablissement de l'Empire
suivant la volonté du Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte semble
imminent. Coroyany en son destin national, il dénonce ainsi le caractère
illusoire d'une monarchie fondée sur "le nom et le souvenir de Napoléon"
et y réitère son attachement à la "Monarchie véritable, la
Monarchie traditionnelle, appuyée sur le droit héréditaire... et unique
port de salut..." pour la France. |
Frohsdorf, le 25 octobre
1852,
Français,
En présence
des épreuves de ma patrie, je me suis volontairement condamné à
l'inaction et au silence. Je ne me pardonnerai pas d'avoir pu, un seul
moment, aggraver ses embarras et ses périls. Séparé de la France, elle
m'est chère et sacré autant et plus encore que si je ne l'avais jamais
quitté. J'ignore s'il me sera jamais donné un jour de revoir mon pays ;
mais je suis bien sur qu'il n'aura pas à me reprocher une parole, une démarche
qui puisse porter la moindre atteinte à sa prospérité et à son
repos. Son honneur comme le mien, c'est le soin de son avenir, c'est mon
devoir envers lui qui me décident à élever aujourd'hui la voix.
Français, vous voulez la Monarchie, vous avez reconnu
qu'elle seule peut vous rendre avec un gouvernement régulier et stable
cette sécurité de tous les droits, cette garantie de tous les intérêts,
cet accord permanent d'une autorité forte et d'une sage liberté, qui
fondent et assurent le bonheur des nations. Ne vous livrez pas à des
illusions qui tôt ou tard vous serez funestes. Le nouvel empire qu'on
vous propose ne saurait être cette monarchie tempérée et durable dont
vous attendez tous ces biens. On se trompe et on vous trompe quant on vous
les promet en son nom. La Monarchie véritable, la Monarchie
traditionnelle, appuyée car le droit héréditaire et consacrée par le
temps, peut seul vous remettre en possession de ces précieux avantages,
et vous en faire jouir à jamais. Le génie et la gloire de Napoléon
n'ont pu suffire à fonder rien de stable ; son nom et son souvenir y
suffiraient bien moins encore. On ne rétabli pas la sécurité en ébranlant
le principe sur lequel repose le trône, et on ne consolide pas tous les
droits en méconnaissant celui qui est parmi nous la base nécessaire de
l'ordre Monarchique. La Monarchie en France, c'est ma maison Royale de
France, indissolublement unies à la Nation. Mes peines et les votres ont
traversé les siècles, travaillant de concert, selon les moteurs et les
besoins du temps, au développement de notre belle patrie. Pendant
quatorze cents ans, seuls entre tous les Peuples de l'Europe les Français
ont toujours eu à leur tête des princes de leur nation et de leur sang.
L'histoire de mes ancêtres et l'histoire de la grandeur progressive de la
France, et c'est encore le Monarchie qui l'a doté de cette conquête
d'Alger, si riche d'avenir, sir riche déjà par les hautes renommées
Militaires qu'elle a créées, et dont la gloire s'ajoute à toutes vos
gloires.
Quels que soient sur vous et sur moi les desseins de Dieu,
rester chef de l'antique race de vos Rois, héritiers de cette longue
suite de Monarques, qui durant tant de siècles ont incessamment accrus et
fait respecter la puissance et la fortune de la France, je me dois à moi
même, je dois à ma famille et à ma patrie, de protester hautement
contre des combinaisons mensongères et pleines de dangers. Je maintiens
donc mon droit qui est le plus sur garant des votres, et prenant Dieu à témoin,
Je déclare à la France et au Monde, que fidèle aux lois du Royaume et
aux traditions de mes aïeux, je conserverai religieusement jusqu'à mon
dernier soupir le dépôt de la Monarchie Héréditaire dont la Providence
m'a confié la garde, et qui est l'unique port de Salut, où après tant
d'orages cette France, objet de tout notre amour pourra retrouver enfin le
repos et le bonheur.
Henry.
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