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                                                   Le général Boulanger   Dans la Somme

 

Le boulangisme dans le département de la Somme
(1886-1889).




Premier tour des élections municipales à Amiens, 6 mai 1888.

Appel du comité boulangiste aux électeurs.


par Marc Nadaux


 





Alors qu'à Paris, la vie politique est dominée par Jules Ferry et les opportunistes, à Amiens, Frédéric Petit est maire depuis 1884 et sénateur du département de la Somme depuis 1886. Aux élections municipales, il conduit de nouveau une liste soutenue par Le Progrès de la Somme, tandis qu'une "liste de Protestation patriotique" lui fait face.  Celle-ci est composée de notables et de représentants des milieux populaires, auxquels s'ajoute le nom de l'illustre écrivain Jules Verne.

Cet appel du Comité boulangiste adressé aux électeurs amiénois permet d'apprécier certains caractères propres au boulangisme. Ce mouvement s'adresse à un électorat populaire et dénonce le parlementarisme, qui conduit au pouvoir des affairistes corrompus. Sont ainsi directement visés par ce discours les opportunistes et Jules Ferry. Le général Boulanger flatte également le sentiment nationaliste des Français en incarnant la Revanche.








Appel du comité boulangiste aux électeurs.



 

Une nouvelle très importante nous arrive :


Le général Boulanger, que Paris et toute la France acclament, quoi qu'en dise le ferrvste Frédéric Petit où son obscur Progrès de la Somme, le général Boulanger doit, sous peu de jours, venir à Amiens.
Puisque l'illustre soldat veut bien honorer de ses sympathies notre patriotique population, nous .ne pouvons mieux reconnaître l'intérêt qu'il nous porte qu'en faisant triompher son nom dans nos élections municipales,


Boulanger sera notre candidat d'honneur.


Sa victoire à Amiens sera celle d'un vrai républicain, d'un homme qui aime le peuple autrement qu'en paroles.
Ce sera la déroute complète, irrémédiable de l'ignoble Jules Ferry, dont l'affreux autocrate Frédéric Petit est, chez nous, le triste porte-drapeau.
Ce sera la sanglante protestation, la revanche éclatante de la population, tout entière, contre les roquets, les petits tyrans de l'Hôtel-de-Ville qui méprisent et rudoient les travailleurs, qui n'aiment le peuple que pour diminuer son salaire et .... augmenter ses impôts.
Est-ce que M. Frédéric Petit n'a pas toujours grossièrement bousculé les malheureux ouvriers sans travail ?
Malgré ses belles promesses, n'a-t-il pas toujours été orgueilleux, insolent, impitoyable avec les pauvres gens qui ne trouvent pas à gagner leur vie ?
A défaut de pourboire, dit-on, ce vieil avare de Louis-Philippe donnait encore la main... au cocher qui le conduisait. Frédéric Petit, lui, comme un noble de l'ancien régime, le renvoie brutalement, sans un sou d'indemnité, après l'avoir gardé de 8 heurtes du soir à 5 heures du matin. Ce fait, qui dit bien l'homme. s'est passé il n y: a pas 15 jours.
Voilà le grotesque ami des travailleurs, voilà le protecteur des humbles. Oui, le voilà cet homme qui n'a plus que dédain aujourd'hui pour le peuple qui a tout fait pour lui !
C'est du propre !
Ce n'est pas tout.
M. Decaix-Matifas, le " compteur de craque ", et ses dignes compères, n'ont-ils pas voulu nous refuser MÊME DE L'EAU.
Tout cela est-il vrai, .oui ou non ?
Serrez donc les rangs, braves et honnêtes travailleurs d'Amiens, souvenez-vous de tout ce que vous avez souffert, protestez contre vos humiliations et supprimez, comme une simple procession, le Tonkinois Frédéric, Petit , et sa bande d’opportunistes.
Faites-lui, une fois pour toutes, un enterrement électoral gratuit et de première classe, à ce maire lugubre des Pompes Funèbres ; votez, votez tous pour Boulanger et sa liste, LA SEULE BONNE, qui ne contient que des noms populaires, sans préoccupations de coterie politique.
Car peu importe que les candidats par vous choisis ne pensent pas idendiquement sur tel ou tel point de détail.
Dans une politique large. indépendante et vraiment nationale, comme la nôtre, on ne s'arrêta pis aux vétilles.
L'essentiel est de crier : A l'assaut et de terrasser d'abord, ici, le Pape têtu de l'Hôtel-de-Ville, dont on a bêtement exagéré l'importance.
Nous y arriverons.


Ouvriers, nos Amis,


Surtout ! ne vous attardez ,plis à écouter les conseils hypocrites du Progrès de la Somme, ce journal malade, qui défend, par tous les moyens, la candidature plus malade encore du Petit, son "  patron. ".
Cela sent trop mauvais.
Montrez que vous êtes des hommes libres, faites crânement, énergiquement votre devoir.
Prouvez que vous en avez assez du prétendu républicain Petit, de cet ennemi du peuple qui vous traite en vils esclaves, qui prétend vous tenir courbés sous sa férule, vous électeurs de la grande ville d'Amiens ! comme n'oserait même pas le faire un " Calotin " de village !!!


Écoutez bien !


Si, comme c'est probable, quelques bandits payés par nos adversaires, s'avisent de faire disparaître une partie de nos bulletins, vengez-vous au moins, ah ! vengez-vous et, sur les autres listes qu'on vous donnera, remplacez simplement, sans commentaire, le nom de Frédéric Petit par ce nom glorieux :


Général BOULANGER


Et pardessus tout, de la discipline !
Dans votre intérêt à tous, sans discuter, sans chicaner sur tel ou tel nom, car on ne pourra jamais faire une liste contentant tout le monde, marchez bravement à l'ennemi, comme en 1870, sous la conduite du général .populaire.
Votre victoire est assurée, parce que cette fois, nous vous le jurons, on ne pourra plus escamoter les voix obtenues par le général et les ranger parmi les bulletins divers !
Nos adversaire ont beau ricaner, provoquer, insulter, allez, allez ! bientôt ils riront jaune. Boulanger est aujourd'hui l'épée vengeresse et frémissante du peuple indigné contre les gredins opportunistes. Voilà pourquoi les faux patriotes le détestent. Nos adversaires, jaloux de sa popularité merveilleuse, accusent le général de vouloir la guerre.
C'est une ineptie et un mensonge.
Ce que veut Boulanger, c’est organiser l'armée ; il veut que l'on soit sérieusement prêt à toute éventualité ; il veut que les Prussiens nous trouvent trop forts et n'osent pas nous attaquer.
Eh bien, si c'est là pousser à la guerre, nous n'avons plus qu'à renvoyer Frédéric Petit et les fous qui le suivent au bel asile de Durv !
Le général Boulanger veut encore que l'armée, qu'il aime, ne crève pas de faim, que nos enfants, nos chers soldats, soient bien traités, qu'on ne leur expédie pas des cartouches pour du pain, ou des guêtres pour de la poudre, si jamais Jules Ferry, l'ami de Frédéric Petit, mous forçait à faire la guerre en Europe comme il nous a déjà forcés de la faire à Tunis et au Tonkin. Nos adversaires, en détresse, qui essaient de réussir par surprise, en escroquant les voix des électeurs naïfs, osent prétendre encore que Boulanger est un réactionnaire !
Le général Boulanger est assez fort pour regarder en face tous les partis; il est actuellement plus puissant que ne l'a jamais été Gambetta, et ne soutient qu'une politique, la sienne, celle du grand Parti National.
Cette politique, franche et loyale, est ouverte à tous les cœurs honnêtes ; cette politique, c'est la Paix, par le respect de la France, le travail tranquille et assuré, la liberté pour tous, la prospérité pour tous, en un mot la vrai fraternité républicaine.
C'est précisément ce que ne veut pas Jules Ferry et son porte-queue Frédéric Petit.
Telle est la vérité, la vérité absolue.
Entre Ferry le lâche et Boulanger le brave, hésiterez-vous ?
Entre Frédéric Petit-Ferry, qui ne fut même pas garde national actif, et qui disait partout, à la veille de la guerre, qu'il ne fallait plus d'armée, entre le cochinchinois Petit et le chevaleresque Boulanger vous n'hésiterez pas, vous ne pouvez hésiter.
Vous ne voulez pas qu'on se moque de vous à perpétuité.
Vous ne voterez pas pour les hommes du Progrès, pour ces fumistes, ces jouisseurs qui ne vous donneraient pas un sou, si vous aviez faim.
Boulanger, lui, ne vous trompe pas.
Il n'a peur de rien et se moque de tout - excepté du peuple.


ÉLECTEURS D'AMIENS,


Pouvez-vous, décemment, voter pour la liste fabriquée par PETIT et patronnée par les RIVILLON, les D'ANNS, et autres FRANCIS FRANÇOIS ?
Pouvez-vous aimer et approuver Frédéric Petit, le protégé de l'infâme Ferry, la honte de la France, qu'on a appelé, en pleine chambre des députés, " le dernier des lâches et le roi des menteurs " ?


Patriotes Picards !


Nous connaissons votre intelligence et votre loyauté.
Vous chasserez, vous culbuterez définitivement les fourbes, les partisans de Frédéric Petit, les jésuites opportunistes du Conseil municipal.
Vous voterez, voue voterez, en masse, pour la LISTE DE PROTESTATION PATRIOTIQUE, pour LA LISTE DU GÉNÉRAL BOULANGER.
Et ainsi, le scrutin du 13 Mai sera pour nous tous, un scrutin de délivrance !