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                                                                 Les candidatures officielles

 

Les candidatures officielles.


Les élections législatives en Côte d'Or, 1863 :
profession de foi des candidats.



par Marc Nadaux







Charles Floquet sera ministre de la Troisième République. En attendant cette consécration politique, il mène campagne sous le Second Empire dans le département de la Côte d'Or. Son adversaire, Armand Rolle, qui bénéficie de l'avantage souvent décisif de la candidature officielle, sera victorieux et siègera jusqu'en 1870 au Corps législatif.

Deux discours de natures différentes sont proposés à la lecture des électeurs. L'un s'emploie à convaincre, en exploitant le thème du développement économique, c'est celui du candidat officiel dont la proximité du pouvoir peut avantager le département. L'autre est d'avantage un manifeste en faveur d'une libéralisation des institutions et des mœurs politiques. 








Affiche électorale d'Armand Rolle, candidat officielle.
Profession de foi de Charles Floquet, candidat de l'opposition.








AFFICHE ÉLECTORALE D'ARMAND ROLLE,
CANDIDAT OFFICIEL.



Élections des 31 mai et ler juin 1863


Messieurs et chers concitoyens,


Candidat du gouvernement de l'Empereur, je viens solliciter l'honneur de vous représenter au Corps législatif.

Je suis bourguignon et j'appartiens à une famille intimement liée au pays par une étroite communauté d'idées de sentiments et d'intérêts.

En 1792, mon grand père partait, capitaine des volontaires de la Côte d'Or, pour repousser l'invasion étrangère ; de 1827 à 1863, pendant une période de quarante années, M. Louis-Bazile, mon oncle a été votre député, et à travers toutes les vicissitudes de la politique, il s'est toujours montré fermement attaché aux principes d'ordre et de liberté.

Cette origine bourguignonne, ces services, ces sentiments de libéralisme invariable, les fonctions que depuis dix ans je remplis au Conseil d'État, tels sont les titres que j'invoque aujourd'hui pour obtenir votre confiance.

Chers concitoyens, je comprends toute l'importance du mandat que je sollicite, permettez moi de vous dire comment j'entends en remplir les devoirs.

Entré dans la vie politique à l'avènement de l'Empire, je suis profondément dévoué à l'Empereur et à la dynastie, mais ce dévouement indépendant auquel le souverain lui même a fait appel afin d'éclairer la marche de son gouvernement et de le contenir dans des limites régulières.

Grâce à une politique toute nationale, la France a reconquis sa prépondérance et sa grandeur ; il faut la maintenir à ce rang glorieux ; mes sympathies sont acquises à toutes les causes justes et généreuses ; vous ne me verrez jamais hésiter quand l'honneur et les intérêts du pays seront sérieusement engagés.

J'exercerai une vigilance loyale, un contrôle scrupuleux sur les actes du Gouvernement et l'emploi de la fortune publique. Mes avis donnés avec une entière indépendance seront écoutés avec faveur parce qu'ils ne seront jamais suspects d'une opposition systématique ou déguisés en principes de gouvernement et qu'on les saura dictés par la seule conscience du bien public.

Défenseur ardent des intérêts généraux du pays et de tout ce qui peut contribuer à la moralisation, à l'instruction et au bien être des masses, je soutiendrai avec la même conviction les intérêts de mes localités.

Encouragements de toute nature à notre agriculture bourguignonne, au commerce, à l'industrie ; achèvement de nos voies de communication ; travaux de construction et de réparation de nos édifices communaux et religieux ; exécution rapide des chemins de fer nouvellement concédés à nos deux arrondissements que d'améliorations à faire, que de progrès à accomplir auxquels je me consacrerai avec un dévouement infatigable.

Tels sont mes sentiments, chers concitoyens ! Ils me mériteront, je l'espère, vos suffrages et trouveront un écho sympathique dans le cœur de ceux qui n'oublient pas les tristes luttes du passé et désireux de maintenir l'ordre et la tranquillité, source de toute richesse, veulent avec loyauté et sans arrière pensée, l'affermissement de l'Empire et le développement des institutions libérales et démocratiques sous la dynastie populaire des Napoléon !


Armand Rolle,

auditeur au Conseil d'État






PROFESSION DE FOI DE CHARLES FLOQUET,
CANDIDAT DE L'OPPOSITION.



Élections au corps législatif des 31 mai et ler juin 1863

Arrondissements de Semur et Châtillon.


Électeurs,


J'ai été désigné à votre choix par un homme que vous êtes habitués à aimer et à écouter, par votre ancien représentant Joigneaux, dont le souvenir vit honoré au milieu de vous.

Mon devoir est de répondre à cette confiance en acceptant sans hésiter le difficile honneur de prendre en main le drapeau de l'Opposition libérale.

Retenu loin de vous, sur le terrain d'une autre lutte légale, je ne puis que vous dire ce que j'ai dit aux Électeurs de l'Hérault.

Écrivain, j'ai sans cesse et de toutes mes forces lutté pour les principes méconnus de la liberté démocratique.

Avocat, j'ai défendu depuis 1852 un grand nombre de ceux que le malheur des temps a conduits sur le banc des accusés politiques.

Voilà mes gages pour le passé.


Pour l'avenir, mes espérances se résument dans la grande formule de la Révolution Française

LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ.

LIBERTÉ, c'est-à-dire liberté absolue de la conscience, liberté complète des cultes, liberté individuelle, liberté communale, liberté électorale, liberté d'association, liberté commerciale ; en un mot, l'ensemble de toutes les libertés, sans lesquelles tous les droits sont sans garantie, la vie humaine sans dignité, l'ordre sans durée, et les Finances sans contrôle.

ÉGALITÉ, c'est-à-dire égalité politique, égalité civile, et les bienfaits de la liberté indistinctement répandus sur tous.

FRATERNITÉ, c'est-à-dire le sentiment de solidarité qui unit, substitué aux intérêts égoïstes qui divisent l'appui fraternel et efficace assuré non seulement aux individus, mais aux nations qui souffrent : à l'Italie qui se constitue, à la Pologne qui combat.

La France a fait trois révolutions pour écrire cette formule sur nos murs ; en votant pour moi, vous direz que l'heure vous paraît enfin venue de la réaliser dans nos lois.


Charles FLOQUET, 

avocat à Paris, rédacteur du journal Le Temps.