Sur le continent européen, ce siècle est celui de la naissance des États-nations, ou du moins des nations qui en sont à l'origine. Ceux-ci naissent de l'affrontement, de la guerre car on se reconnaît bien souvent une culture commune en opposition au voisin menaçant, à l'autorité d'un autre peuple. L'unité allemande s'est ainsi formée suivant la volonté du chancelier prussien Otto von Bismarck dans un premier temps face à la tutelle du cousin autrichien en 1866 puis en s'opposant à la France du Second Empire en 1870. La défaite plonge alors les Français dans une grave crise morale, ce que l'on a nommé " la crise allemande de la pensée française ". Mais bientôt, au recueillement des années qui suit la défaite, succède le réveil nationaliste, teinté de républicanisme. Car la Troisième république des opportunistes exalte la nation, aussi bien que le régime républicain. La perte des provinces de l'Est demeure un souvenir traumatisant et la "ligne bleue des Vosges" est l'horizon vers lequel il faut se tourner, indépendamment des ambitions coloniales. Il convient ainsi de répondre au rapt allemand de l'Alsace-Moselle, justifié outre-Rhin par la conception raciale de la nation. En effet, pour être allemand, il faut posséder le sang allemand et le parler allemand devient la première preuve de germanité. Face à ces théories défendues par les plus grands esprits du Second Reich, des universitaires français prennent la parole.

	Numa Fustel de Coulanges, L'Alsace est-elle allemande ou française, 27 octobre 1870.
	Ernest Renan, Qu'est-ce qu'une nation ?, 11 mars 1882.