L'installation de la République coïncide avec l'arrivée des Opportunistes au pouvoir. Aux débuts des années 1880, ceux-ci adoptent une série de réformes qui sont autant de mesures pouvant être qualifiées d'anticléricales : remise en cause du repos dominical, loi Ferry instaurant l'école laïque et obligatoire, loi Naquet autorisant le divorce...  Prenant le relais des monarchistes, cléricaux et antisémites durcissent alors le discours politique en prenant la défense des intérêts de l'Église. Sont de plus en plus visés les francs-maçons, accusés de fomenter un complot contre la religion. Sous l'influence du positivisme en effet, la maçonnerie a évolué sous le Second Empire vers la liberté de conscience, le Grand Orient abandonnant d'ailleurs en 1877 toutes références au Grand Architecte de l'Univers. On compte également de nombreux frères parmi le personnel politique de la gauche républicaine, puis dans les rangs du parti radical en formation.  Il devient donc commode de stigmatiser l'ennemi, d'autant plus que de nombreuses crises politiques (épisode boulangiste, scandale de Panama, affaire Dreyfus, affaire des fiches) divisent l'opinion et radicalisent les comportements. Pamphlets et opuscules - tel Le Diable au XIXème siècle de Léo Taxil -, ligues et journaux antimaçonniques se multiplient au tournant du siècle. Parmi ces dernières publications extrémistes, La Bastille est lancée en 1902 par un ancien maçon, Paul Copin-Albancelli.