Tout
comme le vélocipède, qui lui est antérieur, l'automobile naît avec le
siècle et la course avec elle. A grand renfort de réclames et d'effets
d'annonce dans la presse populaire et spécialisée, de grands raids à
l'intérieur du continent européen sont organisés dans les années 1900.
Et les principaux constructeurs jouent le jeu de cette compétition
nouvelle. Question de prestige ! Quelle formidable publicité également
pour le concurrent vainqueur et son engin ! La course Paris - Berlin,
organisée en 1901, est un premier grand succès. Lui succède deux années
plus tard une Paris - Madrid, dont le dénouement s'avère lui dramatique.
Partis de Versailles, le dimanche 24 mai 1903 à 3 h 30, 315 participants
s'élancent sur les routes de France. Premier objectif : Bordeaux. La
traversée des principales villes - étapes est neutralisée par les
autorités. Sur la chaussée, la plupart du temps dénuée de revêtement,
ces bolides fendent la poussière, naviguant à travers les spectateurs en
se repérant aux arbres qui bordent le chemin ! Louis Renault parvient le
premier à Bordeaux, après 5 h 29 mn et 39 s de course. Ajoutons que la
vainqueur, Fernand Gabriel, sur une automobile Mors, parti lui à la 82ème
position, vient de faire le parcours à plus de 105 km / h de moyenne ! Malgré
le succès populaire de la course,
qui est immense, le gouvernement français décide de bloquer les
concurrents à Bordeaux.
On déplore en effet beaucoup trop d'accidents et de victimes sur son
parcours. Le premier d'entre eux, que nous montre Le Petit Journal, est
celui survenu au passage à niveau de la ligne de Paris à Tours, à deux
kilomètres de Bonneval. La voiture 243, montée par Porter, a pris feu et
son chauffeur a été carbonisé. Puis les incidents de courses
s'enchaînent : à Ablis, une femme qui traverse la route est fauchée par
un concurrent ; à quelques kilomètres de Poitiers, Marcel Renault,
qui a versé dans un fossé, est dans un état désespéré ; à Angoulême,
Touran décolle d'un pont, provoquant la mort du mécanicien, de trois
spectateurs, deux soldats et d'un enfant ; autre accident près de
Montguyon, autre victime, un certain Stead, conducteur de la n°18 ; à
Arveyres enfin, les deux occupants de
la voiture n°5 sont décédés, suite à
une collision avec un chien.