Vitteaux, Côte d'Or, le 9 janvier 1838
Le Maire de Vitteaux à Monsieur le Sous-Préfet de
l'arrondissement, à Semur.
Monsieur,
J'ai l'honneur de répondre aux divers renseignements que vous me demandez
sur la condition actuelle des enfants occupés dans la fabrique de mérinos
de Vitteaux, la seule qui y existe.
1. Les enfants ne sont reçus dans cette fabrique qu'à l'âge de 10 à 11
ans.
2. Leur salaire par jour est de 50 à 70 centimes.
3. L'ouvrage fait par les enfants ne pourrait être fait par des adultes.
4 et 5. Le travail en hiver dure depuis les 7 heures 1/2 du matin jusqu'à
neuf heures du soir ; en été depuis 5 heures du matin jusqu'à huit du
soir, et en hiver comme en été 2 heures par jour pour les repas et le
repos.
6. Autant qu'il est possible les enfants des deux sexes sont séparés.
7. Le tiers des enfants appartiennent soit comme frères, sueurs et
enfants aux ouvriers adultes.
8. Les enfants suivent les écoles à la volonté de leurs parents, il y
en a qui ne travaillent que la demi journée à cause de cela, mais le
nombre en est très petit.
9. L'état de moralité de ces enfants est assez bon, étant suivis par
leurs parents qui y sont ouvriers comme eux.
10. Ils ne font l'objet d'aucun mauvais traitement.
Le nombre des enfants est de 35.
Je ne vois aucun moyen de diminuer la durée du travail, les ouvriers étant,
pour le plus grand nombre, à leurs pièces.
Agréez, Monsieur le Sous-Préfet, l'assurance de ma parfaite considération.
Le maire de Vitteaux.
Papeteries de Fontenay. Enfants occupés.
1. Les enfants ne sont pas reçus dans l'établissement avant l'âge de
quatorze ans.
2. Les salaires qu'ils reçoivent sont proportionnés tant à l'âge
qu'aux travaux aux quels ils sont employés et le montant des dits
salaires se monte toujours depuis la somme de 20 francs jusqu'à 30 francs
pour vingt cinq journées de travail.
3. L'économie qui résulte de l'emploi des enfants est peu de chose car
un ouvrier de force ordinaire peut avantageusement en remplacer deux.
4. La durée du travail est de douze heures. La journée commence à cinq
heures du matin et fini à sept heures du soir. Sur le surdit temps deux
heures sont consacrées au repas.
5. Quand aux travaux de nuit, plusieurs y sont asujetis. La journée est
de douze heures de travail, c'est-à-dire de minuit à midi ou bien de
midi à minuit.
6. Les enfants des deux sexes ne sont pas confondus dans les mêmes
ateliers.
7. Trente enfants des deux sexes sont employés dans notre établissement,
et la proportion de ceux dont les parents sont employés à la fabrique
est d'un cinquième environ.
8. Quand à leur instruction ils savent tous lire et écrire. Quand à la
fréquentation des écoles, ils ne le peuvent que le soir, encore une
partie sont casernés à la fabrique l'hiver.
9. L'état de moralité est des plus parfaits jamais ils ne se mettent
dans le cas de recevoir des reproches.
10. Les enfants sont traités avec douceur et modération et les
remontrances qui leur sont faites, sont toujours guidées par des
sentiments de bonté et ne tendent qu'à leur donner le goût du travail
et de la probité.
Papeterie de Fontenay-les-Montbard - 28 Xbre 1837.
Précy-sous-Thil
Monsieur le Sous-Préfet,
J'ai l'honneur de vous adresser les détails demandés par la lettre de
M. le Ministre du commerce, et dont vous m'avez envoyé copie le 28 décembre
1837.
1. La fabrique de fer de Maison-Neuve occupe des enfants de 12 à 15 ans
et au nombre de 16.
2. Le salaire de ces enfants est de 15 fr. par mois ou 0,50 fr. par jour,
ceux de 16 ans 2 5 fr. et ceux de 18 ans 3 0 à 3 5 fr.
3. L'économie est de 1 franc par jour pour un ouvrier, il y en a 16
d'occupés il y a donc économie de 16 francs par jour.
4. La durée de leur travail est de 12 heures, mais 7 à 9 heures où il y
a du travail réel.
5. Pendant 8 jours la nuit et 8 jours la journée.
6. Les garçons seuls sont admis.
7. Les 2/3 appartiennent aux ouvriers occupés dans la fabrique, et
l'autre 1/3 en grande partie d'enfants trouvés.
8. Le degré d'instruction est presque nul.
9. L'état de la moralité de ces enfants est assé bonne.
10. Sont-ils l'objet de mauvais traitement de la part des maîtres. Non.
Je joins ici une lettre de Madame de Nansousthil (sic) concernant les
questions cidessus. Vous y trouverez M. le Sous-Préfet tous les
renseignements que vous réclamés.
J'ai bien l'honneur d'être, Monsieur le Sous-Préfet, votre très humble
et très obéissant serviteur.