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                                                                                Le néo-malthusianisme, vers 1911

 

Le néo-malthusianisme :
affiche de la Ligue de la régénération humaine,
vers 1911.




par Marc Nadaux








   La France du XIXème siècle est marquée par une stagnation de sa population. Celle-ci est toute relative, car comme le montre les chiffres ci-dessous, la France "ne se dépeuple pas". Mais dans ce contexte de nationalisme exacerbé, où les économies des pays européens sont mises en concurrence, où certains états, la France et l'Allemagne notamment, s'affrontent directement, l'évolution de la population est un enjeu de taille, politique et idéologique.

   Si les Français ont conscience du phénomène, ils se partagent à son sujet. Les disciples de Malthus voient en effet dans la limitation des naissances le moyen d'endiguer la misère des classes laborieuses. On retrouve ainsi  une défense des pratiques contraceptives dans les écrits de certains penseurs libéraux, tandis que la haute administration du Second Empire exhorte les Français au moralisme, créant même des "prix de tempérance".
   Après la défaire de 1870 face aux armées prussiennes, bien supérieures en nombre, un courant nataliste dominera le débat. Appuyé par les milieux catholiques, inspiré par le nationalisme ambiant, médecins, économistes et parlementaires créent en 1896 une "Alliance nationale pour l'accroissement de la population française". Celle-ci milite pour la protection des familles, nombreuses si possible.

   Curieusement, à l'intérieur des milieux intellectuels d'extrême-gauche, certains penchent eux en faveur du contrôle des naissances. Ainsi, dans leurs esprits, la "grève des ventres" privera à terme le patronat d'ouvriers esclaves corvéables à merci, l'Etat bourgeois  des futurs soldats de la Revanche. Un discours qui demeurera marginal.
   En 1896, Paul Robin, directeur d'un orphelinat et ancien membre de la première Internationale, épaulé par Eugène Humbert, un militant anarchiste, créent la Ligue de la régénération humaine. Tracts, affiches, conférences se multiplient à leur initiative dans le but de répandre les procédés et produits contraceptifs.