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La Weltpolitik de l'empereur allemand Guillaume II, 1898

 

La Weltpolitik
de l'empereur allemand Guillaume II,

Le Petit Journal, 1898.




par Marc Nadaux


 





L’Allemagne de Guillaume II est dans les années 1890 la puissance montante sur le continent européen. Sa population a connu une forte croissance en ces dernières décennies. Avec ses 60 millions d’habitants, elle dépasse et de loin à présent les 40 millions d’Anglais ou de Français. Ses firmes géantes dans les domaines de la chimie, de l’électricité ou de la mécanique concurrencent à présent les fleurons de l’industrie britannique. L’Empereur allemand tire d’ailleurs bientôt les enseignements de cette nouvelle place de l’Allemagne dans le monde en développant une nouvelle politique de grandeur nationale : la Weltpolitik. Son credo l’Allemagne doit avoir " sa place au soleil " aux cotés des puissances coloniales : France et Angleterre.

Guillaume II succède au pouvoir à son père, mais surtout au chancelier Bismarck en 1890. Ce dernier, après avoir réalisé son objectif de l’unification allemande a cherché sur le plan diplomatique a isolé la France. Pour cela, il multiplie les alliances en Europe. Sa politique est donc essentiellement continentale. Guillaume II lui a d’autres ambitions. Avec lui, l’Allemagne a à présent des intérêts en Turquie, au delà donc de l’Europe ce qui nécessite l’entretien d’une marine de guerre. Avec l’Amiral Tirpiz, il développe le projet d’une Kriegsmarine en 1898 : 36 cuirassés et 38 croiseurs doivent être lancés en 16 ans. Les dépenses d’armement explosent et en Angleterre, où la marine de guerre est un des attributs de la souveraineté – souvenons nous des guerres napoléoniennes et de Trafalgar – on s’inquiète.

D’ailleurs chaque lancement nouveau de ces navires de guerre est en Allemagne un événement. Là aussi, on est nationaliste. Celui-ci prend également la forme de l'impérialisme, le pangermanisme qui est un des soutiens dans l’opinion allemande des ambitions nouvelles de l’empereur Guillaume II, sa Weltpolitik, sa politique mondiale. Déjà dans les géographes allemands développent le concept d’espace vital, de Mitteleuropa – une Europe centrale dominée par l’Allemagne et son allié autrichien. Ces projets et autres ambitions s’affichent au grand jour et sont même porté par des ligues très influentes - aujourd’hui on dirait des groupes de pression, des lobbies – comme la Ligue pangermaniste (20.000 adhérents), la Société coloniale (42.000), la Ligue navale (1.300.000), la Ligue militaire (1.500.000). Cette forme de nationalisme est donc un phénomène de masse dans l’Allemagne du début du XXème siècle.

Ajoutons que cette politique nouvelle s'illustre notamment au Maroc pour lequel France et Allemagne sont en lutte, ce qui multiplie le risque du déclenchement d'un conflit.