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L'Alsace-Lorraine, un contentieux franco-allemand,1893-1913

 

L'Alsace-Lorraine,
un contentieux franco-allemand,

 Le Petit Journal, 1893-1913.




par Marc Nadaux


 





Il existe bien un contentieux – ancien en 1914 – entre la France et l’Allemagne : la question de l’annexion par cette dernière de l’Alsace-Lorraine. Celle-ci remonte en effet à 1871 et au traité de Francfort, à la défaite française face aux armées allemandes. A cette occasion d’ailleurs, autour du chancelier prussien Bismarck – qui est à l’origine du déclenchement du conflit – et de son roi Guillaume Ier est proclamé l’Empire allemand. Hors celui-ci repose sur l’idée de communauté allemande, de peuple allemand, de nation allemande, dont le fondement est ethnique. Est Allemand celui qui parle allemand. En ce sens, l’Alsace-Lorraine est proclamée Terre d’Empire et annexée en 1871.

L’annexion entretient l’esprit de Revanche chez les Français. A la défaite et à l’occupation du territoire français par les armées ennemis, pendant le conflit – assez court – mais aussi jusqu’en 1873, s’ajoute l’humiliation, ce sentiment que la France est amputée de ces régions de l’Est qui sont siennes. Le souvenir doit en demeurer d’ailleurs. Et l’historien décrit souvent cette image de l’instituteur dans sa salle de classe qui montre à ses élèves sur une carte murale les provinces perdues coloriées en noir. C’est aussi Georges Clemenceau qui en 1885 accuse le président du Conseil Jules Ferry de détourner le regard des Français de « la ligne bleue des Vosges » - donc de l’Alsace-Lorraine et de la Revanche – avec sa politique coloniale, cette expédition militaire au Tonkin. Ce désir de Revanche entretient d’ailleurs chez les Français dans le culte de l’armée en cette fin de XIXème siècle. C’est l’Arche sainte, l’instrument de la Revanche. 

Ce désir, cette passion nationaliste est un des traits fédérateurs du nationalisme français sous la troisième République. On peut néanmoins  s’interroger sur ce désir de laver l’affront de 1871 et de récupérer les provinces perdues. S'il est bien présent au cours des deux premières décennies qui suivent le conflit, la génération de ceux qui y ont participé - songeons à Paul Déroulède - tend à disparaître avec le nouveau siècle. Les Français sont clairement patriotes et le montrent chaque année, où le 14 juillet est l’occasion de grands rassemblements populaires. Mais est-on encore prêt, quarante années plus tard, à mourir pour l’Alsace-Lorraine ?

 L’historien là ne peut que faire des conjonctures en multipliant les signes, par exemple ces documents issus du Petit Journal et qui courent sur une vingtaine d'années, car le sondage d’opinion n’existe pas encore. Ceux-ci montrent l'hostilité des Alsaciens-Lorrains à l'annexion, l'amour de la France qui demeure chez eux, l'oppression qu'ils subissent de la part des autorités allemande ...