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                                                                                Le départ des conscrits

 

Le départ des conscrits.



par Marc Nadaux


 





Mis en place depuis la Révolution et pérennisé par les différents régimes politiques qui se succèdent tout au long du XIXème siècle, le système de la conscription, qui impose le service militaire à l'ensemble des jeunes gens d'une classe d'âge, permet à la France de disposer d'une armée permanente. Il s'agit également pendant cette période, qui s'allonge ou se raccourcit au gré des réformes entamées par les ministère, de former de futurs soldats de l'armée française.

Pour la jeunesse, le service militaire apparaît ainsi comme une expérience obligée qui prend la forme d'un rite de passage. Le jeune homme du départ s'est ainsi transformé à son retour au village ou dans son quartier en homme fini. A lui maintenant de fonder un foyer et d'entrer dans la vie professionnelle. L'importance que revêt le service militaire impose de marquer l'événement par diverses festivités, et autres excès. En ces temps post-boulangiste, il s'agit aussi de rendre hommage aux " glorieux aînés " en se présentant comme leurs héritiers, aptes bientôt à défendre la Mère patrie.







L’Avenir de l’Aisne, 27 janvier 1895.
Le Petit Journal, 1892-1911.






   Hier matin avait lieu le tirage au sort à Château-Thierry.



Suivant un pieux usage, les conscrits de la ville sont allés déposer au cimetière une couronne au pied du monument des soldats tombés pour la défense de la Patrie.

M. Maurice Chaloin, conscrit de la classe 1895, a pris la parole en ces termes :

Chers camarades,
Fidèles à une pieuse tradition que les conscrits de Château-Thierry se transmettent chaque année, nous venons déposer une couronne sur ce monument élevé à la mémoire des soldats morts pendant la malheureuse guerre de 1870.
Il y aura bientôt vingt-cinq ans, la France était envahie par les troupes allemandes et les débris de notre armée luttaient courageusement pour sauver l’honneur national.
Si nous n’avons pas été témoins de ces tristes événements, nous les avons tous entendu raconter, nous en avons lu les détails, et c’est en souvenir de la mort glorieuse de ces héros, que nous venons apporter ici l’expression de notre respect et de notre admiration.
C’est à nous qui allons bientôt partir pour le régiment, de nous inspirer de l’exemple que nos aînés nous ont donné.
C’est à nous qu’il appartient de nous monter dignes d’eux par l’observation scrupuleuse de la discipline, le respect envers nos chefs et l’amour du drapeau.
Songeons que la France compte sur nous pour la maintenir au premier rang des nations et sauvegarder l’intégrité de notre territoire.
Cette pensée, que dans une modeste mesure chacun de nous contribue à assurer la grandeur de notre beau pays et à garantir sa sécurité, doit nous rendre facile l’accomplissement de nos devoirs de soldats.
Et si un jour, la France, pour se défendre contre une agression étrangère recourait au dévouement de ses enfants, pensons à nos aînés, à leur mort héroïque et répondons à l’appel de la Patrie au cri de :
Vive la France !

Toutes nos félicitations à nos jeunes concitoyens qui se souviennent et qui espèrent.



   Banquet des conscrits.



On sait que les conscrits de Château-Thierry, qui ont semé hier en ville beaucoup d’entrain et de bonne humeur, étaient précédés d’une ronflante fanfare qui jetait à tous les échos les accents d’entraînants pas redoublés.
Après les défilés dans les rues de la ville, nos futurs soldats ont organisé une retraite aux flambeaux quia eu beaucoup de succès hier au soir et qu’une foule nombreuse de badauds a suivi malgré un mauvais temps persistant et de forts bourrasques de neige.
A l’issue de cette promenade, la plupart se sont réunis chez M. Ferrand à l’hôtel Denogeant, où un banquet leur était servi.


L’Avenir de l’Aisne, 27 janvier 1895.