Du
mois de juin 1899 au mois de juin 1902, Alexandre Millerand est ministre
" du Commerce, de l’Industrie et des Postes et Télégraphes ".
Il est ainsi le premier socialiste français à occuper des responsabilités
ministérielles. Celles-ci lui permettent d’élaborer une abondante législation
sociale, concernant notamment le travail des femmes et des enfants (loi du
29 mars 1901), l’abaissement à onze heures de la durée du travail
journalier (loi du 30 septembre 1901). Son ministère pose également les
bases de la future retraite des salariés, adoptée en 1910. Au-delà de
ces nouveaux aménagements, Alexandre Millerand donne enfin à l’État
un véritable rôle d’arbitre entre les masses laborieuses et le
patronat français. Pour cela, le ministre encourage au développement des
syndicats, y compris dans la fonction publique. Il pense ainsi conférer
à ces associations ouvrières un véritable rôle représentatif devant
le Conseil supérieur du Travail.
Au responsabilité depuis peu de temps et avant d'influencer lui-même la
législation du travail, le ministre entend faire appliquer les lois
existantes. Ici, le Préfet de la Charente, suivant ses directives
rappelle aux habitants du département les modalités de la Loi sur le
Travail des enfants, des filles mineures et des femmes, du 2 novembre
1892. Celle-ci en effet interdit l'activité professionnelle des enfants
de moins de treize ans, scolarité oblige, et limite le temps de travail
journalier des plus âgés (dix heures entre treize et seiez ans, onze
heures de seize à dix-huit ans, ainsi que pour les jeunes filles et
femmes). Cependant, le texte en question ne s'applique qu'aux entreprises
ayant un net caractère industriel, comme le stipule d'ailleurs Alexandre
Millerand, et laisse donc de côté l'ensemble du secteur tertiaire,
pourtant en pleine expansion, ainsi que le monde paysan... Reste la loi
d'obligation scolaire, seule à avoir une portée nationale