Saint-Germain-en-Laye,
(15 mai 1845).
Avec vos soixante-deux pages,
j'en fais 25, mais me voilà comme Bilboquet, manquant de tout.
Songez qu'il nous faut encore faire deux volumes Monte-Cristo et un
volume espagnol, ce mois-ci.
Qu'allez-vous faire après la scène de Fernand ?
Saint-Germain-en-Laye,
(juin 1845).
Pour n'avoir pas trente-six récits,
je mets dans la bouche de Bertuccio le récit de Caderousse. Je crois que
nous n'avons pas besoin de presser les événements. Remettons à plus
tard l'arrivée du major et celle du jeune homme. Je crois qu'il y a une
belle scène à faire le jour du dîner si Benedetto est là, car
Benedetto reconnaîtra Villefort qu'il croit mort, et Mme Danglars
Bref, je crois qu'une causerie, à l'heure du dîner, ne ferait pas de
mal.
Voulez-vous venir dîner avec moi, nous arrêterons le second. Nous avons
l'intérieur de Morel à faire, l'incident qui met Villefort en contact
avec Monte-Cristo. Tout cela nous conduira avec la scène du major et de
Benedetto à la fin du deuxième volume.
Saint-Germain-en-Laye, (8
octobre 1845).
Cher ami,
On a perdu votre rouleau, c'est infâme, ma
parole d'honneur.
Impossible, vous le comprenez, que j'aille demain à Paris.
Refaites, cher ami.
Mon domestique couchera à Paris, s'il le faut, pour m'apporter les deux
paquets ensemble.
Passez la nuit, cher ami, et faites prévenir les Débats par un
commissionnaire que le feuilleton est perdu et qu'il faut que je le
refasse. Puis faites donner un galop solide aux gens du chemin de fer et
prenez rendez-vous pour après-demain vendredi - la répétition.
A vous
Alex Dumas.
Saint-Germain-en-Laye,
(fin octobre 1845).
Dites-moi donc quand vous pourrez
venir passer trois ou quatre jours à Saint-Germain pour Monte-Cristo.
Travaillez, je vous en prie; vous savez qu'à la suite de l'arrestation il
y a une scène entre Villefort et Mme Danglars. Villefort implacable, on
apprend l'arrestation de Benedetto, l'affaire pourra passer aux prochaines
assises.
Saint-Germain-en-Laye,
(fin octobre 1845).
Cher ami,
Voilà deux jours que vous me
laissez sans copie, et voilà par conséquent deux jours que vous faites
de moi l'homme le plus malheureux de la terre.
Si j'eusse eu du Monte-Cristo, j'eusse travaillé.
Je voudrais bien vous voir.
A vous
A. Dumas.
Saint-Germain, (fin
octobre 1845).
C'est parfait, je ne ferai qu'un
petit changement au plan. La maison Villefort touchera à la maison
voisine pour qu'on puisse percer un trou.
Saint-Germain-en-Laye,
(novembre 1845).
Je ne puis rien envoyer aux Débats,
puisque l'article d'Andrea n'est pas fini.
Saint-Germain-en-Laye,
(fin novembre 1845).
Cher ami
Plus de Chicot - Je n'ai plus une
ligne. Montjoie et Saint-Denis à la rescousse !
Véron est au courant et n'a rien pour demain. Lâchons le Monte-Cristo
qui allait bien cependant.
Vous n'aurez pas le temps de m'envoyer le Chicot et moi de le faire.
Envoyez directement au Constitutionnel. Écrivez sur mon grand
papier, si vous en avez, dix pages au moins.
Saint-Germain-en-Laye,
(début décembre 1845).
Du Chicot, 30 ou 40 pages encore.
Puis si vous pouviez demain faire un chapitre de Maison-Rouge, puis
si vous pouviez après-demain venir déjeuner avec moi et prendre 500
francs, nous ferions du Monte-Cristo.
Votre chanson était adorable. Faites-en seulement deux ou trois pareilles
et Béranger sera bien peu de chose.