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Dans le Calvados.



Le Procureur de la République de Bayeux
annonce les résultats du plébiscite,
29 décembre 1851.



par Marc Nadaux

 






Le vote populaire des 20 et 21 décembre 1851, malgré certaines entorses graves au suffrage universel et au secret du vote, est dans le département du Calvados un véritable plébiscite en faveur du Président Louis-Napoléon Bonaparte. Celui-ci confirme l'adhésion aux événements parisiens et le peu de réaction à la mise à mort de la Seconde République. La "peur du rouge" et au-delà, comme le rappelle ici le Procureur de la République de Bayeux, l'attachement au nom de Bonaparte ont joué de manière décisive. Si les "idées avancées" n'ont pas encore pénétré les campagnes de l'Ouest, le besoin de stabilité s'est également fait sentir.








Tribunal de première instance de Bayeux


 Bayeux, le 29 décembre 1851.


Monsieur le Procureur général, 

J'ai l'honneur de vous adresser un dernier rapport sur les élections de mon arrondissement.
   Le nombre des électeurs inscrits était de 29.526. Ont pris part au vote 19.278. Ont voté "oui" 18.474. Ont voté "non" 722. Bulletin blancs ou illisibles 82. Se sont abstenue, ou n'ont pu prendre part au vote 3.248. Tels sont les chiffres. Le 10 décembre, 19.432 voix seulement s'étaient prononcées en faveur de Louis-Napoléon. La cause du Président a donc gagné, depuis lors, 5.042 voix. C'est un résultat immense et unique dans les faits de l'élection. Les populations froides du Bassin ont subi l'entraînement général et sont aller au vote avec une sorte d'ardeur.     Plusieurs communes ont présenté l'unanimité des votans et l'unanimité des oui. Le nom de Napoléon est sympathique aux masses dans cette contrée et les remue profondément. Il y a dès lors dans un pareil concours de circonstances le principe d'une grande force et d'une puissante autorité.
    L'arrondissement est par union agricole. Les souffrances de l'agriculture, depuis plusieurs années, ont tourné les vœux de l'opinion vers l'idée de la stabilité. On attend d'un gouvernement plus durable le retour de la prospérité passée. On compte sur la sollicitude du Président pour la réalisation des mesures d'intérêt régional projetées ou déjà en cours d'exécution.
   Les élections se sont accomplies au milieu du plus grand calme. La tranquillité publique n'a pas été un instant troublée. Les quelques points où les théories avancées ont des partisans n'ont produit non plus aucun symptômes d'agitation. De sorte que les mesures générales de précaution qui avaient été prises sont demeurées purement préventives.
   Je ne puis que continuer de donner des éloges aux divers fonctionnaires dont j'ai eu à apprécier le concours. MM. les juges de paix ont rempli avec zèle, activité et intelligence la mission qui leur avait été confié. Les administrations municipales ont généralement montré de l'empressement ; et l'appréciation sur tous les points s'est faite ave régularité, convenance et dignité.
   Un point de vue général permet de fonder dans cette contrée de grandes espérances sur le vote du 20 décembre. Car c'est un avis partagé que notre Président répondra à la confiance universelle du Peuple par des mesures de nature à assurer la prospérité et la grandeur de la France.

Je suis avec respect, Monsieur le Procureur général, votre humble serviteur,


Le Procureur de la République.