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                                                                                Dans le Calvados

 

Dans le Calvados.



Rapport du Sous-Préfet de Falaise au Préfet,
4 décembre 1851.



par Marc Nadaux

 






Quarante-huit heures à peine après les événements parisiens, les jeux sont faits dans le département du Calvados. Les populations demeurant largement attentistes, si elles ne consentent pas ouvertement à ce changement de fait au plus haut niveau du gouvernement. L'administration dans son ensemble accepte également cette décision prise le2 décembre 1851 depuis Paris. Les quelques opposants, les plus tièdes des fonctionnaires sont alors consciencieusement éliminés et rapidement remplacés. Ne serait-ce point là La Curée dont parle Émile Zola ?  







Département du Calvados
Sous-préfecture de Falaise


 Falaise, le 4 décembre 1851.


 

Monsieur le Préfet, 

L'arrondissement continue à jouir du calme le plus parfait. L'immense majorité de ses habitants accepte avec satisfaction les grandes mesures adoptées par le Président. Les démagogues sont consternés.
   Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous l'écrire hier le concours des juges de paix est assuré.
   Le remplacement de quelques maires et adjoints est nécessaire et urgent. Vous trouverez leurs noms dans le tableau ci-joint. J'y inscrit en regard ceux des successeurs qu'il convient de leur donner.
   Les maires oui adjoints à remplacer appartiennent tous au parti démagogique. J'ai cru ne devoir étendre ces changements qu'aux hommes les plus compromis et les moins considérés comme particuliers.
   Les légitimistes paraissent jusqu'à présent disposés à accepter, sans hésitation, les décrets du 2 décembre.
   Vous savez, Monsieur le Préfet, ce que je n'ai pas cessé de dire à l'égard de M. le Receveur des Finances et de M. le Procureur de la République. Je sais persister en mon avis. Le mécontentement de ces fonctionnaires est mal dissimulé. Si des difficultés surgissaient leur hostilité serait certaine, et ils exerceraient de graves embarras à l'administration.
   Si des meures, que je crois utiles, devaient être adoptées à leur égard, le Receveur particulier serait avantageusement remplacé par M. Delord, percepteur à Bayeux. Il est de Falaise où sa famille exercer de l'influence, et il y serait accueilli avec plaisir par la population.
      Quant au successeur de M. Carpentier, il serait fort avantageux qu'il connut le pays et qu'il fut d'une fermeté éprouvée. M. Champin, Procureur de la République, à Argentan, serait dans ces conditions. J'ai combattu sa candidature à la Présidence du Tribunal pour des motifs que je persiste à croire bien fondés, mais qui n'existent pas pour les fonctions de Procureur de la République.
   J'ai la conviction que tous les fonctionnaires, autres que ceux dont je viens de parler, donneront avec empressement leur adhésions aux faits qui viennent de s'accomplir.

   Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de mon respectueux dévouement,


Le sous-Préfet,

Fontbrune.


P.S.: je compléterai demain mes propositions pour les changements dans les administrations municipales.
   Je me suis assuré de l'acceptation de M. le général de Blocqueville.