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Henri de TOULOUSE-LAUTREC 

(Albi, 24 novembre 1864 - Malromé, 9 septembre 1901)


Français.

Peintre.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1884, installe son atelier au 7 rue Tourlaque, au cœur de Montmartre.
1889, participe au cinquième Salon des Indépendants.
1898, expose à la Goupil Gallery de Londres, située sur Regent Street.
1900, membre du jury, section " Affiches ", de l’Exposition universelle.
1901, la vente Depeaux est pour lui un grand succès.


 






Henri Marie Raymond de Toulouse-Lautrec Monfa naît à Albi le 24 novembre 1864 dans le vieil hôtel du Bosc, rue de l'Ecole Mage. Il est le fils du comte Alphonse de Toulouse Lautrec et de Adèle Tapié de Céleyran, sa cousine germaine. Issu d’une des plus illustres familles de l’aristocratie du Sud-Ouest, l’enfant est élevé au château du Bosc, dans le Rouergue, avant que la famille ne s’installe à Paris, à l’hôtel Perey, puis à Neuilly. Il entre alors en neuvième au Lycée Fontanes (actuel Lycée Condorcet). Pendant ce séjour parisien, Toulouse-Lautrec fréquente l'atelier du peintre René Princeteau, ami de son père. L’enfant suit ainsi l’exemple de ses oncles et grand-mère, tous artistes amateurs. De retour à Albi, deux années plus tard, sa mère lui choisi quelques précepteurs et, avec leur aide, dirige les études de son fils.

Celui-ci est de constitution fragile et est de plus victime de deux malheureux accidents. Le 30 mai 1878,
Toulouse-Lautrec tombe " de sur une chaise basse " sur le parquet de la maison familiale d’Albi et se brise la jambe gauche. L’année suivante, au mois d’août, à Barèges, au cours d'une promenade avec sa mère, il roule cette fois-ci dans un fossé et se brise le fémur droit. L’adolescent est à présent estropié ; ses jambes ne grandiront plus, ce qui le contraint à renoncer à ses sports favoris : le cheval et la chasse. Pendant l’été 1881, à Paris, il se présente sans succès au Baccalauréat, un examen qu’il obtiendra en novembre, à Toulouse, avant de mettre un terme définitif à ses études.

Au cours de ces derniers mois en effet, où
Toulouse-Lautrec effectue un séjour à Nice, il rédige ses impressions de voyage qu’illustrent de nombreux dessins. Le peintre en herbe dédie l’ensemble, ce Cahier de Zigzags, à sa cousine Madeleine Tapié. C’est à René Princeteau que l’adolescent présente ses premières œuvres. Au mois de mars 1882, il entre dans l’atelier du peintre parisien, avant de rejoindre celui de Léon Bonnat. Les rapports de maître à élève deviennent rapidement conflictuels, l’artiste alors en vogue régentant de manière trop autoritaire la travail de son apprenti. Ce dernier rejoint en 1883 Fernand Cormon, autre peintre de renom, plus libéral que son prédécesseur. Toulouse-Lautrec demeure d’ailleurs à ses cotés plus de cinq années, y côtoyant Emile Bernard ou Van Gogh, comme lui attirés par l'art moderne.

Le jeune peintre s’éloigne peu à peu de sa famille, de l’autorité parentale, s'installant à Paris, chez Grenier, au 19 rue Fontaine, à proximité d’Edgar Degas à qui il demande souvent conseil. Logeant ensuite chez Henri Rachou, au 22 rue Ganneron,
Toulouse-Lautrec peint dans le jardin du père Forest, situé à l’angle de la rue Caulaincourt et du boulevard Clichy. Rentier et photographe amateur, celui-ci offre à ses amis peintres la possibilité d’exercer leur art dans son vaste terrain où il avait également installé une buvette et un tir à l’arc. Toulouse-Lautrec fréquente avec assiduité les lieux, accompagné de ses modèles : Gabrielle, Justine Dieuhl, Honorine Platzer… En 1884, il installe enfin son atelier au 7 rue Tourlaque, au cœur de Montmartre, l’un des hauts lieux du plaisir et du divertissement parisiens. L’artiste, qui publie quelques dessins humoristiques dans la presse, promène aussi sa silhouette si reconnaissable, sa canne et ses bésicles dans les cabarets et autres cafés-concerts. Ainsi, en 1885, il dévoile quelques-unes de ses œuvres au Mirliton que vient d’ouvrir son ami Aristide Bruant.

Toulouse-Lautrec se lie à Suzanne Valadon, une de ses modèles, en 1885. L’année suivante, il expose au Salon des Arts incohérents, sous le nom de Tolan-Segroeg, puis à Toulouse en 1887. Sur l’invitation d’Octave Maux, il se rend à Bruxelles, à l'Exposition des XX, et y présente onze tableaux. La critique accueille favorablement sa peinture et Théo Van Gogh, frère du peintre, employé par la galerie Boussod et Valadon, lui prend quelques toiles en dépôt en 1889. La même année, Toulouse-Lautrec participe pour la première fois au cinquième Salon des Indépendants. Dans l’entrée du Moulin Rouge, un cabaret qui vient de s’ouvrir sur la Butte, le peintre expose Au Cirque Fernando : l’écuyère. Oller, le propriétaire des lieux accrochera également son Bal au Moulin Rouge au dessus du bar de l’établissement.

En 1891, son cousin Gabriel Tapié de Céleyran, qui achève à Paris ses études de médecine, l’introduit dans les milieux hospitaliers. L’artiste peint ainsi Une opération par la Docteur Péan. S’il diversifie les thèmes de ses oeuvres, tout en continuant à multiplier les portraits – il demeurera en effet toute sa vie attaché à l’étude de l’expression du visage humain - et les scènes de la vie de café et autres lieux de débauche…,
Toulouse-Lautrec s’intéresse également au japonisme, alors en vogue, copiant notamment des estampes d’Hokusai. Suivant les conseils de l'imprimeur Ancourt, il réalise sa première affiche lithographique - trente autres productions suivront -, une commande du Moulin Rouge. Ce lieu l’inspire décidément, ses personnages hauts en couleur qui s'y produisent : Jane Avril, La Goulue, Valentin-le-Désossé… 

En 1893, il réalise quelques gravures pour les éditions Estampes originales, pour l’éditeur de musique Georges Ondet. L’année suivante, à Londres, où il fait la connaissance d’Oscar Wilde,
Toulouse-Lautrec expose ses affiches au Royal Aquarium. Le peintre exécute de multiples toiles, des scènes croquées dans les maisons closes, un champ d'études qui s’avère particulièrement prolifique, en témoigne l’album de lithographies Elles réunies pour l’éditeur Gustave Pellet. Après avoir participé, au mois de mai, à une exposition avant-gardiste organisée par La Dépêche, un grand quotidien du Sud-Ouest, le peintre s’installe rue des Moulins à Paris. En 1895, il s’attèle à la décoration de la baraque achetée par la Goulue, son amie, au cœur de la Foire du Trône après son départ du Moulin Rouge. Toulouse-Lautrec fréquente les théâtres, celui des Variétés notamment, les milieux sportifs, le vélodrome en particulier que lui fait connaître Tristan Bernard, et qui sont deux sources d’inspiration supplémentaires. De cette période date l’affiche pour les Chaîne Simpson. En 1896, une deuxième exposition est consacrée au peintre, cette fois-ci chez Goupil, à Paris, au 9, rue Forest.

Après une croisière mouvementée à bord du Chili au départ d’Arcachon et qui le mène jusqu’à Lisbonne – l’artiste poursuivant une passagère inconnue -, il voyage en Touraine, puis en baie de Somme et en Hollande en 1897. Il peint peu cette année là, où il quitte son atelier de la rue Tourlaque et s'installe au 15, rue Frochot. En 1898,
Toulouse-Lautrec expose à la Goupil Gallery de Londres, située sur Regent Street. Cet événement dans la carrière du peintre français est aussi un scandale. On s’indigne en effet à propos des sujets de ses œuvres. Le Prince de Galles, futur Edouard VII, qui préside le vernissage de l’exposition, lui achète néanmoins une toile. La santé de Toulouse-Lautrec s’est fortement détériorée au cours des dernières années cependant et les crises de délire éthylique se multiplient, qui obligent sa famille à décider d’un internement à la clinique Madrid de Neuilly, que dirige le docteur Sénélaigue. La presse prétend alors que Toulouse-Lautrec est devenu fou, ce à quoi ce dernier répond en peignant de mémoire une série de trente-neuf dessins aux crayons de couleurs intitulée Le Cirque. Le journaliste du Figaro Arsène Alexandre prend par la suite la défense du peintre, qui quitte la clinique après deux mois d’internement et de cure.

En 1899, paraissent les Histoires naturelles de Jules Renard, illustrées par Toulouse-Lautrec à la demande de l’éditeur Fleury. .L’année suivante, l’artiste réalise le décor de l’opérette La Gitane à la demande de Thadée Natanson. Toulouse-Lautrec, qui a refusé une décoration du gouvernement, accepte néanmoins d’être membre du jury, section " Affiches ", de l’Exposition universelle. Au mois de décembre 1900, au château de Malromé, il est atteint d’une paralysie des membres inférieurs, que guérit un traitement de choc à l’électricité. De retour à Paris, au mois d’avril 1901, la vente Depeaux est pour lui un grand succès. Mais, de nouveau, alors que Toulouse-Lautrec est sur les bords du bassin d’Arcachon en compagnie de sa mère, il est victime d’une subite attaque de paralysie, le 20 août, et s’éteint à Malromé le 9 septembre, à l’âge de trente-sept ans. Henri de Toulouse-Lautrec est inhumé au cimetière de Saint-André du Bois, avant que son corps ne soit ramené au Verdelais.

Peu après sa disparition, la mère du peintre offre à Léonce Bénédicte, directeur des Beaux-Arts, et donc à l’Etat, d’entrer en possession d’une partie de l’œuvre de son fils défunt. Celui-ci refuse, indigné.
Toulouse-Lautrec, l’inclassable, le scandaleux, celui qui s’était fait une spécialité de cultiver le « genre laid », va ainsi purger des décennies de purgatoire, avant que ne s’ouvre en 1922 à Albi un musée à lui entièrement consacré, puis, bien plus tard, avant que son œuvre ne soit enfin reconnu en France.