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Hippolyte TAINE 

(Vouziers, 21 avril 1828 - Paris, 5 mars 1893)


Français.

Historien.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1853, doctorat es lettres.
1857, Les Philosophes français du XIXème siècle.
1863, La Littérature anglaise jusqu'à Byron.
         professeur à l'École des Beaux-Arts.
1870, De l'intelligence.
1875 ... , Les Origines de la France contemporaine.


 






Hippolyte Taine naît le 21 avril 1828 à Vouziers, dans les Ardennes. Jusqu’à l’âge de onze ans, il effectue quelques études dans l'école communale, tandis que son père, un avoué, lui enseigne le latin. Ce dernier tombe gravement malade en 1839 et décède l'année suivante, laissant à sa famille une petite rente. L'enfant est alors envoyé à Rethel, dans un pensionnat religieux, ses deux sœurs aînés demeurant auprès de leur mère. Il est ensuite confié en 1841 à l'institution Mathé à Paris, suivant les conseils de son oncle et désormais protecteur, notaire à Poissy. Hippolyte Taine loge à l'internat, puis auprès de sa mère montée également dans la capitale, et suit les cours du collège Bourbon. Brillant élève, il collectionne les prix scolaires et est lauréat en 1847 en rhétorique et en dissertation au Concours général. Ayant obtenu ses Baccalauréat de Lettres et de Sciences l’année suivante, Taine se décide à entrer à l'École normale – il est d’ailleurs reçu premier au concours d'entrée - et à embrasser la carrière professorale. De santé fragile, l'étudiant s'astreint néanmoins à une discipline personnelle très stricte, toute entière vouée à l'apprentissage et à la réflexion. Au mois d'août 1851 cependant, Taine échoue à l'agrégation de philosophie. Déclaré admissible, il se heurte lors de l’épreuve orale à l'hostilité du jury devant ses opinions hardies à propos du Traité de la connaissance de Dieu de Bossuet.

Hippolyte Taine est nommé peu après professeur suppléant de sixième au collège de Toulon, puis à Nevers. Là, il refuse de prêter serment au Second Empire et est transféré par mesure de discipline au lycée de Poitiers, malgré l'opposition de ses élèves. L'établissement est à présent placé sous l'autorité morale de l'évêque monseigneur Pie, aussi Taine s'abstient-il de toute incartade. Mal noté, il est néanmoins de nouveau muté, cette fois-ci à Besançon. Ceci le décide à demander un congé, accepté le 9 octobre 1852 par les autorités ministérielles et renouvelé d'année en année par la suite jusqu'au terme de son engagement décennal. Mis au banc de l'enseignement officiel, Taine trouve à s'employer à Paris, auprès de l'institution Carré-Demailly. Parallèlement à ses activités de professeur, il se met à la rédaction de ses thèses de doctorat es lettres - la première porte sur les Sensations, la seconde est un Essai sur les Fables de La Fontaine - et est reçu à l'unanimité du jury, le 30 mai 1853, après une soutenance remarquée.

Dès lors, Hippolyte Taine se consacre à l'écriture. Il vit reclus dans quelques hôtels garnis, prenant ses repas dans un restaurant de la rue Saint-Sulpice. Son Essai sur Tite-Live est présenté à l'Académie française en 1854, mais n'est couronné par les Immortels que l'année suivante. Le concours a en effet été prorogé ; le jury, malgré la bienveillance de François Guizot, ayant trouvé déplacé certaines phrases critiques toujours à l'égard de Bossuet, l’historien providentialiste. L'Essai paraît en 1856, peu après un Voyage aux Pyrénées, rédigé à l'occasion d'une cure effectuée dans la région. A son retour, il s'installe en compagnie de sa mère dans un appartement de l'île Saint-Louis. Son existence se fait allures plus sociale. Taine fréquente à présent les milieux littéraires et artistiques de la capitale, se liant avec Auguste Renan, Charles-Augustin Sainte-Beuve, Gustave Doré. Il entame également une collaboration fructueuse avec la Revue de l'Instruction publique, Le Journal des Débats ou La Revue des Deux Mondes. En 1858, paraît un premier volume des Essais de critique et d'histoire, qui rassemble les très nombreux articles rédigés pour ces différents périodiques. Les Philosophes français du XIXème siècle, qui paraissent en volume en 1857, sont de la même veine.

Ce dernier ouvrage cependant est une œuvre de combat. Au cours des dernières années et suivant ses convictions, Hippolyte Taine s'attache en effet à critiquer les doctrines spiritualistes, qui selon lui se sont érigées en doctrine officielle. Servi par une volonté de classification, il se pose en penseur rationaliste et entend pour sa part étudier chaque objet suivant des facteurs déterminants, qui peuvent être tour à tour la race, le milieu, l'époque... Taine fait ainsi souvent référence aux penseurs matérialistes, apparaissant comme l'un des chefs de file du positivisme littéraire. A ce titre, il sera par la suite souvent en butte à l'hostilité de l'épiscopat, du très remuant monseigneur Dupanloup notamment. Avec ce dernier ouvrage, Taine accède à la célébrité, devenant un des esprits les plus influents du monde des lettres et des arts. Recevant et conseillant nombre d'écrivains et d'artistes, il participe bientôt aux dîners de quinzaine du restaurant Magny en compagnie de Gustave Flaubert, Théophile Gautier ou des frères Goncourt.

Ces derniers le présentent à la princesse Mathilde, chez qui – suprême honneur à l’époque - il est reçu. A présent soutenu par le pouvoir en place, Hippolyte Taine est nommé, sur la présentation de Victor Duruy, futur ministre de l'Instruction publique, examinateur (en histoire et en allemand) au concours d'admission à l'École militaire de Saint-Cyr, au mois de mars 1863. En octobre de l'année suivante, il est également désigné afin de remplacer Eugène Viollet-le-Duc à son poste de professeur à l'École des Beaux-Arts. Ayant achevé le grand œuvre qui l'a longtemps occupé, celui-ci paraît au mois de décembre 1863 sous la forme de trois gros volumes et avec le titre de La Littérature anglaise jusqu'à Byron. Présenté à l'Académie française, la critique vis à vis de l'ouvrage se fait virulente. Abel Villemain, le rapporteur, se fait ainsi le porte-parole de l'opinion de l'évêque d'Orléans, comme du comte de Falloux, en affirmant qu'à cette œuvre " est attachée une erreur que le talent ne peut corriger et dont parfois il aggrave la portée. C'est la doctrine qui n'explique le monde, la pensée, le génie que par les forces vives de la nature ". Cette année-là, le prix ne sera donc pas décerné.

Ces fonctions officielles assurent à Hippolyte Taine des revenus confortables et réguliers. De plus, l'École de Saint-Cyr ne l'occupe qu'un trimestre et il ne doit assurer à l'École des Beaux-Arts qu'une douzaine de cours par an. Ceux-ci nécessitent cependant que l'enseignant se documente, ce pourquoi il effectue plusieurs voyages en Italie, en Angleterre, en Belgique et aux Pays-Bas. De ces cours plusieurs opuscules sont publiés entre 1865 et 1869, réunis plus tard - en 1880 - en volume sous le titre de Philosophie de l'Art. Entre temps, le 8 juin 1868, Taine se marie avec Melle Dunuelle, fille d'un architecte réputé. Au mois de janvier 1870, paraît enfin un essai auquel Taine travaille depuis 1851, De l'intelligence, une synthèse de ses réflexions, de ses observations, de ses lectures à propos de la psychologie de l'Homme. L'ouvrage, où l'on perçoit l'influence du sensualisme de Condillac, fait grand bruit. Au mois de juin suivant, il part pour un voyage d'étude en Allemagne. Celui-ci est bientôt interrompu par la déclaration de guerre de la France du second Empire à la Prusse. Les bouleversements, dans le domaine politique notamment, que ce conflit entraînent le marquent profondément.

A partir de l'automne 1871, Hippolyte Taine décide de s'employer à la rédaction d'un ouvrage d'histoire, une étude portant sur la passé récent de la France qu’il souhaite étudier suivant sa propre méthode. En 1874, il fait l'acquisition de la propriété de Boringe, à Menthon-Saint-Bernard, près du lac d'Annecy, en Savoie. Enfin élu à l'Académie française en 1878, - après deux tentatives infructueuses - , Taine quitte quelques années plus tard, en 1884, son poste de professeur à l'École des Beaux-Arts afin de se consacrer plus amplement à sa tache d’historien. Un volume portant sur l'Ancien Régime paraît en 1875 ; les trois volumes sur la Révolution se succèdent ensuite en 1878, 1881 et 1884 ; le premier tome du Régime nouveau est lui publié en 1891. Pourtant Les Origines de la France contemporaine demeureront inachevées. Tombé malade à l'automne 1892, Hippolyte Taine décède le 5 mars 1893 à Paris.