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Jules RENARD 

(Paris, 22 février 1864 - Paris, 22 mai 1910)



Français.


Ecrivain.



par Marc Nadaux



 

     Quelques dates :

1887, commence la rédaction de son Journal.
1889, fonde une revue littéraire, Le Mercure de France.
1892, est publié L’Écornifleur chez Stock.
1894, Poil de Carotte.
1896, Histoires naturelles.
1904, livre un article pour le premier numéro de L’Humanité.


 






Jules Renard naît à Chalons-du-Maine, près de Laval, le 22 février 1864. Il est le fils cadet de François Renard, entrepreneur de travaux (et franc-maçon) et de Rosa-Anne Colin, fille d’un quincaillier. Le couple a déjà deux enfants : Amélie née en 1859 et Maurice né en 1862. Deux années après la naissance de Jules, la famille Renard s’installe à Chitry-les-Mines. C’est dans cette commune de la Nièvre - dont François Renard sera bientôt maire - que se déroule l’enfance de Jules. Avec son frère,en 1875, ils sont placés en pension à Nevers dans une institution religieuse, l'Institution Saint-Louis, tout en suivant les cours du Lycée de la ville. En 1881, après avoir échoué à la première partie du Baccalauréat, Jules Renard monte à Paris et entre au Lycée Charlemagne, où il suit cette fois-ci les cours de rhétorique. Logeant pendant cette période à l'hôtel Saint-Magloire, derrière le Chatelet, il est enfin lauréat de l’épreuve, au mois de juillet 1883. Au Lycée Charlemagne à présent, Jules Renard échoue dans les deux années qui suivent au concours d’entrée à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm.

Jules Renard choisit de demeurer dans la capitale, vivant des maigres subsides paternels. Suivant de loin les cours de droit de la Faculté, il continue à fréquenter les cafés du quartier latin, lieux de rendez-vous de la bohème littéraire, et arpente les couloirs des journaux à la recherche de quelques emplois. Il se lie à cette époque à Danielle Davyle, une pensionnaire de la Comédie-Française. Celle-ci s’emploie à faire connaître son amant en lisant ses vers dans les salons, un de ses poèmes intitulé Les Roses notamment. En vain. Ceux-ci n’intéressent que peu les éditeurs parisiens, même si au cours de l'année 1884 des articles parlant de lui paraissent dans le Gil Blas et
La Presse. Le 4 novembre 1885, Jules Renard est engagé conditionnel, à Bourges et pour une durée d’une année. De retour à la vie civile et installé au 47 de la rue Saint-Placide, il devient alors précepteur des trois fils du romancier Auguste Lion, au mois de juin 1887. La même année commence la rédaction de son Journal. Ajoutons qu'en 1886, Les Roses, un reueil de poèmes, paraissent enfin, chez Sévin, mais à compte d'auteur.



Le 28 avril, Jules Renard se marie à Marie Morneau, la " Marinette "du Journal, une jeune fille de dix-sept ans, fille d’une propriétaire qui a trois cent mille Francs de dot... Le couple s’installe auprès de la " belle-mère du délire ", au n°44 de la rue du Rocher, dans un immeuble situé à proximité de la gare Saint-Lazare. Au mois d’octobre de la même année, celui qui souhaite toujours faire profession de littérateur publie à compte d’auteur un recueil de nouvelles, Crimes de village, dédié à son père. Au mois de février 1889, un premier enfant, Pierre-François, dit Fantec, naît de leur union. Jules-Marie, Baie, suivra au mois de mars 1892. Avec quelques amis, au mois de novembre 1889, l’écrivain fonde une revue littéraire, Le Mercure de France. Jules Renard en acquiert six parts, ce qui en fait le plus gros actionnaire. Dirigé par Valette, la revue comptera dans ses pages nombre d'articles de critique de Jules Renard, réunis dès le mois de d'octobre 1890 sous le titre de Sourires pincés.

Jules Renard se mêle d’ailleurs de plus en plus à la vie artistique et culturelle de la capitale. Il sort beaucoup, fréquente les spectacles en compagnie de quelques amis parmi lesquels Maurice Barrès, Alphonse Allais, André Gide, Marcel Capus ou Marcel Schwob. Grâce à Alphonse Daudet auquel il rend souvent visite dans sa villa de Champrosay, près de Paris, Jules Renard fait la rencontre d’Edmond de Goncourt et d’Auguste Rodin au mois de mars 1891. L'éditeur Genonceaux refuse son roman Les Cloportes, mais son auteur se voit bientôt proposer l’entrée au comité de lecture du Théâtre d’Art, fondé par Paul Fort. Au mois de février 1892, est publié L’Écornifleur chez Stock. L’ouvrage obtient un certain succès, étant bien accueilli par la critique. L’écrivain entame alors une collaboration fructueuse avec les grands quotidiens parisiens. Il écrit ainsi dans Le Figaro, le Gil Blas ou L’Écho de Paris.

Au mois de février 1893, alors que l'écrivain effectue un bref voyage en Suisse, est publié Croqueciguë. On voit maintenant Jules Renard en compagnie de Paul Claudel, de Léon Daudet, de Tristan Bernard ou de Catulle Mendés. Fort de son succès, Le Mercure de France se transforme à cette époque en société anonyme par actions. Après Le Vigneron dans sa vigne, en librairie au mois d’octobre 1894, un roman autobiographique, Poil de Carotte, est salué par la critique. Jules Renard est bientôt élu à la Société des Gens de Lettres où il est accueilli par Émile Zola. La famille de l'écrivain s'installe alors dans une maison meublée à Maison-Lafitte, 9 avenue Jean-Jacques Rousseau. Grâce à Edmond Rostand, il rencontre l'actrice Sarah Bernhardt en 1895. L’année suivante voit la sortie d’Histoires naturelles, au mois de mars, puis de La Maîtresse, au mois de mai. Pendant l’été, la famille Renard s’installe à Chaumot, près de Chitry-les-Mines, dans l'ancien presbytère, rebaptisée La Gloriette, diminutif de gloire. Elle y résidera désormais la moitié de l’année.



Le 15 mars 1897, a lieu aux Bouffes-Parisiens la première représentation du Plaisir de rompre, avec l'actrice Jeanne Granier, rune pièce qui obtient un grand succès. Peu de temps après, le 19 juin, son père, malade, se suicide d'un coup de fusil. L'écrivain en est très éprouvé. Cependant, alors que l’affaire Dreyfus prend de l’ampleur, Jules Renard s’engage publiquement du côté du dreyfusisme. Ceci l’amène à faire le tri de ses amitiés. Au mois de mars 1900, Poil de Carotte, qu’il a adapté pour les besoins du théâtre, est un triomphe. La même année, pendant l’été, Jules Renard, qui est conseiller municipal de Chaumot depuis le 6 mai précédent, est décoré de la Légion d’honneur. Le théâtre, le sien, - Monsieur Vernet, créé le 6 mai 1903 - , mais également celui des autres l'absorbe de plus en plus. Les relations d’amitié qu’il entretient à l’égard de Léon Blum l’introduisent dans les milieux socialistes. Ayant visité l Chambre, présenté ensuite à Jean Jaurès, Jules Renard livre un article pour le premier numéro de L’Humanité, le 18 avril 1904, un journal qu’il soutiendra financièrement dans les années qui suivent. C’est à présent à Vitry qu’il est élu maire, le 15 mai suivant.

Vivant à présent retiré dans sa villa de Chaumot, Jules Renard délaisse l’écriture et la vie parisienne. Après une alerte cardiaque, il doit renoncer à la chasse. Il néglige également d’assister à la création des Histoires naturelles, mises en musique par Maurice Ravel en 1906. Pressé par les besoins d’argent, l’écrivain collabore, à partir du mois de février 1907, à une nouvelle revue littéraire, le quotidien Messidor, rédigeant un Courier des Théâtres. Élu le 31 octobre suivant à l’Académie Goncourt grâce à l’appui d’Octave Mirbeau, il reprend bientôt goût à la vie de société. Il renoue ainsi avec Rostand et Antoine, avec lesquels il s'était brouillé depuis bientôt dix années. Une nouvelle édition de Poil de Carotte connaît un grand succès de librairie. En 1908, Jules Renard rédige Nos Frères farouches. Le 21 octobre de l’année suivante, est créée La Bigotte à L’Odéon, une pièce qui choque le public présent, mais aussi la critique par son anticléricalisme affiché.



Soufrant depuis plusieurs années, Jules Renard décède le 22 mai 1910, à Paris, au 44 rue du Rocher. Quelques jours plus tard, il est enterré civilement à Chitry-les-Mines. Ajoutons qu'il faudra attendre 1925 pour voir paraître la première édition de son Journal, une version définitivement expurgée par les soins de son épouse, qui venait de découvrir l'infidélité du défunt, mais inquiète par ailleurs du regard porté par Jules Renard sur ses contemporains, des portraits par lui dressés.