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Francis Claudius KOENIGSTEIN
, dit
RAVACHOL


(Saint-Chamond, 14 octobre 1859 -
Montbrison, 11 juillet 1892)


Français.

C
riminel et homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1892, à Paris, un des poseurs de bombes de la vague d'attentats qui secoue la capitale.

 

 






François Ravachol, de son vrai nom Francis Claudius Koenigstein, est né à Saint-Chamond (dans le département de la Loire) le 14 octobre 1859. Son père, un ancien marin hollandais, s’est installé en France où il est lamineur aux forges d’Isieux. Sa mère, moulinière en soie, est également issue du monde ouvrier. Celle-ci subit le caractère de son compagnon qui la bat régulièrement puis la quitte, elle et ses quatre enfants, et s’en retourne bientôt dans son pays d’origine. Francis est alors placé à l’hospice puis en nourrice, à l’âge de six ans, dans un petit village des environs. Il s’emploie ensuite à partir de 1867 chez les paysans et les artisans des environs afin de ramener quelques deniers au foyer familial.

Trois années durant, l’adolescent effectue son apprentissage dans la maison Puteau et Richard, à Saint Chamond. A l’âge de seize ans, il est enfin nommé ouvrier teinturier, ne touchant cependant qu’un salaire de misère. Ceci le pousse à s’embaucher successivement dans différents établissement de teinturerie de la région. Francis Koenigstein fait alors connaissance avec la vie des classes laborieuses, ses difficultés. Révolté par les injustices sociales, il est plusieurs fois renvoyé pour faits de grève ou pour désobéissance.

C’est aussi l’époque où l’ouvrier s’initie aux doctrines socialistes. En 1877, il assiste ainsi à une conférence donnée par Charles-Edme Chabert, membre de la première Internationale, à Saint-Chamond. Les paroles du militant lui ouvre alors de nouveaux horizons. Francis Koenigstein se met à parcourir les feuilles qui circulent parmi ses camarades de travail, Le Prolétariat ou Le Citoyen de Paris. Aux seins des milieux syndicalistes circulent également les idées libertaires. Ces dernières retiennent son attention. De nouveau renvoyé par son employeur, Pichon, teinturier à Saint Chamond, celui qui se fait maintenant appelé François Ravachol, doit partir s’installer à Saint-Étienne où il trouve de nouveau à s’employer. Dans la cité stéphanoise, l’ouvrier teinturier devient le meneur d’un groupe anarchiste.



Renvoyé pour son inconduite et pour les idées subversives qu’il diffuse auprès de ses camarades de travail, Ravachol est maintenant dans le dénuement, lui qui doit également subvenir aux besoins du reste de la famille. Le 30 mars 1886, il commet alors son premier crime sur la personne d’un rentier, M. Rivollier, âgé de quatre-vingt-six ans, et de sa domestique, la " femme " Fradel, afin de leur dérober leurs maigres économies. Celui-ci demeure impuni. Le militant anarchiste multiplie alors les larcins auprès des paysans des campagnes environnantes. Il apprend également à jouer de l’accordéon et anime ainsi des bals où dansent la jeunesse de Saint Etienne. Ravachol vit maintenant de ses maigres cachets, mais aussi de la contrebande d’alcool ou du faux monnayage.

Après ses années passées en marge de la société, Ravachol se révèle dans sa carrière de criminel. Dans la nuit du 14 au 15 mai 1891, il profane la sépulture de la baronne de la Rochetaillée, inhumée quinze jours plus tôt au cimetière Saint-Jean-Bonnefond, et lui dérobe ses bijoux. Le 18 juin suivant, François Ravachol étouffe avec son mouchoir Jacques Brunet, un ermite vivant reclus depuis des décennies dans le sanctuaire de Notre-Dame-de-Grâce, près de Chambles. Le meurtrier reviendra ensuite à plusieurs reprises sur les lieux de son forfait afin d’emporter les économies du nonagénaire. Reconnu par ses allées et venues et ayant échappé aux policiers venus l'arrêter, le 27 juin, il se cache alors auprès de ses amis anarchistes, à Saint Etienne. Dans la cité stéphanoise, le 28 juillet, Ravachol assassine de nouveau. Il tue à coups de marteau Mme Marcon et sa fille, tenancière d’un commerce de quincaillerie.

Ravachol se réfugie ensuite à Barcelone où il est hébergé par l'anarchiste Paul Bernard, condamné par contumace par la justice française. Celui-ci lui enseigne le moyen de fabriquer des bombes. De retour en France, Ravachol met alors ce savoir au service de la cause anarchiste. Le 11 mars 1892 et avec l’aide de quatre compagnons, il fait exploser l’immeuble, situé au n°136 du boulevard Saint-Germain, où réside le juge Benoît. Celui-ci s’était en effet distingué, quelques mois plus tôt, en condamnant trois militants anarchistes de Clichy, Decamp, Dardare et Léveillé, coupables d'avoir tiré sur des policiers. François Ravachol s’en prend ensuite, le 27 mars suivant, au logement du substitut du procureur général, le conseiller Bulot, qui avait requis la peine de mort au cours de ce même procès. Ravachol apparaît alors comme un justicier dans cette affaire qui a ébranlé les milieux libertaires.



Cependant le poseur de bombe a été aperçu par des témoins en préparant son forfait. Tous les parisiens connaissent désormais son nom et son visage, la presse se faisant l’écho de son signalement. Le criminel est bientôt reconnu et dénoncé par un garçon du restaurant Véry nommé Lhérot. François Ravachol est arrêté le 29 mars 1892 tandis que le 25 avril suivant, soit la veille de l'ouverture de son procès devant la cour d'assises de la Seine, l’établissement est soufflé par l’explosion d’une bombe qui fait deux victimes. Et le Palais de Justice de Paris est maintenant en état de siège pendant le procès de celui qui se proclame justicier de la cause anarchiste Celui-ci n’est d’ailleurs condamné qu'aux travaux forcés à perpétuité, tandis que trois de ses quatre complices sont acquittés. C’est alors un déchaînement dans la presse satirique qui s’en prend à la faiblesse coupable des juges et des jurés.

Cependant, deux mois plus tard, Ravachol comparait également à Montbrison devant la cour d'assises de la Loire. Le militant anarchiste doit maintenant répondre des crimes commis dans la région de Saint Etienne en 1886 et en 1891. Celui-ci nie farouchement et proclame ainsi son innocence. Il est pourtant condamné à mort et guillotiné le 11 juillet 1892. Après avoir refusé l’assistance d’un aumônier et donc les secours de la religion puis chanté une chanson cléricale, Ravachol était monté à l'échafaud en chantant un refrain du Père Duchesne : " Si tu veux être heureux, / Nom de Dieu / Pends ton propriétaire, / Coup' les curés en deux, / Nom de Dieu ! ". Le couperet tombe enfin, interrompant l’anarchiste qui lançait un dernier cri : " Vive la Révolution ! ". Celui qui apparaît alors comme un martyr de la cause libertaire entre dans la légende. Tandis que se préparent de violentes représailles, Le Père Peinard publie en son honneur une chanson, La Ravachole, qui connaît son succès.