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Pierre Joseph PROUDHON 

(Besançon, 15 janvier 1809 - Paris, 19 janvier 1865)


Français.

Philosophe.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1840, Qu'est-ce que la propriété ? ou Recherches sur le principe du droit et du gouvernement..
1842, L'Avertissement aux propriétaires.
1846, Système des contradictions économiques ou philosophie de la misère.
         polémique avec le penseur allemand Karl Marx.
1847, lance un journal périodique, Le Représentant du peuple.
1848, élu député de la Seine.
         L'Organisation du crédit et de la circulation.
1851, Idée générale de la révolution au XIXème siècle, choix d'études sur la pratique révolutionnaire et industrielle.


 






Pierre Joseph Proudhon est né à Besançon, le 15 janvier 1809. Issu d'une famille modeste, son père est artisan tonnelier et sa mère cuisinière, l'enfant effectue ses études dans une école mutualiste. Il obtient ensuite une bourse d'externat et entre en 1819 au collège royal de Besançon. La faillite de l'entreprise paternelle l'oblige cependant à quitter l'institution pour devenir, à partir de 1827, typographe. Il effectue un tour de France, se perfectionnant ainsi dans plusieurs villes au métier de correcteur d'imprimerie. Celui-ci le mène à Marseille, à Draguignan et enfin à Toulon. Sa formation achevée, Proudhon décide de revenir dans sa ville natale où il est employé comme prote à l'imprimerie Gauthier. Cet emploi lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. Il fréquente également à cette époque les disciples de Charles Fourier. Cependant les difficultés économiques qui touchent la profession le contraignent à monter à Paris, en 1838.

Dans la capitale, Proudhon installe sa propre imprimerie. Une nouvelle bourse, la pension Suard,  lui est attribuée, l'étudiant suit alors avec empressement les cours du Collège de France et de l'École des Arts et Métiers. Il obtient bientôt le baccalauréat. En 1839, est édité sous son nom un opuscule intitulé De l’utilité de la célébration du dimanche. Celui-ci est une réponse au concours lancé par l’Académie de Besançon qui lui décerne sa médaille de bronze. L’année suivante, au mois de juin 1840, Proudhon fait paraître une nouvelle brochure, Qu'est-ce que la propriété ? ou Recherches sur le principe du droit et du gouvernement. Celle-ci le fait connaître du grand public. Dans ce texte, il utilise en effet la formule iconoclaste " la propriété c'est le vol " qui ne résume pourtant pas la pensée nuancée de son auteur. S'il s’élève contre le droit à un revenu sans travail, toute forme de possession ne lui apparaît pas pour autant comme le produit d’un vol. Proudhon publie ensuite deux autres mémoires. Le premier, une Lettre à M. Blanqui, professeur d'économie politique au Conservatoire des Arts et Métiers, sur la propriété, au mois d'avril 1841, s'élève de nouveau contre la propriété ; le second, au mois de janvier 1842, se destine à critiquer l'activité de Victor Considérant, le chef de l'école fouriériste. Cette dernière oeuvre, intitulée L'Avertissement aux propriétaires, est à l’origine de poursuites engagées contre lui. Traduit devant la cour d'Assises de Besançon, le 3 février 1842, Proudhon est cependant acquitté.

A cette époque, la vente de son affaire  le laisse démunie. A partir du mois de mai 1843, il séjourne alors  à Lyon où des amis, les frères Gauthier, lui propose un emploi de commis batelier dans son entreprise de transport de la houille sur la canal du Rhin au Rhône. La même année, au mois de septembre, paraît De la création de l’ordre dans l’humanité, ou Principes d'organisation politique. Son activité commerciale permet tout de même au philosophe de séjourner fréquemment dans la capitale parisienne. Au mois de mars 1845, Proudhon critique dans Le Miserere ou la pénitence d'un roi les sermons de carême du Révérend Père Henri Lacordaire qui prêche à Notre-Dame. A Paris, Proudhon maintient ses contacts au sein des milieux socialistes. Le 15 octobre 1846, le
Système des contradictions économiques ou philosophie de la misère, est à l'origine d'une polémique avec le penseur allemand Karl Marx, dont il a fait la connaissance quelques temps plus tôt. Celui-ci attaque violemment ses théories dans La Misère de la Philosophie. Au mois d'octobre 1847, Proudhon quitte son poste chez les Gauthier.



Revenu à Paris l’année suivante, Proudhon lance un journal périodique, Le Représentant du peuple, en association avec Jules Viard. La révolution de 1848 et l’avènement de la Seconde République décident de son entrée en politique. Après un premier échec au mois d'avril précédent, il est élu député de la Seine le 4 juin, lors d’une élection complémentaire. Fidèle à ses convictions, Proudhon expose alors le 31 juillet suivant, dans une allocution à l’Assemblée constituante, son programme social sous la forme de propositions de loi. Le philosophe prend au passage la défense du peuple exploité par la bourgeoisie. Les députés couvrent de huée cette allocution et acclame ensuite Adolphe Thiers, monté à la tribune pour en faire la réfutation. Ceci lui vaut l'hostilité de la majorité des républicains modérés et le vote d'un blâme par la quasi unanimité de l'Assemblée. Son journal est bientôt saisi mais reparaît quelques temps plus tard, remplacé par Le Peuple. Dans ses colonnes, est publié le 15 novembre 1848 un manifeste électoral en faveur des associations ouvrières.

Au mois de mars précédant, Proudhon avait publié un nouvel ouvrage, L'Organisation du crédit et de la circulation. Afin de mettre ses théories en pratique, il fonde alors la Banque du peuple, le 31 janvier 1849. Désireux de lutter contre les injustices sociales, le philosophe entend supprimer le profit capitaliste en pratiquant des prêts sans intérêt, faisant ainsi disparaître l'escompte. Cette banque qui repose sur des principes mutualistes recueille vingt mille souscripteurs en l’espace de quelques semaines. Un premier capital de cent mille francs se constitue ainsi. L’entreprise connaît cependant l’échec et la banque est liquidée, quelques semaines plus tard, avant même que la première opération de crédit n'ait eu lieu.

Proudhon est de plus condamné à 3.000 F d’amende et à trois ans d’emprisonnement pour délit de presse, le 28 mars de la même année. Dans trois articles publiés quelques temps auparavant, les 26, 27 et 30 janvier, il s’en était en effet pris au Prince-président, Louis-Napoléon Bonaparte. Le philosophe choisit de s'exiler. Il se réfugie dans la Belgique voisine avant de revenir imprudemment en France au mois d'avril 1849. Proudhon est alors écroué à Sainte-Pélagie, à partir du 7 juin suivant. Son journal, qu'il dirige depuis la prison parisienne, prend alors le nom de La Voix du Peuple. Il se marie le 31 décembre à Euphrasie Piégard, une jeune ouvrière passementière, dans l’enceinte même de la prison. Quatre filles naîtront de leur union : Catherine, le 10 octobre 1850 ; Marcelle l'année suivante ; Stéphanie au mois de septembre 1853 et enfin Charlotte, au mois de mai 1856. En 1851, le philosophe fait paraître l'Idée générale de la révolution au XIXème siècle, choix d'études sur la pratique révolutionnaire et industrielle, un ouvrage dont les principes inspireront le syndicalisme révolutionnaire. Celui-ci expose l'idée que les grandes unités de production industrielles devraient être transformées en associations de travailleurs, lesquelles échangeraient librement leurs produits.



Libéré le 4 juin 1852 après trois années d'internement, Pierre Joseph Proudhon délaisse maintenant ses préoccupations économiques pour se consacrer aux problèmes politiques et sociaux. Le philosophe rédige alors au mois de juillet La Révolution sociale démontrée par le coup d'État. Il publie également les Confessions d'un révolutionnaire, écrites en détention. A cette époque, Proudhon s'efforce de croire en Napoléon III. Il voit en lui l'homme de la révolution sociale, celui qui mettra en pratique ses théories et améliorera ainsi les conditions de vie de la classe laborieuse. Une première visite à l'Empereur, au mois de janvier 1853, est suivie de plusieurs autres. En 1855, Proudhon présente ainsi à Napoléon III un projet d'Exposition perpétuelle. Les espérances du penseur sont cependant de courte durée et il reprend bientôt ses attaques contre le Second Empire.

En 1857, Proudhon publie le Manuel du spéculateur à la Bourse puis, l’année suivante, le 22 avril 1858, La Justice dans la révolution et dans l'Église. Il répond avec ce dernier ouvrage, dont 6.000 exemplaires sont vendus en quelques jours, aux attaques de Mgr Mathieu, l’archevêque de Besançon. Ceci lui vaut une nouvelle condamnation à trois années de prison et à 4.000 francs d'amende, le 2 juin 1858, pour " outrage à la religion et à la morale ". Le philosophe se réfugie de nouveau à Bruxelles. Amnistié par décision de l’Empereur le 12 décembre 1860, Proudhon est bientôt de retour en France. Il publie le 21 mai 1861 La Guerre et la Paix, recherches sur le principe et la constitution du droit des gens. Vient ensuite Du Principe fédératif et de la Nécessité de reconstituer le parti de la révolution, le 14 février 1863, par lequel il s’oppose à l’autorité centralisatrice de l'État moderne. Il commence ensuite la rédaction d’un texte d’inspiration anarchiste, De la capacité politique des classes ouvrières, décrivant l'évolution future de la société et la destruction progressive de l'État.  



Souffrant depuis plusieurs années, Pierre-Joseph Proudhon décède à Paris, le 19 janvier 1865.