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Gérard LABRUNIE,
dit

Gérard de NERVAL 

(Paris, 22 mai 1808 - Paris, 26 janvier 1855)


Français.

Homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1828, sa traduction du Faust devient pour les lecteurs français le texte de référence de l’œuvre de Goethe.
1841, Jules Janin dans Les Débats fait l’apologie de l’esprit de Nerval.
1848, Femmes du Caire.
1854, Les Filles du Feu.
1855, Aurélia .

 






Gérard Labrunie naît à Paris le 22 mai 1808, année où son père, docteur en médecine, est attaché à l’Armée du Rhin. En Allemagne, ce dernier dirige l’hôpital de Hanovre, puis celui de Breslau à partir de 1810. L’enfant est alors placé en nourrice à Loisy, une commune située non loin de Paris, à proximité d’Ermenonville. Sa mère, qui a suivi son mari outre-Rhin, décède le 29 novembre 1810. Deux années plus tard, son père est grièvement blessé à Wilna en Pologne. A Paris, on est très longtemps sans nouvelles de lui. Aussi Gérard est confié à l’oncle de sa mère, résidant à Mortefontaine. En 1814 avec la chute de l’Empire, Etienne Labrunie est enfin de retour en France. Il s’installe à Paris en compagnie de son fils.

Celui-ci entre en 1820 en tant qu’externe au Collège Charlemagne. Il effectuera l’ensemble de sa scolarité dans l’établissement, se liant à l’un de ses camarades de classe, Théophile Gautier. Dès cette époque, l’adolescent rédige quelques textes de littérature. Reçu bachelier en 1826, Gérard Labrunie travaille à une traduction du Faust de Jean-Wolfgang Goethe. Il possède en effet la langue allemande que lui a enseigné son père. C’est aussi une attirance curieuse pour les sciences occultes qui le décide à se lancer dans cette entreprise téméraire. Publiée en 1828, sa traduction devient rapidement pour les lecteurs français le texte de référence de l’œuvre de Goethe, saluée d’ailleurs par l’auteur en personne. Cette publication vaut à Gérard Labrunie une renommée précoce dans le monde littéraire. Présenté à Victor Hugo, il participe en 1830 à la bataille d’Hernani, aux côtés de la jeunesse romantique.

Son père cependant désapprouve ces projets d’avenir incertains d’homme de Lettres auquel se destine son fils. Celui-ci s’emploie comme apprenti chez un imprimeur parisien avant de devenir clerc de notaire. Sous le pseudonyme de Gérard de Nerval, il continue à publier dans des revues ses traductions ainsi que des odes poétiques. A partir de 1832, Nerval fait partie du " petit cénacle ", qui se réunit autour du sculpteur Jehan Duseigneur. La même année, il entreprend des études de médecine. Celles-ci sont de courte durée. Au début de l’année 1834, avec le décès de son grand-père maternel, Nerval bénéficie d’un confortable héritage qui l’éloigne désormais de tout soucis matériel et l’affranchit de la tutelle paternelle.



Pendant l’automne suivant, il effectue un voyage en Italie qui le mène à Florence, à Rome et enfin à Naples. A son retour, Gérard de Nerval s’éprend d’une actrice, Jenny Colon, à laquelle il voue une véritable adoration. En compagnie de son ami Théophile Gautier, il s’installe alors impasse du Doyenné puis fonde une revue littéraire, Le Monde dramatique, au mois de mai 1835. C’est un échec complet qui provoque sa ruine. Nerval, maintenant sans le sou, doit gagner sa vie en livrant de multiples articles à des journaux, à La Charte de 1830, à La Presse ou à L’Artiste. Le journaliste entame également une collaboration fructueuse avec Alexandre Dumas. Ensemble, ils rédigent plusieurs œuvres théâtrales qui sont jouées sur les scènes parisiennes dans les années qui suivent. La première de Piquillo, un opéra-comique, a lieu le 31 octobre 1837. Une tragédie, Caligula, est également représentée à la fin de la même année. Viennent ensuite L’Alchimiste ainsi que Léo Burckart en 1839.

Au cours de ces années, Gérard de Nerval effectue quelques séjours à l’étranger. Toujours en compagnie de Théophile Gautier, il s’est ainsi rendue en Belgique au mois de juillet 1835, un pays qui l’accueillera de nouveau en 1840. En 1839, c’est avec Alexandre Dumas qu’il parcoure l’Allemagne. L’année précédente a vu la fin de sa liaison avec Jenny Colon. Celle-ci s’est mariée. Pendant l’hiver 1839, Nerval rencontre en Autriche une musicienne, Marie Pleyel, pianiste virtuose, elle aussi capricieuse et insaisissable pour l’homme de lettres. En 1841, alors que Jules Janin dans Les Débats fait l’apologie de l’esprit de Nerval, celui-ci est saisi de plusieurs crises de folie. Cet état l’oblige à un long séjour à la clinique du docteur Émile Blanche, à Passy.

Afin de se rétablir mais aussi pour retrouver l’inspiration qui le fuie, l’homme de Lettres forme le projet d’un long périple en Orient. Le 1er janvier 1843, Gérard de Nerval embarque à Marseille à destination de l’Égypte. Après un court séjour à Malte, il arrive à Alexandrie le 16 janvier suivant. Nerval est ensuite au Caire jusqu’au mois de mai, date à laquelle il parvient en Syrie. Après Chypre, Rhodes et Smyrne, c’est dans la ville de Constantinople que le voyageur réside du 25 juillet au 28 octobre 1843. Gérard de Nerval est de retour en France le 5 décembre, après une nouvelle traversée de la Mer Méditerranée. Il reprend alors son activité journalistique et entame en 1846 la publication du récit de son voyage en Orient dans les colonnes de La Revue des Deux Mondes. En 1848, celui-ci est également en librairie, en volumes cette fois ci et sous le titre racoleur des Femmes du Caire. Cependant, en ces moments d’agitation politique, la révolution de 1848 occupe les esprits des Parisiens. Aussi l’ouvrage ne connaît que peu de succès.



L’année suivante, l’écrivain entame pour le journal Le Temps la rédaction d’un roman historique, Le Marquis de Fayolle, qu’il n’achève pas. Son état dépressif s’aggrave et, au mois d’avril 1849, Nerval effectue de nouveau un séjour en clinique. Il s’attelle tout de même à la rédaction de la suite de son journal de voyage, Les Femmes du Liban. Confiant dans le succès de sa pièce de théâtre, L’Imagier de Harlem, qu’il fait jouer le 27 décembre 1851, l’écrivain est maintenant au plus bas, après l’échec que connaît cette dernière entreprise. Il entame alors sa " descente aux enfers ", suivant sa propre expression.

Dans les années qui suivent, Gérard de Nerval partage son temps entre les séjours à l’étranger et l’écriture pour laquelle il s’emploie de manière frénétique. Il est ainsi en Belgique et en Hollande en 1852 et rédige dans le même temps plusieurs textes : Lorely, Souvenirs d’Allemagne, Les Nuits d’Octobre, Les Illuminés, La Bohème galante, Contes et Facéties. En convalescence à la Maison Dubois au début de l’année 1853, Nerval, souffrant, achève Sylvie publiée à partir du 15 août dans La Revue des Deux Mondes. Au mois de janvier 1854 paraissent également Les Filles du Feu. L’écrivain a travaillé à cette dernière œuvre à la clinique du docteur Blanche où il séjourne à cette époque. Dans un soucis thérapeutique, l’aliéniste réputé demande alors à l’écrivain de tenir le registre des visions qui le poursuivent. Au mois d’octobre 1854, l’intervention de la Société des Gens de Lettres lui permet de quitter l’établissement.

A partir du 31 octobre 1854, Le Mousquetaire, une revue littéraire fondée par Alexandre Dumas, publie Pandora. Dès le 30 décembre suivant, le public peut également lire Promenades et Souvenirs dans L’Illustration, puis Aurélia qui paraît dans La Revue de Paris à partir du 1er janvier 1855. L’écrivain est plus que jamais envahi par l’angoisse, celle de la mort et de la damnation. A l’aube du 26 janvier 1855, Gérard de Nerval, dépressif, est retrouvé pendu rue de la Vieille-Lanterne (à l’emplacement actuel du Théâtre Sarah-Bernhardt).