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Prosper MÉRIMÉE 

(Paris, 28 septembre 1803 - Cannes, 23 septembre 1870)


Français.

Ecrivain
.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1830, se lie d’amitié avec la famille du comte de Montillo et fait la connaissance de la fille de celui-ci, Eugénie, future Impératrice.
1831, nommé chef de cabinet du comte d’Argout, ministre du commerce .
1834, nommé inspecteur général de la Commission des Monuments Historiques.
1840, Colomba.
1844, élu à l’Académie Française.
1845, Carmen.
1853, nommé sénateur.
1863, refuse le poste de ministre de l’instruction publique.
 

 






Fils unique, Prosper Mérimée naît à Paris le 28 septembre 1803. Son enfance le met au contact du milieu des artistes, avec les relations de son père, peintre et professeur à l’École Polytechnique. Il entre en 1811 au Lycée impérial Napoléon (Henri IV aujourd'hui) où il se montre un élève brillant et passionné par la culture classique mais également par les langues modernes. Il parle couramment l’espagnol et l’anglais dès sa quinzième année. A partir de 1819, et suivant les conseils de son père, il prépare sa licence en droit qu’il obtient quatre années plus tard, à l’age de vingt ans.

Mérimée est également l’une des figures de la vie élégante du Paris de la Restauration. Le jeune dandy se rend régulièrement dans les salons réputés, où il y fait la connaissance des célébrités du temps, François-René de Chateaubriand chez Madame de Récamier notamment. Aux cotés de Victor Hugo il est membre du Cénacle, partageant les aspirations de la jeune génération romantique des Vigny, Musset, Lamartine, Nerval, Delacroix… C’est une période d’intense production littéraire. Il rédige alors des pièces de théâtre ou des romans historiques, comme la Chronique du règne de Charles IX, suivant la mode du moment et dans la lignée des œuvres de l’écossais Walter Scott. Il faut aussi retenir la publication de quatorze nouvelles en 1829 et 1830, dont Matéo-Falcone et Tamango, qui traite du commerce des esclaves noirs interdit à l’époque.

En 1827, Mérimée fait la rencontre de celle qui deviendra sa maîtresse, Émilie Lacoste. Un duel au cours duquel il est blessé au bras gauche l’oppose l’année suivante au mari de celle-ci. Comme d’autres écrivains romantiques de l’époque, il entreprend des voyages d’agréments et de découvertes pour fournir à son imagination la matière à de nouveaux récits. Après l’Angleterre quelques années auparavant, il choisit de quitter Paris en 1830 pour visiter l’Espagne et l’Andalousie. A cette occasion, il se lie d’amitié avec la famille du comte de Montillo et fait la connaissance de la fille de celui-ci, Eugénie, âgée de quatre ans. Puis, le chemin du retour lui fait parcourir le sud de la France et le Roussillon où il situera le décor de la Vénus d’Ille, publiée en 1837.



Entre-temps, la Révolution de juillet 1830 et l’avènement de la monarchie libérale de Louis-Philippe Ier lui offrent de nouvelles possibilités de carrière. Il accepte ainsi diverses responsabilités dans des ministères. Il est nommé chef de cabinet du comte d’Argout, ministre du commerce à partir de 1831, avant de devenir, le 25 mai 1834, inspecteur général de la Commission des Monuments Historiques. Mérimée est alors le deuxième fonctionnaire à occuper ce poste créé en 1832 à l'initiative de François Guizot.

Celui-ci satisfait sa passion pour les arts et l’archéologie, une science qui s’épanouit depuis la fin du XVIIIème siècle et les découvertes effectuées dans les pays méditerranéens. Il prend d’ailleurs très au sérieux son nouveau rôle et parcourt la France, recensant lors de prospections méthodiques les richesses archéologiques. Ces tournées d’inspection se succèdent et l’accaparent. Il parcourt ainsi le Midi de la France en 1834 puis à nouveau en 1845, l’Ouest et le Sud-Ouest en 1835 et en 1838, l’Est en 1836, l’Auvergne en 1837, la Corse en 1839, la Bourgogne et la Franche-Comté en 1842 et 1843, le Nord et de nouveau l’Est en 1846 et 1847. Le fonctionnaire consciencieux s’associe alors à l’écrivain romantique, passionné par les choses du passé.

Il rend ensuite compte au ministère de l’Intérieur et des Travaux Publics, duquel il dépend, de l’état des monuments des provinces de France, ses "masures". Il rédige à cette occasion de longs rapports, faits de notes et de croquis. Ceux-ci forment la matière des Notes de voyage réunies sous forme de recueils et publiées de 1835 à 1840. Après le classement à l’Inventaire, Mérimée négocie avec sa hiérarchie pour l’obtention de subventions permettant la restauration des monuments en ruine. Il commande ainsi de nombreux travaux de réfection à son ami et collaborateur, l’architecte Eugène Viollet le Duc, à commencer par ceux de la Basilique de Vézelay qui débutent en 1840 alors que ce dernier n’est âgé que de vingt-six ans…

L’inspecteur général des Monuments Historiques doit également convaincre les notables locaux de prendre des mesures de sauvegarde. Il s’agit de protéger ces vieilles pierres contre le vandalisme ambiant, celui des enfants "qui faute d’exercices gymnastiques prescrits administrativement s’en créent comme ils peuvent", des adultes dont les dégradations répondent à des appétits pécuniaires ou à des préoccupations utilitaires, et surtout celui des institutions. L’abbaye du Mont Saint-Michel est alors une prison ! Les édiles municipales, à qui il est laissé à l’époque une grande latitude dans leurs appétits de modernisation des villes, sacrifient volontiers les monuments anciens dans la percée de nouvelles voies de communication. Les architectes locaux ou les prêtres dénaturent bien souvent les édifices en imposant des travaux de restauration.

L’écrivain glane également des détails pittoresques dont il nourrit ses nouvelles. S’il publie Colomba en 1840 puis Carmen en 1845, son activité littéraire passe cependant au second plan au cours de ses années consacrées au salut et à la sauvegarde du patrimoine des Français. 1844 est l’année de la reconnaissance et de la consécration : il est élu à l’Académie Française.



Mérimée s’éloigne bientôt des activités politiques sous la Seconde République, après s’être tout de même rallié dans un premier temps au nouveau régime. Il voit ensuite avec satisfaction l’avènement du Second Empire et de Napoléon III. Proche de l’impératrice Eugénie, rencontrée vingt années plus tôt en Espagne, il devient un familier de la cour qu’il fréquente assidûment et pour le divertissement de laquelle il compose des charades, organise des lectures ou rédige une redoutable dictée. Mérimée est alors nommé officier de la Légion d’Honneur dès 1852, puis sénateur l’année suivante.

Cependant sa mère décède en 1852. Il en est très affecté. Vient ensuite la rupture avec sa maîtresse, Madame Delessert, et le terme d’une liaison de seize années. Il renonce en 1853 à ses grandes tournées sur les routes et chemins de France puis, en 1860, à ses fonctions d’inspecteur général de la Commission des Monuments Historiques. Prosper Mérimée refuse également trois années plus tard le poste de ministre de l’instruction publique qui lui est proposé par l’Empereur, poste qui échoit au réformateur Victor Duruy.

Mérimée s’attache à faire connaître en France la littérature russe, il traduit ainsi les œuvres de Gogol, Pouchkine et Tourgueniev. La maladie, l’asthme, l’oblige à quitter Paris pour le Midi de la France et la ville de Cannes. Il y meurt le 23 septembre 1870.