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Jean MACÉ 

(Paris, 22 août 1815 - Monthiers, 13 décembre 1894)


Français.

P
édagogue



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1861, Histoire d'une bouchée de pain.
1866, fonde la Ligue de l’enseignement.
1883, nommé sénateur inamovible.


 






Jean Macé naît à Paris le 22 août 1815. Issu d'un milieu modeste, il entre en 1825 en tant que boursier au collège Stanislas. Brillant élève, primé à plusieurs reprises au Concours général, c’est sans grande difficulté qu’il obtient son Baccalauréat en 1835. Par la suite Jean Macé devient à son tour enseignant mais, séduit par les idées du philosophe socialiste Charles Fourier, il se lance dans le journalisme sous la Monarchie de Juillet.

En 1848, la révolution et l’élan populaire des Journées de Février l’enthousiasment. Jean Macé exprime ses idées républicaines en dirigeant un Bureau de Propagande socialiste. Il multiplie les écrits d’opinion, destinés notamment aux lecteurs de Province : la Lettre d’un garde national à son voisin, publiée sous le pseudonyme de J. Moreau, un Petit Catéchisme républicain, le Profession de foi d’un communiste

Cependant, l’élection à la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte le déçoit profondément. Jean Macé s’occupe désormais à la promotion du journal La République et à la constitution d’un réseau de correspondant dans les départements. En 1850, il épouse Louise Sollier, une jeune femme de son voisinage. L’année suivante cependant, le couple doit s’éloigner de la capitale après le coup d'État du 2 décembre, celui-ci précédant le rétablissement de l’Empire.



Le 1er janvier 1852, Jean Macé arrive à Beblenheim, près de Colmar, en Alsace. Il s’emploie en tant que " professeur de demoiselles " dans le pensionnat du Vieux Château. L’institution est dirigé à l’époque par Coraly Verenet, qu’il a rencontrée quelques mois auparavant lors d’une de ses nombreuses tournées. Parallèlement à son enseignement, Jean Macé rédige quelques ouvrages de pédagogie. L’Histoire d'une bouchée de pain, publiée le 21 décembre 1861, sera d’ailleurs traduite en plusieurs langues.

Troublé par l’évolution conservatrice de la Seconde République puis par le retour au pouvoir d’un Bonaparte, il entreprend également d’œuvrer pour l’éducation des masses populaires. Jean Macé acquiert ainsi la conviction que pour jouir pleinement de sa qualité de citoyen, il faut au préalable accéder à une certaine maturité intellectuelle, et celle-ci n’est réalisable que grâce au recours à l’éducation. Aussi, en 1863, Jean Macé fonde à Beblenheim un mouvement pour la création de bibliothèques populaires, afin que l’écrit, et donc la culture, deviennent accessibles au plus grand nombre. Cantonné dans un premier temps dans le Haut-Rhin, le mouvement a gagné une dizaine de départements voisins trois années plus tard.

A cette époque, Jean Macé rencontre également le belge Charles Buls qui vient de fonder dans son pays une Ligue de l’enseignement destinée à propager l’éducation. Le 25 octobre 1866 et dans un article qu’il rédige pour L’Opinion nationale, Jean Macé préconise la création en France d’un mouvement similaire. C’est chose faites quelques mois plus tard, le 15 novembre 1866. La Ligue de l’Enseignement va désormais contribuer à " éduquer au suffrage universel afin que les citoyens puissent peser en conscience sur les choix qui les concernent ".



La guerre déclarée face à la Prusse puis la défaite face aux armées ennemies obligent Jean Macé à quitter l’Alsace, bientôt annexée au Second Reich. Son ami Léon Gambetta lui suggère alors d’installer le Petit Château en région parisienne, à Monthiers, près de Château-Thierry, dans l’Aisne. Ceci l’oblige, avec l’accord de Coralie Verneret, à constituer le 25 août 1872 à Reims, une société d’actionnaires destinée à réunir 35.000 Francs, soit la somme nécessaire à l’acquisition des lieux. Le " pensionnat sociétaire du Petit Château " est inauguré dès le 1er octobre suivant. Isolé à la campagne et au grand air, situé à trois heures et demi de la capitale, ce dernier connaît un certain succès. A Monthiers, Jean Macé initie des méthodes nouvelles d’éducation. Selon lui, il est nécessaire de développer le corps aussi bien que l’esprit. Aussi à côté de l’éducation physique, les pensionnaires délaissent bien souvent les cours pour l’École de plein air. Des promenades organisées dans les campagnes environnantes sont l’occasion pour Jean Macé d’initier ses élèves à la botanique, à la minéralogie…

Le pédagogue acquiert une certaine notoriété. Aux côtés du romancier Jules Verne, Il participe à la rédaction du périodique Le Magasin d’éducation et de récréation, publié par les soins de Jules Hetzel, qui est également un des souscripteurs du pensionnat de Monthiers. Sous la Troisième République naissante, Jean Macé multiplie les articles dans la presse républicaine. Face à l’Ordre moral, le président de la Ligue de l’Enseignement parcours le territoire français afin de créer des cercles locaux de la Ligue. Ceux-ci sont autant de sociétés républicaines. Bientôt, avec la démission du maréchal de Mac Mahon et l’arrivée au pouvoir des Opportunistes, l’instruction obligatoire, gratuite et laïque, que Jean Macé et amis appellent de leurs vœux, devient d’actualité. Jules Ferry, nommé ministre de l'Instruction Publique dans le gouvernement Waddington le 4 février 1879, un poste qu'il occupera de manière discontinue jusqu'en 1885, se charge en effet de mettre en place ce vaste programme de réforme de l’enseignement.



Devenu à présent un des notables de la République, Jean Macé est nommé sénateur inamovible en 1883. En ces années où les Français sont hantés par l'idée de la Revanche et le souvenir des " provinces perdues ", l'ancien pacifiste est d'ailleurs sollicité en 1885 pour rédiger la préface d'un Manuel de tir à l'usage des écoles primaires, des Lycées et des bataillons civiques. Il décède le 13 décembre 1894 à Monthiers.