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Ferdinand de LESSEPS 

(Versailles, 19 novembre 1805 -
La Chesnaie, 7 décembre 1894)


Français

Ecrivain.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1848, ministre de France à Madrid.
1849, en mission à Rome, au cours de l'expédition du général Oudinot.
1869, inauguration officielle du canal de Suez.
1873, élu à l'Académie des Sciences.
1884, élu à l'Académie française.
1892, " scandale de Panama ".

 






Ferdinand de Lesseps est né à Versailles, le 19 novembre 1805. Issu d’une famille de diplomates anoblie au siècle précédant, il effectue ses études au Lycée Henri IV avant d’entrer à la faculté de droit. Lesseps suit ensuite les traces de ses aïeux en gagnant l’Égypte. Nommé vice-consul de France à Alexandrie en 1832, il devient dès l’année suivante consul honoraire et s’installe alors au Caire. Au cours de ces années, le diplomate s’imprègne de son pays d’accueil en parcourant notamment la Description de l’Égypte, vaste compilation savante issue de l’expédition de Bonaparte. Il prend également connaissance du projet du percement d’un canal reliant la mer Méditerranée à la mer Rouge échafaudé par les disciples du comte de Saint-Simon.

Rappelé en Europe, il officie bientôt à Rotterdam dans le royaume des Pays-Bas puis en Espagne, à Barcelone. Lors de l’insurrection qui embrase la ville en 1842, Ferdinand de Lesseps s’illustre en protégeant les populations civiles de la répression militaire. Celui lui vaut d’être décoré de la Légion d’honneur par la chute de la Monarchie de Juillet. L’avènement de la Seconde République n’interrompt pas sa carrière. Reconnaissant ses compétences, Alphonse de Lamartine, ministre des Affaires étrangères du Gouvernement provisoire, le nomme d’ailleurs ministre de France à Madrid au mois d’avril 1848.

L’année suivante lui est ensuite confiée une mission délicate. Lesseps est envoyé à Rome où la République a été proclamé dans les États du pape le 9 février. Il doit en effet négocier un accord entre le gouvernement révolutionnaire et les troupes françaises du général Oudinot, débarquées le 25 avril suivant. Lesseps s’attache alors à préserver la jeune République tout en préparant le retour au sein de ses États du pape Pie IX, en exil à Gaète. Cependant l’Assemblée législative, de majorité conservatrice, désavoue bientôt son action et commande la répression. Rome est prise le 1er juillet tandis que Ferdinand de Lesseps est rappelé en France dès le 29 mai précédent. Sa carrière diplomatique est maintenant compromise. Mis en disponibilité sur sa demande , il se retire dans sa propriété de La Chesnaie, près de Guilly dans l’Indre.



En 1854, l’arrivée au pouvoir de Muhammad Sa’id, nouveau vice-roi d’Égypte, décide de son retour aux affaires. Lesseps se rend auprès de son ami qui lui confie " le pouvoir de constituer et de diriger une compagnie universelle pour le percement de l’isthme de Suez et l’exploitation d’un canal entre les deux mers ". Cependant l’entreprise se heurte à des difficultés d’ordre diplomatique. Lesseps se voit refuser l’accord du gouvernement ottoman, celui-ci subissant les pressions des Anglais qui craignent de voir bientôt la France menacer la route des Indes et de l’Extrême-Orient. Il se rend alors auprès du Premier ministre britannique, Lord Palmerston. En vain. Ceci le décide à se lancer dans une campagne de promotion de son projet auprès du public et des Chambres de commerce. Le 15 décembre 1858, l’émission de titres et l’apport de 20 000 épargnants lui permettent de réunir la somme de 100 millions de francs. Ferdinand de Lesseps fonde ainsi la Compagnie universelle du canal maritime de Suez sans le soutien des banques.

Les travaux de percement commencent le 25 avril de l’année suivante. En Angleterre une polémique s’installe, les journaux britanniques dénonçant le travail forcé et le système des corvées employés par la Compagnie. Quelques années plus tard d’ailleurs, le chantier est interrompu par la volonté d’Ismaël, devenu en 1863 le nouveau vice-roi d’Égypte à la mort de Muhammad Sa’id. Celui-ci estime que la corvée imposée aux fellah désorganise la vie rurale dans son pays. Ferdinand de Lesseps en appelle alors aux autorités françaises. Malgré l’hostilité du duc de Morny, il peut en effet compter sur l’appui de l’Impératrice Eugénie, sa cousine issue de germain. Le 6 juillet 1864, l’Empereur Napoléon III lui accorde officiellement son soutien. De nouveaux titres sont bientôt émis, un matériel plus performant arrive également sur les lieux tandis que la main d’œuvre servile disparaît au profit d’ouvriers européens. L’année suivante la Compagnie obtient enfin l’aval de la Sublime Porte ainsi que celui du gouvernement anglais.

Le 15 août 1869, les eaux de la Mer Méditerranée se joignent à celles de la mer Rouge puis, le 17 novembre suivant, a lieu l’inauguration officielle du canal de Suez. De nombreux souverains étrangers assistent alors à la cérémonie. Celle-ci est présidée par l’Impératrice Eugénie qu’accompagne Ferdinand de Lesseps, le président de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, qui grâce à ses talents de diplomate et d’organisateur a réussi à mener à bien ce projet pharaonique.



Celui-ci obtient alors une gloire internationale. Refusant le titre de grand-duc de Suez, il est nommé Grand-croix de la Légion d'honneur en 1869 (sans avoir été précédemment grand-officier). Quelques années plus tard, Lesseps est également élu à l'Académie des Sciences en 1873 puis à l'Académie française le 21 février 1884. C’est Ernest Renan qui le reçoit au sein de l’institution, le 23 avril 1885. Préoccupé de la pérennité de son œuvre, il négocie avec les armateurs anglais les tarifs de passage des navires de commerce sur le canal de Suez, après le rachat par les autorités britanniques le 28 novembre 1875 des actions de la Compagnie possédées par l’Égypte endettée. A cette époque, Ferdinand de Lesseps s’intéresse également aux expéditions menées en Afrique centrale par Pierre Savorgnan de Brazza à qui il apporte son soutien.

En 1878, le " grand Français " se lance dans une nouvelle entreprise permise grâce à l’achat auprès de la Colombie d’une concession sur son territoire. Constituée au mois d'août 1879, la Compagnie universelle du Canal interocéanique de Panama se propose, à l'initiative de son président Fernand de Lesseps, de creuser un canal de 75 kilomètres reliant les océans Atlantique et Pacifique. Le financement de l'opération doit être couvert par l'émission d'actions réalisée au mois de novembre 1880. Cependant les difficultés de gestion de la Société imposent également l'émission d'obligations deux années plus tard. Dès lors, les opérations financières se multiplient. Celles-ci nécessitent l'appui des banques, chèrement obtenu, mais également la connivence des parlementaires. La Société dépose enfin son bilan au mois de janvier 1889 et une instruction judiciaire est bientôt ouverte contre ses administrateurs, au mois de mai 1891. Le scandale éclate alors l'année suivante, décrédibilisant la classe politique.



Ferdinand de Lesseps, qui a mis à profit sa notoriété auprès du public et de l’opinion pour poursuivre ses manœuvres financières, est également mis en accusation. Le 9 février 1893, il est condamné, avec son fils aîné Charles, pour malversation à cinq années de prison et à 3.000 francs d’amende, peine qu’annulera bientôt la Cour de cassation le 15 juin suivant en invoquant la prescription. Affaibli par l’âge et vivant depuis quelques temps dans un état de semi-léthargie, Ferdinand de Lesseps ne comparait pas devant le cour de justice, sa famille lui cachant d’ailleurs l’ampleur du scandale. Il décède le 7 décembre 1894 dans sa propriété de La Chesnaie.