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Eugène LE ROY 

(Hautefort, 29 novembre 1836 - Montignac, 6 mai 1907)


Français

Ecrivain.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1877, se marie civilement. La cérémonie fait scandale.
1899, Jacquou le Croquant.


 






Victor Gabriel Eugène Le Roy est né le 29 novembre 1836 au château d'Hautefort en Dordogne. Son père, d'origine bretonne, est l’intendant du comte de Damas ; sa mère est lingère. Confié dès l'âge de deux ans aux bons soins d’une nourrice, une paysanne des environs, l’enfant connaît la faim et les privations. Il fréquente quelques temps l’école du village avant d’entrer en 1846 à l'École des Frères de Périgueux. Ses parents, qui bénéficient de l’aide financière du châtelain, le destinent en effet à la prêtrise. Après deux années passées dans l’institution, l’adolescent quitte son Périgord natal et monte à Paris. Il s’emploie alors dans une maison de commerce, située Faubourg St Honoré.

Dans la capitale, Eugène Le Roy, qui noue quelques amitiés au sein des milieux républicains de la capitale, assiste en spectateur au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Ce métier de commis ne lui convient guère. Aussi décide t-il en 1854 d’embrasser la carrière des armes. A l’âge de 18 ans, le jeune provincial s'engage dans un régiment de chasseurs à cheval qui s’apprête à effectuer une campagne en Afrique. S’il se distingue par son indiscipline, Le Roy est néanmoins promu brigadier. Après quatre années passées en Algérie, il effectue en 1859 la campagne d'Italie. Peu après, le jeune homme met fin à son engagement, le jugeant finalement peu compatible avec son désir d’indépendance. Il quitte bientôt l'armée, préférant à présent entrer dans l’administration de l’État.



Au mois d’octobre 1860, Eugène Le Roy, qui vient de passer avec succès le concours des contributions indirectes, est nommé surnuméraire. En 1863, le grade de percepteur lui est accordé. Le hasard des nominations et des promotions le ramène alors dans le Sud-Ouest où il officie tour à tour à Toscane-St Apre, à Jumilhac, à Hautefort, à Domme et enfin à Montignac-sur-Vézère. Alors que la guerre franco-prussienne est déclarée, l’annonce du désastre de Sedan ranime sa flamme patriotique. Eugène Le Roy s’engage dans le corps des Francs-tireurs de la Dordogne, servant pendant quelques mois sous les ordres du général Chanzy.

Peu après la signature de l’armistice, alors que la réaction amène à l’Assemblée qui siège à Bordeaux une majorité monarchiste, Eugène Le Roy est révoqué le 16 mai 1871, pour avoir trop montré ses sympathies républicaines. Réintégré quelques années plus tard dans ses fonctions, il est néanmoins déplacé par mesure de sanction en 1877, de Montignac à Berre. Le fonctionnaire, malgré le devoir de réserve auquel il est astreint, livre alors quelques articles dans les journaux républicains de la région, dans les colonnes du Réveil de la Dordogne ou dans celles du Sarladais, y affirmant ses convictions. Ce n’est qu’avec la fin du septennat du maréchal Mac-Mahon, alors que les " opportunistes " sont maintenant au gouvernement, qu’il réintègre son poste originel.

Libre penseur et laïc, Eugène Le Roy se marie civilement au mois de juin 1877. La cérémonie fait scandale. De cette union, naissent trois fils : Yvon, l'aîné, étudiant en médecine à Bordeaux ; Robert qui choisit de vivre à Montignac et enfin Richard, mort aux combats pendant la première Guerre mondiale. Membre de l’Union démocratique anticléricale fondée par Giuseppe Garibaldi et Louis Blanc, il adhère en 1885 à la maçonnerie. Nommé percepteur de première classe à Bersègues, dans le département du Var, puis à Bordeaux, Eugène Le Roy consacre ces années à la rédaction d’une brochure intitulée Recherche sur l’originalité et la valeur des particules dans l’ancien comté de Montignac en Périgord. Il s’attache ainsi à dénoncer les usurpations nobiliaires des néo-féodaux de la Restauration.



Observateur attentif de la société rurale qui l’entoure et dont il est issue, le fonctionnaire s’essaie au soir de sa vie à la littérature. C’est par le biais du roman rustique, genre initié par Georges Sand, qu’il s’exprime. En 1891, est ainsi publié son premier roman, Le Moulin du Frau, un hymne à la vie campagnarde qui se déroule sous le Second Empire. Ce premier roman conte l’histoire d’un meunier républicain en butte aux tracasseries des notabilités locales. Viennent ensuite Mademoiselle Raphie en 1894 puis Les Gens d’Auberoque l’année suivante.

En 1899, Jacquou le Croquant, d’abord paru en feuilletons dans La Revue de Paris sous le titre de La Forêt Barade, lui confère une certaine notoriété. Le Roy fait la critique de l’oppression seigneuriale qui conduit sous la Restauration les paysans du Périgord à la révolte. Prenant la tête de la jacquerie, Jacquou brûle le château du hobereau local, le conte de Nansac, vengeant ainsi son père, le métayer Martissou, mort aux galères après avoir assassiné le régisseur du châtelain. Le romancier se rappel ainsi aux souvenirs de son enfance et des conversations de la veillée, moments privilégiés pendant lesquels les récits des soulèvements de la Révolution l’ont bercé. Lui reviennent également en mémoire les scènes de révolte de 1848 ou celles de 1851, avec la répression qui suivit.

Vient ensuite Nicette et Milou en 1901, deux nouvelles que rapprochent l’évocation d’un autre drame social, la bâtardise. Sollicité par la presse parisienne, La Revue des Deux-Mondes notamment, l’écrivain rédige également une série de chroniques pour Le Petit Centre, le journal de Limoges. Celles-ci sont réunies en 1906 sous le titre de L’Année rustique en Périgord. La même année, paraît Au Pays des pierres, un recueil de quatre nouvelles inspirées de l’histoire locale. Quelques temps après la disparition de l’écrivain, parait L’Ennemi de la mort en 1911, une œuvre qui conte l’histoire du docteur Charbonnière, un médecin de campagne, philanthrope qui s’emploie à soulager la misère des paysans de la Double.



Eugène Le Roy décède à Montignac le 6 mai 1907, à l'âge de 71 ans.