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Georges LECLANCHE 

(Parmain, 1839 - Paris, 14 septembre 1882)


Français.

P
hysicien.



par
Sylvain Logerot


 

     Quelques dates :

1860, ingénieur de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures.
trouve un emploi à la Compagnie des Chemins de Fer de l’Est.

1867, propose un modèle de pile au manganèse.
reçoitune médaille à l’Exposition Universelle de Paris.
1878, est mis au point un nouveau produit industriel appelé " la pile Leclanché-Barbier ".

 






Georges Leclanché, industriel et ingénieur français, naît en 1839 à Parmain dans le Val d’Oise, une commune située près de L’Isle Adam. C’est le premier enfant d’une famille de conviction républicaine dans cette période politiquement trouble qu’est le milieu du XIXème siècle. Cet engagement familial dans les débats de l’époque va fortement marquer la vie de notre ingénieur.

Son père, Léopold Leclanché, saint-cyrien, est avocat et commissaire de la République. C’est un ami personnel du grand orateur et dirigeant " démoc-soc " Ledru-Rollin avec qui il collabore. Les Leclanché sont également intimes avec le clan Hugo, la famille de l’homme de lettres et Pair de France Victor Hugo. Léopold effectue d’ailleurs des traductions d’œuvres de William Shakespeare avec l’aide de François, le second fils du grand écrivain.

Sa mère quant à elle, née Eugénie de Villeneuve, est la fille d’un député de la Convention, Narcisse de Villeneuve. Pendant les Journées de Juin 1848, alors que le Gouvernement provisoire et les troupes du général Cavaignac s’emploient à réprimer les émeutes populaires et ouvrières, Georges, qui n’est âgé que de neuf ans, voit les policiers venir se saisir de son père. Lors de cette arrestation, sa mère est malmenée, molestée par les forces de l’ordre. Et ses blessures sont telles qu’elle décède le 10 octobre 1848, en mettant au monde Maurice, son deuxième fils.



La situation politique de la France en cette année 1848 et l’engagement aux côtés de la gauche socialiste de la famille Leclanché contraignent ses membres à l’exil en Angleterre, accompagnés des familles Hugo et de Ledru-Rollin. Georges lui-même n’est de retour en France qu’en 1856, année où il intègre l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures. En 1860 et à l’âge de vingt-et-un ans, il en sort ingénieur. Peu après, Georges Leclanché trouve un emploi à la Compagnie des Chemins de Fer de l’Est. Là, il met au point, avec son collègue Napoli, un système de transmission électrique de l’heure. Si l’enjeu est de taille pour la Compagnie, cette invention va également être le point de départ d’une des plus belles aventures industrielles françaises de la deuxième moitié du siècle.

En effet, au cours de ses travaux, Georges Leclanché se rend compte que les piles disponibles à cette époque sont loin d’être satisfaisantes. L’ingénieur décide alors de s’attaquer à ce problème. N’oublions pas que l’invention de la pile par Alessandro Volta ne date que de soixante années environ, puisque le scientifique italien l’a présentée au futur Empereur Napoléon en 1800. Scientifiques et industriels ont certes perfectionné cette pile, mais de nombreux problèmes subsistent. Leclanché s’est donc lancé dans des recherches en électrochimie, travaillant sur un modèle de pile au carbonate de cuivre (CuCo3) lorsque l’actualité et des pressions politiques le condamnent de nouveau à l’exil, en Belgique cette fois. Nous sommes en 1863, l’Empereur Napoléon III veut imposer Maximilien d’Autriche, frère du jeune Empereur François-Joseph, au Mexique et l’opposition au régime s’accroît.



Notre ingénieur retrouve alors la famille Hugo à Bruxelles ainsi que M. Mourlon, ancien saint-cyrien et grand ami de son père. Encouragé et soutenu par ce dernier, il crée son propre laboratoire dans la capitale belge et continue ses travaux sur sa pile au carbonate de cuivre Celle-ci est brevetée le 8 janvier 1866, il a alors vingt-sept ans. Ses recherches ne s’arrêtent pas là et, dans un premier temps, Georges Leclanché perfectionne son invention avant de proposer un modèle de pile au manganèse, le 5 juin 1867. C’est ce dernier modèle qui fera sa renommée. Ainsi, la même année, l’ingénieur français reçoit, pour cette pile, une médaille à l’Exposition Universelle de Paris. M. Mourlon lui apporte de nouveau son aide pour l’industrialisation de son invention en le mettant en rapport avec MM. Vincent et Delarge de l’Administration Belge des télégraphes. Cette dernière va décider de l’utilisation de cette pile dans leur administration, une initiative aussitôt suivie par les Néerlandais qui l’adoptent également dans leurs propres chemins de fer. Dès cette époque, la pile de Leclanché est considérée comme la meilleure, mais notre industriel va continuer à travailler à l’améliorer, en augmentant sa capacité et son autonomie notamment.

A présent, l’ensemble du rez-de-chaussée d’un immeuble de la rue de Cologne (aujourd’hui rue d’Archool), à Bruxelles, héberge les ateliers Mourlon-Leclanché. Ceux-ci fabriquent des piles et emploient cinq ouvriers. Mais nous sommes en 1870 et en France, la bataille de Sedan qui oppose les troupes françaises aux armées prussiennes amène la chute de l’Empereur Napoléon III et du Second Empire. L’avènement de la Troisième République, le 4 septembre, permet le retour, à trente-deux ans, de Georges Leclanché à Paris. L’ingénieur y installe son atelier, domicilié au 19 rue Bellefond, afin de reprendre ses travaux de recherche sur ses fameuses piles électriques. Très rapidement, il déménage au 9, rue de Laval, y retrouvant pour voisin (au numéro 26) la famille Hugo. A cette époque et dans les années qui suivent, sa vie de famille s’enrichit de quelques événements d’importance. Il épouse ainsi en 1873 Gabrielle Larmes avec qui il aura deux enfants : Max-Georges en 1874, suivie de Marianne en 1876. 

Georges Leclanché s’associe alors à M. Barbier qui est à cette époque le seul fabriquant de piles en France. Celui-ci se charge de l’exploitation des brevets de l’entreprise qui s’est installée rue Fromentin (actuellement rue Victor Massé). C’est en 1878 qu’est mis au point un nouveau produit industriel appelé " la pile Leclanché-Barbier ". Mais à cette époque, la santé de Georges Leclanché se dégrade. Aussi celui-ci s’accorde de plus en plus de liberté par rapport à ses obligations scientifiques et professionnelles. La direction de l’entreprise notamment est désormais assurée par M. Barbier. Notre républicain en profite également pour effectuer de nombreux voyages, visitant l’Italie et l'Orient, l’Egypte, la Syrie et l’Algérie notamment. Il assouvit également sa passion pour la Renaissance italienne, en collectionnant tableaux de maîtres et mobiliers d’époque. En ce début des années 1880, son entreprise est très florissante, grâce au déploiement des réseaux de téléphone et de chemin de fer qui utilisent énormément de piles.



Malheureusement, le 14 septembre 1882, Georges Leclanché meurt à Paris à quarante-trois ans des suites d’une longue maladie. Ses collections artistiques sont acquises par le duc d’Aumale, un des fils du roi Louis-Philippe d’Orléans, qui en fera bientôt don au Collège de France et aux Français. On peut d’ailleurs encore les admirer au château de Chantilly. L’aventure industrielle des Leclanché se poursuivra après la mort de l’inventeur. Ajoutons ainsi que son fils reprendra plus tard les recherches de son père, mais décédera prématurément à l’age de vingt-cinq ans en 1899. Son oncle Maurice, frère de Georges et qui avait repris à son tour la direction de l’entreprise, brevette ses améliorations en 1900. Nous sommes au début de l’ère de l’automobile et la pile est appelée à y jouer un rôle important. Plus tard au XXème siècle, l’entreprise sera reprise par Fulmen, avant d’intégrer le groupe C.G.E..