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Maurice LEBLANC 

(Rouen, 11 novembre 1864 - Perpignan , 6 novembre 1941)


Français.

Ecrivain.



par Agnès Granjon


 

     Quelques dates :

1907, Arsène Lupin gentleman cambrioleur..
1908, Arsène Lupin contre Herlock Sholmès.
1909, L’Aiguille creuse.

 






Maurice Leblanc naît le 11 novembre 1864 au sein d’une famille bourgeoise rouennaise. Son père est un riche armateur normand, sa mère appartient à une famille aisée de notables. Maurice passe une enfance heureuse, entouré par ses sœurs Jehanne et Georgette. En 1868, l’enfant échappe de justesse à la mort, au cours de l’incendie qui détruit la demeure familiale de la rue Fontenelle. Deux ans plus tard, à la suite de la déclaration de guerre de la France à la Prusse, il est envoyé en Ecosse sur l’un des bateaux paternels. Revenu en 1871, le fils Leblanc entre à la pension Patry, puis au lycée Corneille de Rouen où, excellent élève, il poursuit de brillantes études. Ses fins de semaine sont souvent consacrées à des sorties familiales en voiture à cheval et à des randonnées dans le Pays de Caux. C’est ainsi que Maurice Leblanc découvre l’Aiguille creuse. Les Leblanc se rendent aussi souvent en bateau à Croisset, chez Gustave Flaubert, frère de leur médecin de famille. Ils fréquentent également Guy de Maupassant. Ces deux auteurs et amis influencent le jeune homme d’une manière déterminante dans sa vocation d’écrivain.

Son père, pourtant, le destine à une carrière industrielle. Maurice commence ainsi sa vie active dans la fabrique de cardes Miroude-Pichard, entreprise détenue par des amis de son père… où il passe la plupart de son temps au grenier, à écrire ce que lui inspire son imagination. Très vite, il déclare qu’il veut se consacrer à la littérature. En 1885, ayant obtenu l’autorisation paternelle tant souhaitée, il se rend à Paris pour faire son droit, y rejoignant sa sœur la comédienne Georgette Leblanc, compagne de Maeterlink. Dans la capitale, le jeune homme se fait journaliste chroniqueur au Figaro, au Gil Blas, à Cormoedia, à L’Echo de Paris. Leblanc fréquente les milieux artistiques, côtoyant les journalistes, les comédiens et les écrivains à la mode, dont Maupassant, qui en fait son protégé. En pleine affaire Dreyfus, il se range du côté des Dreyfusards. En 1889, Maurice Leblanc épouse mademoiselle Lalanne. Le jeune couple partage sa vie entre Nice, Paris et la côte normande.

En 1890, soutenu par Jules Renard, Léon Bloy et Paul Bourget, le jeune journaliste publie son premier recueil de nouvelles, Des couples. Les œuvres s’enchaînent ensuite, inspirées de ses maîtres Maupassant et Flaubert, sans grand succès : Une femme, son premier roman, paraît en 1893. Suivent un autre recueil, Ceux qui souffrent, en 1894, puis des romans de mœurs et de psychologie : L’œuvre de mort, en 1896, Armelle et Claude, en 1897, Voici des ailes, en 1898, l’enthousiasme, en 1901, et un dernier recueil de nouvelles, Les lèvres jointes, en 1899. En 1904, sa pièce La pitié est mise en scène au Théâtre-libre. C’est un nouvel échec. Reconnu par ses pairs, Maurice Leblanc peine cependant à trouver son public. Ce passionné de cyclisme, qui parcourt souvent à bicyclette les routes de sa chère Normandie, collabore également au magazine Paris-Vélo.



Au début de l’année 1905, la vie de l’écrivain bascule. Leblanc a alors 40 ans, et déjà une longue carrière derrière lui. Convié par le grand éditeur Pierre Laffitte, qui vient de fonder un nouveau mensuel, Je sais tout, Maurice Leblanc accepte la tâche de commande qui lui est confiée : Ecrire une nouvelle policière ayant un héros qui serait la réponse française aux célèbres Sherlock Holmes et Raffles anglais. Le roman-feuilleton connaît alors un très grand succès populaire. C’est ainsi que naît Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur, sorte d’insaisissable Robin des Bois de la Belle Epoque, protecteur de la veuve et de l’orphelin, patriote, intelligent, cultivé, fin d’esprit, séducteur, élégant et gouailleur qui transforme le cambriolage en un art véritable. Leblanc rédige à la hâte L’arrestation d’Arsène Lupin. Ses intentions sont purement financières. Il ne pense pas alors à lui donner une suite. La nouvelle paraît le 15 juillet 1905. Le succès est immédiat. Laffitte demande alors à l’auteur de poursuivre les aventures de son personnage. Dans un premier temps, Leblanc refuse, puis cède en décembre 1905. Neuf autres nouvelles paraissent ainsi dans le magazine, avant d’être rassemblées en 1907 dans un recueil, Arsène Lupin gentleman cambrioleur. L’année suivante, les aventures d’Arsène Lupin sont adaptées pour le théâtre, en collaboration avec Francis de Croisset, et la pièce est jouée à l’Athénée le 28 octobre 1908. Leblanc, qui se voulait « le romancier de la vie délicate des âmes », est dès lors définitivement catalogué comme écrivain populaire, auteur de romans policiers, un genre qui est alors mal vue dans les milieux littéraires. En 1912, il est cependant décoré de la légion d’honneur.

Au cours des trente années qui suivent, Maurice Leblanc poursuit le récit des aventures du désormais célèbre cambrioleur. Non sans un agacement certain. L’écrivain montrait souvent à ses amis sa table de travail en disant : « C’est Lupin qui s’assied à cette table. Quand j’écris, je lui obéis… […] Il me suit partout. Il n’est pas mon ombre, je suis son ombre ». Ses écrits sont influencés par les œuvres de Poe, de Gaboriau, de Cooper, et plus tardivement par celles de Balzac. Au fil des années, paraissent ainsi d’autres nouvelles dans Je sais tout, et des romans : En 1908, paraît Arsène Lupin contre Herlock Sholmès, dans lequel Leblanc ridiculise le célèbre détective anglais ainsi que son fidèle serviteur Watson, suivi par L’Aiguille creuse, en 1909, 813, en 1910, Le bouchon de cristal, en 1912, Les confidences d’Arsène Lupin, en 1913, L’éclat d’obus, en 1915, Le triangle d’or, en 1917, L’île au trente cercueils, en 1919, Les dents du tigre, en 1920, Les huit coups de l’horloge, en 1923, La comtesse de Cagliostro, en 1924, La demoiselle aux yeux verts, en 1927, L’agence Barnett et Cie, en 1928, La demeure mystérieuse, en 1928, La Barre-y-va, en 1931, La femme aux deux sourires, en 1932, Victor de la Brigade mondaine, en 1934, et enfin en 1935 La Cagliostro se venge. Le succès est immense, la notoriété de Leblanc dépasse les frontières, sa fortune est faite. Ses œuvres sont traduites dans le monde entier et commencent à être portées à l’écran en France dès 1913 avec Arsène Lupin contre Ganimard. Au cours de la Grande Guerre, Leblanc s’intéresse aux écrits des soldats, correspondant avec certaines familles et rendant visites aux blessés. Au lendemain du conflit, il se rapproche de sa Normandie natale, où il renoue avec ses amis d’enfance. En 1920, il adhère à l’Association des Normands de Paris. Avec sa seconde femme, il partage sa vie entre son hôtel particulier du 16ème arrondissement de Paris, et sa résidence d’été Le Clos Lupin d’Etretat.



Devenu presque prisonnier de son héros, qui lui prend la quasi-totalité de son temps, Maurice Leblanc tente de s’en démarquer en écrivant également des œuvres très différentes, contes, romans, nouvelles : Le gentleman, nouvelle rédigée en 1908, La frontière, roman écrit en 1911 pour le journal L’Excelsior ; Le cercle rouge, adaptation du film The red circle, en 1917 ; Les trois yeux, en 1919, puis l’année suivante Le formidable événement, deux romans d’anticipation ; Dorothée danseuse de corde, en 1923 ; La vie extravagante de Balthazar, en 1925 ; un roman pour enfant, La forêt des aventures, en 1932 ; La dent d'Hercule Petitgris, nouvelle écrite en 1924, De minuit à sept heures en 1933, Le chapelet rouge en 1934, œuvres policières ; Le prince de Jéricho, en 1930 ; des romans mondains, L’image de la femme nue, en 1934, Le scandale du gazon bleu, en 1935. Sans véritable succès. La mode est au roman d’aventures, et son nom reste indissociablement lié dans l’esprit du public à celui d’Arsène Lupin. En 1931, Leblanc vend une partie de ses droits à la Metro Goldwyn Mayer. En 1936, Radio-Cité diffuse les aventures de son célèbre héros.

La dernière aventure du gentleman-cambrioleur, Les milliards d’Arsène Lupin, paraît dans la revue l’Auto au début de l’année 1939. Malade depuis 1937, Maurice Leblanc décède à Perpignan d’une congestion pulmonaire le 6 novembre 1941, où il s’était réfugié avec sa famille pour fuir l’occupant allemand.



Quant à Arsène Lupin, il court toujours.