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Jean Auguste Dominique INGRES 

(Montauban, 29 Août 1780 - Paris, 14 janvier 1867)


Français.

Peintre.



par Jean-Marc Goglin


 

     Quelques dates :

1797, entre dans l'atelier de Jacques-Louis David.
1801, obtient le Prix de Rome.
1814,
La Grande Odalisque.
1824, le Vœu de Louis XIII triomphe enfin au Salon.
1829, devient professeur à l'Académie des Beaux-Arts.
1835, directeur de l'Académie de France à Rome.
1862, Le Bain turc.

 






Jean-Auguste-Dominique Ingres naît le 29 août 1780, à Montauban. L’enfant a deux sœurs et deux frères jumeaux. Son père est un peintre au succès modeste. Sa mère, Anne Moulet, n’a que peu d'influence sur son fils. En effet, les difficultés que connaissent le couple, dues aux écarts de conduite de Joseph, l’éloigne fréquemment de son fils aîné. Celui-ci reçoit une instruction incomplète, parce qu'interrompue par les événements de 1789. D'où une orthographe dont il rougira plus tard. Joseph Ingres enseigne également le violon à son fils et surtout le dessin, domaine où celui-ci montre très rapidement son talent.

En 1791, le jeune homme entre à l'académie des Beaux-Arts de Toulouse. Il y remporte une série de succès et un certificat élogieux qui lui permet d'entrer, une fois à Paris, en 1797, dans l'atelier de Jacques-Louis David. Dans cette école, il se fait remarquer par sa candeur de provincial, par son application et son relatif isolement, ne se mêlant que très peu aux divers clans qui s'étaient composés. Ces années d'études sont difficiles pour l’apprenti qui connaît des problèmes financiers. Ingres passe bientôt du dessin à la peinture. Il obtient ses premiers succès, à savoir le Prix de Rome en 1801, grâce à une de ses toiles intitulée Achille recevant les ambassadeurs d’Agamemnon, après avoir été second l'année précédente.

Les difficultés financières de l'État contraignent cependant le lauréat à patienter pendant cinq années avant de rejoindre l’Académie de France à Rome. Pendant ce temps, il étudie au Couvent des Capucines les peintres de la Renaissance italienne, ceux de l'école du Nord. Ingres peint également de très nombreux portraits, comme ceux de la famille Rivière de 1804 à 1806. Il acquiert bientôt dans ce domaine une grande virtuosité. Néanmoins ces œuvres, notamment Napoléon I er sur le trône impérial, sont très mal reçues au Salon de 1806, en raison de leur déroutante nouveauté.



En quittant Paris, Ingres laisse derrière lui une fiancée, Julie Forestier, avec qui il rompt définitivement durant ces quatre années passées à la villa Médicis. L'âme triste, il commence un séjour studieux, au cours duquel il redécouvre les peintres italiens, dont il n'avait eu qu'une connaissance très scolaire et déformée. L’artiste peint Œdipe et le Sphinx et la Baigneuse Valpinçon. De retour en France où il n'est que peu accepté, Ingres décide de rester en Italie. Il exécute alors une vaste série de portraits (Madame de Tournon, Madame Panckoucke ...), qui malheureusement ne suffisent pas toujours à assurer la subsistance de leur auteur. Celui-ci s'est marié en 1813 à Madeleine Chapelle.

Quelques commandes "historiques" lui permettent alors d’échapper à la misère : le Songe d'Ossian , demandée par le général Miollis, la Grande Odalisque réalisée pour les Murat et non livrée en raison de la chute du royaume de Naples. Celle-ci s'accompagne pour Ingres d'autres malheurs, à savoir les disparitions successives de son père puis de sa mère au cours de ces années. De plus, l'accueil que le Salon de l’Académie fait à ses différents envois demeure tout aussi négatif. Après avoir peint Jésus remettant à Saint Pierre les clés du Paradis, une commande de l'État, le peintre quitte Rome et se rend à Florence.



Dans la ville de Toscane, il réalise le Vœu de Louis XIII, pour la cathédrale de Montauban. La toile triomphe enfin au Salon de 1824. Revenu à Paris, Ingres reçoit la Légion d'honneur et est élu à l'Académie des Beaux-Arts. En 1829, il devient professeur au sein de l’institution. Le peintre en assume ensuite la présidence à partir de 1833. Le succès et la reconnaissance de son talent lui permettent également d’ouvrir son propre atelier en 1825. Son enseignement, paternel mais exigeant en matière de discipline, repose avant tout sur une longue pratique du dessin. Ingres apparaît comme un maître qui manque d'ouverture et aux méthodes pédagogiques peu efficaces. Néanmoins le souci accordé à la carrière du moindre de ses élèves semble racheter ces défauts.

Deux grandes toiles lui sont au cours de ces années de nouveau commandées par l'État. L'Apothéose d'Homère, destinée au Louvre, triomphera à l'exposition universelle de 1855, après avoir connu un succès médiocre. Au Salon de 1827, la vedette lui avait en effet été volée par Eugène Delacroix. Vient ensuite, en 1834, l'échec retentissant du Martyre de saint Symphorien face au triomphe renouvelé des romantiques. Celui-ci entraîne le rejet de nombreuses commandes, le refus d'exposer à l'avenir, et le départ d'Ingres pour Rome, où il est nommé directeur de l'Académie de France.

Ingres fait alors régner dans la villa Médicis une atmosphère de travail et de discipline semblable à celle de son atelier parisien. Il aménage les lieux, sa bibliothèque, ses jardins. Contrairement à ses prédécesseurs, le peintre reçoit peu d'étrangers à la villa, qui perd son aspect mondain pour se replier sur elle-même. En revanche, il accorde un soin très vigilant aux travaux de ses élèves, et laisse à ceux-ci la liberté d'exprimer leur personnalité artistique. Au cours de ces années, la production personnelle du peintre est ralentie. Il se remet au travail en 1839 avec l'Odalisque à l'esclave, dans le droit fil de l'orientalisme. Pour le duc d'Orléans, il réalise aussi Antiochos et Stratonice en 1840. Le succès de ce tableau, et les perspectives qu'il ouvre en matière de commandes, ramènent finalement Ingres à Paris, en 1841 et après six ans de directorat.



Fêté par un banquet qui réuni plus de quatre cents personnes, le retour de l’artiste est particulièrement salué. Ingres réalise bientôt les vitraux de la chapelle Saint-Ferdinand, monument funéraire dans lequel est inhumé son protecteur, le duc d'Orléans. Ceci lui amène ensuite une autre commande pour la chapelle royale de Dreux. Au cours de ces années, le peintre abandonne la gravité que ses portraits avaient adoptée. Ce retour d'un pinceau plus léger peut être constaté dans le portrait de La Comtesse d'Haussonville. Au mois de janvier 1846, faisant exception à la règle qu'il s'était fixée, Ingres expose onze de ses toiles à la Galerie des Beaux-Arts. Cette présentation fait l'objet d'un remarquable commentaire de Charles Baudelaire. Mais depuis 1843, la préoccupation principale de l’artiste est la réalisation d’une œuvre monumentale, l’Age d'or, dans la galerie du château de Dampierre. Celle-ci est presque achevée en 1847, au moment où éclate la révolution de 1848.

L’artiste, s’il regrette le roi Louis-Philippe Ier qui l'a honoré, n'en accepte pas moins la Seconde République, par souci d'ordre. Plus grave et plus douloureuse est donc la perte de sa femme, qui lui manque à la fois en tant que complice, dans son rôle de gestionnaire et par sa qualité de modèle. Ingres prend soudainement conscience de son âge et s'occupe désormais à rester dans les mémoires. En témoignent les dons effectués par le peintre au musée de Montauban, l'abandon de la direction de l'Académie des Beaux-Arts ou l'exécution d'un recueil de gravures reproduisant son œuvre. L'artiste continue néanmoins son travail de portraitiste.



En 1852, il se remarie à Delphine Ramel, rencontrée grâce à la complicité de ses amis. Ayant à nouveau quelqu'un pour veiller sur lui, Ingres retrouve un certain équilibre, que l'avènement de l'Empire ne vient pas remettre en question. Le peintre connaissait depuis quelques années le prince Louis-Napoléon Bonaparte, premier commanditaire du Bain Turc. Et il a en sa personne un protecteur au sein du nouveau régime, qui lui commande en 1853 l'Apothéose de Napoléon Ier. Dans cette œuvre quelque peu militante se trouve l'inscription In nepote redivivus, indiquant clairement Napoléon III comme le digne successeur de son oncle. Ingres, déjà âgé, s'entoure désormais de nombreux collaborateurs pour réaliser la toile, que le couple impérial vient ensuite admirer chez lui. L’exposition universelle de 1855 voit le couronnement de la carrière. L’Empereur le fait grand officier de la Légion d'honneur. Enfin en 1862, l'artiste est admis au Sénat, arrivant ainsi au faîte des honneurs. 

Dans le domaine artistique, Ingres si âgé soit-il, a entrepris d'ajouter, depuis 1848, une pièce maîtresse à son œuvre, Le Bain Turc. Il s'agit là de sa dernière grande création. Le peintre en effet ne se chargera plus que de retoucher ses anciennes pièces, dans le cadre d'une perpétuelle recherche de la perfection. Il prépare également son testament, dont les legs sont essentiellement destinés à sa femme et à sa ville natale. Ingres s'éteint le 14 janvier 1867.