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Alexander von HUMBOLDT 

(Berlin, 14 septembre 1769 - Berlin, 6 mai 1859)


Allemand.

Biologiste et géographe.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1799-1804, voyage aux Amériques avec le Français Aimé Bompland.
1810, membre Associé étranger de l’Académie des Sciences de Paris.
1807, Essai sur la géographie des plantes.
commence la publication de son Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent.
1827-1829, traverse le continent eurasien.
1846, Cosmos, essai d'une description physique du monde.



 






Alexander von Humboldt naît le 14 septembre 1769 à Berlin. Son père, issu d'une illustre lignée de la noblesse prussienne, est à l'époque chambellan du prince impérial. Sa mère appartient est apparentée à la riche bourgeoisie commerçante et industrieuse de la ville. Sa famille est à la tête d’une prospère fabrique de verres et de miroirs. Doté donc d'une solide fortune, ces derniers entourent leurs deux fils des meilleurs précepteurs, Christian Kuntz notamment. Dans la capitale prussienne l'hiver ou au château familial de Tegel l'été, Alexander et son frère Willhem reçoivent ainsi une solide éducation, dans l'esprit de l'Aufklarung. A l'automne 1787, les deux jeunes gens entrent à l'Université du Brandebourg de Francfort-sur-l'Oder. Ils n’y demeurent qu’un semestre et rejoignent ensuite, au mois de mai de l’année suivante, l'Université de Gottingen. L'adolescent se passionne alors pour la botanique et la zoologie, entretenant également des relations avec le cercle des poètes de Weimar, Friedrich von Schiller en particulier. Dès cette époque, la lecture de Robinson Crusoé lui donne le goût des voyages au long cours.

Après la mort de sa mère 1796, qui suit de deux décennies la disparition prématurée de son mari, il reçoit un imposant héritage. Ceci lui permet de consacrer désormais son existence à la science. Aux cotés du naturaliste Johann Forster, qui a participé au second voyage du capitaine Cook, Humboldt parcourt la France en 1790, s’initiant aux idéaux de la Révolution. Il étudie ensuite les sciences économiques à Hambourg, avant d'entrer en 1791 à l'Académie des Sciences de Freiberg. Suivant la tradition familiale, Humboldt se met au service de l’administration prussienne. Devenu ingénieur des mines, il parcourt l'Allemagne et l'Autriche, inspectant les chantiers d'extraction, étudiant la flore souterraine. Ayant quitté ses fonctions au mois de décembre 1796, le jeune Allemand part en Italie afin d'étudier le volcanisme. A Paris sous le Directoire, Humboldt cherche vainement à s'embarquer pour l'Orient, en compagnie des savants français de l'expédition d'Égypte. Arrivé à Madrid au mois de février 1799, avec son ami français, Aimé Bonpland, ils parviennent enfin à obtenir du roi d'Espagne Charles IV l'autorisation de voyager dans les possessions de la couronne, outre-mer.



Le 5 juin, les deux amis s'embarquent à bord de la frégate Pizzaro, qui quitte le port de la Corogne. Leur voyage les éloignera cinq années durant du continent européen. Ces quelques semaines de traversée leur donnent l'occasion d'étudier le courant du Gulf Stream. Après une escale aux Canaries, Humboldt et son compagnon aborde le Nouveau Monde, à Cumana, non loin de Caracas, le 16 juillet suivant. Ils effectuent quelques observations géologiques dans la péninsule de Maniquerez, puis visitent les Indiens Chaymas, ainsi que les missions des pères capucins. Le 18 septembre, le voyageur berlinois pousse jusqu'à la caverne de Caripe, qui abrite les guacharos, des oiseaux de nuit. Enfin, après ces quelques mois passés sur le littoral, les deux amis se décident à s’enfoncer dans l'intérieur des terres.

Parti de Caracas le 7 février 1800, accompagnés d'une vingtaine d'Indiens, ils traversent les Ilinos, une steppe où règne un climat torride. Ayant atteint le rio Apure, le 27 mars, l'expédition rejoint ensuite l'Orénoque, le 5 avril. Ce trajet effectué en pirogue est rendu pénible par la végétation, parfois impénétrable. L’embarcation, trop instable, rend également difficile l’observation des rives du fleuve. En l'espace de deux mois et demi, Humboldt et ses compagnons parcourent néanmoins plus de 2.300 Km dans la jungle équatoriale. Si le but qu’ils se sont assignés est de dresser une carte du bassin hydrographique de l'Orénoque, ce sont surtout la faune et la flore qui les passionnent. L'humidité cependant gâte leur collections de plantes. Le 26 avril, l'expédition parvient jusqu'au rio Negro, un affluent de l'Amazone, avant de reprendre la direction du Nord et de l'Océan. Rendus le 13 juin à Angostura, les deux explorateurs sont alors reçus par le gouverneur de la Guyane espagnole. Aimé Bonpland cependant, touché par les fièvres, doit rester alité quelques temps.

Les deux amis passent ensuite l'hiver dans l'île voisine de Cuba. C'est l'occasion pour Humboldt d'observer avec un regard critique la société esclavagiste des Antilles. De retour sur le continent - ils sont à Carthagène, le 30 mars 1801 -, les voyageurs européens poursuivent leur périple, désireux d'atteindre Bogota, puis de cartographier cette fois-ci la Cordillère des Andes ! Après avoir remonté le cours du rio Magdalena, ils rejoignent le plateau de Bogota. Dans la ville, Humboldt et Bonpland reçoivent un accueil triomphal de la part des autorités de Nouvelle-Grenade. L'archevêque envoie même son carrosse personnel à leur rencontre. Ils leur faut ensuite parader dans les salons de la bonne société locale. Passé l'été, les deux voyageurs quittent la ville et s'enfoncent vers le Sud. Après un court séjour à Carthago, ils s'engagent sur les plateaux andins, les paramos. Enfin, après quatre mois d'un voyage éprouvant, l'expédition parvient à Quito, le 6 janvier 1802.

Ils y demeurent jusqu'à l'été, s'occupant à l'étude et à l'escalade des volcans de la région. Au mois de juin suivant, Humboldt se lancent ainsi à l'assaut du Chimborazo, haut de 6.272 m. S'il échoue dans son ascension, celle-ci lui permet tout de même de devenir l’homme " le plus haut du monde " et surtout de mettre en évidence la succession des types de végétation sur les flancs du géant. Après s’être enfonce vers le Sud, au mois de juillet, Humboldt et Bonpland trouvent sur leur chemin des vestiges de la civilisation inca. Le 23 octobre 1802, ils sont à Lima. Là, le voyageur allemand se consacre à l'étude de ces rivages du Pacifique. Mesurant la fraîcheur de l'eau, il présume ainsi de l'existence d'un courant marin remontant du Pole Sud, un phénomène qui sera baptisé de son nom. Le 25 décembre, les deux explorateurs s'embarquent pour Guayaquil et Acapulco à bord d'un vaisseau de guerre espagnol, le Castor. Ils demeureront encore une année au Mexique avant de traverser de nouveau l'Océan Atlantique.



Après un nouveau séjour à Cuba, puis aux États-Unis, où ils sont reçus officiellement par le président Jefferson, le 19 avril 1804, Humboldt et Bonpland arrivent en France le 1er août suivant. Ayant débarqué à Royan, ils reçoivent un accueil triomphal à Bordeaux et à Paris quelques jours plus tard. Bonplan est bientôt nommé par Napoléon à la tête des collections botaniques de la Malmaison, la résidence impériale. Le 6 février 1804, Humboldt est lui élu Correspondant pour la section de physique générale de la première classe de l’Institut. Il faut dire que la moisson scientifiques des deux voyageurs est considérable. Ils ramènent avec eux en effet des échantillons de plus de 5.800 espèces végétales, dont 3.600 étaient totalement inconnues auparavant. Quant à Alexander von Humboldt, le roi de Prusse le nomme chambellan à sa cour en 1805. La même année, toujours avide de savoir, il part en Italie et entreprend l’ascension du Vésuve. En 1808, le savant se fixe enfin à Paris, se liant notamment avec Louis Joseph Gay-Lussac et François Arago. Désigné comme membre Associé étranger de l’Académie des Sciences, le 14 mai 1810, Humboldt participe à la fondation de la Société de Géographie, le 15 décembre 1821. En 1845, il en deviendra d’ailleurs le vingt-quatrième Président.

Au cours de ces années, le voyageur se consacre à la publication de ses travaux scientifiques. En 1807, dans un Essai sur la géographie des plantes, il expose ses observations et ses théories sur l’étagement de la végétation, qui donne naissance à la géographie tridimensionnelle. L’année suivante, dans un Atlas géographique de la Nouvelle-Espagne, Humboldt étudie la cosmogonie des peuples amérindiens. Cette dernière œuvre rompt avec la tradition des descriptions exotiques. Isolée dans son siècle, elle nie tous jugements de valeur à propos des civilisations extra-européennes, au moment où les théories racistes voient s’étoffer leurs fondements scientifiques. En 1810, sont publiées ses Vues des Cordillères et monuments des peuples indigènes de l'Amérique, soixante-neuf magnifiques planches. De 1807 à 1834, seront ensuite imprimés les trente volumes de son Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent. Une œuvre colossale, qui touche à la géologie et à la volcanologie, à l'hydrographie, à la botanique et à la zoologie, à la géographie comme à l'ethnologie. Humboldt est bientôt fêté à travers l'Europe comme l'un des plus grands hommes de sciences de son temps.

Après avoir donné une série de cours à l’Université de Berlin en 1827, il entame un nouveau périple deux années plus tard. A la demande du Tzar Nicolas Ier, Alexander von Humboldt, traverse cette fois-ci le continent eurasien. Après avoir franchi les montagnes de l'Oural, il s'enfonce dans les grands étendues de l'Empire russe. Le savant visite également les rivages de la mer Caspienne. En 1832, il en tire ses Fragments de géologie et de climatologie asiatique. Demeurant à présent à Berlin, suivant les vœux du roi de Prusse, Humboldt se dépense en tournées de conférences, à la présidence de congrès scientifiques internationaux. Il entretient une abondante correspondance avec les savants du monde entier, se consacrant également à la rédaction des cinq volumes de son Cosmos, essai d'une description physique du monde. Avec ce nouveau ouvrage, dont la publication commence en France au mois de mars 1846, l’homme de sciences tente de constituer une géographie joignant à l’étude de l’habitat humain les déterminants physiques. Une œuvre ambitieuse.



Alexander von Humboldt décède le 6 mai 1859, à Berlin, un an après son compagnon de voyage, Aimé Bonpland, qui avait fait le choix d’un retour en Amérique du Sud, finissant ses jours au Paraguay.