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Georges Eugène HAUSSMANN 

(Paris, 27 mars 1809 - Paris, 11 janvier 1891)


Français.

Homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1830, décoré de la Croix de Juillet.
1841, nommé sous-préfet de l’arrondissement de Blaye.
1849, préfet du Var.
1853, préfet de la Seine.
1854, édification des Halles centrales.
1857, nommé sénateur.
1858, inauguration du boulevard de Sébastopol.
1867, Jules Ferry, Les Comptes fantastiques d’Haussmann.
1877, Élu député de la Corse.


 






Georges Eugène Haussmann naît le 27 mars 1809 à Paris, au sein d’une famille de notables protestants d'origine alsacienne. Son père, Nicolas Valentin Haussmann, est alors commissaire des guerres tandis que sa mère est la fille du général baron Dentzel, gouverneur de Vienne. Élève du conservatoire de musique, il entre au Collège Henri IV avant d’entreprendre des études de droit. Ayant obtenu sa licence, Haussmann trouve ensuite à s’employer auprès d’un notaire avant d’exercer la profession d’avocat.

Engagé dans la Garde nationale pendant les Trois Glorieuses qui amènent la chute du roi Charles X, il est bientôt décoré de la croix de juillet 1830 peu après l’avènement de Louis-Philippe d’Orléans. Commence alors une brillante carrière dans l’administration, Haussmann bénéficiant du renouvellement des cadres entrepris dans les premières années de la Monarchie de Juillet. Le 21 mai 1831, il est nommé secrétaire général de la préfecture de la Vienne puis promu en 1832 et à l’âge de vingt-trois ans sous-préfet d'Yssingeaux (Haute-Loire). Après un passage à Nérac (Lot-et-Garonne), c’est la sous-préfecture de Saint-Girons (Ariège) qui l’accueille quelques années plus tard, en 1840. Enfin, le 23 novembre 1841, Haussmann est nommé sous-préfet de l’arrondissement de Blaye, poste qu’il occupera jusqu’au 18 mars 1848, date à laquelle il est relevé de ses fonctions par les autorités de la Seconde République.

Au cours de ces années d’administration, le haut fonctionnaire s’attache à favoriser le développement économique de cette région des bords de la Gironde. Un effort particulièrement important est consacré à l’aménagement et à l’entretien des routes, des voies de grande communication comme des chemins vicinaux. Haussmann s’attache également à l’amélioration des installations portuaires, à l’origine d’un doublement du trafic commercial. Nommé conseiller de préfecture à Bordeaux, il devient préfet du Var le 5 février 1849. Dans ce département, il se distingue alors par son action à l'encontre du parti républicain, dont il tente de briser l'élan. Nommé dans l'Yonne le 11 mai de l’année suivante et enfin dans la Gironde, Haussmann est remarqué pour ses talents d'organisateur ainsi que pour sa fidélité au Second Empire. Ceci lui vaut de devenir préfet de la Seine, le 23 juin 1853.



Suivant les désirs de prestige et les soucis d’ordre public de l’Empereur Napoléon III, il s’attache alors à transformer la capitale en donnant une nouvelle impulsion à la politique de grands travaux. Après avoir éventré les anciens quartiers ouvriers et encouragé à la disparition des taudis, Haussmann fait aménager de larges artères, des avenues rectilignes et macadamisées facilitant la circulation et donc l’activité. Celles-ci, bordées d'immeubles uniformes et plantées d’arbres, permettent de joindre la place du Trône à l’Étoile, la gare de l’Est à l’Observatoire. Les boulevards Saint-Michel et Sébastopol forment ainsi avec la rue de Rivoli un axe orthogonal au centre de Paris. La création des Grands boulevards complète ce réseau nouveau qui délimite les quartiers résidentiels désormais occupés par la bourgeoisie d’affaires.

Désireux de réaliser ces travaux à moindre frais, Haussmann délaisse les voies existantes et procède à l’achat des terrains occupés par les arrières cours et les jardins des maisons de rapport. Il a recours dans un premier temps aux finances excédentaires de la ville. Celle-ci doit tout de même procéder à un emprunt de 50 millions de francs en 1851, suivi d’un autre d’un montant de 75 millions en 1855. Avec l’inauguration triomphante du boulevard de Sébastopol, le 5 avril 1858, le Préfet de la Seine crée la Caisse des travaux de Paris, celle-ci lui permettant de s’affranchir de la tutelle du Corps législatif. Vingt nouveaux kilomètres de voie sont alors réalisées dans les années qui suivent, les travaux s’étendant désormais aux dix-huit communes limitrophes annexées avec le décret du 1er janvier 1860. Enfin en 1869, un dernier emprunt destiné à couvrir les 390 millions de francs de dettes de la Caisse des travaux est couvert très largement.

Alors que le Préfet de la Seine entend dégager les principaux monuments et mettre en valeur les constructions récentes comme l’Opéra ou la Bibliothèque nationale, s’aménagent également des parcs et des jardins, oeuvre de Jean-Charles Alphand : le Luxembourg, le parc Monceau, les Buttes Chaumont, les Bois de Boulogne et de Vincennes. Sous son administration sont édifiées les Halles centrales entre 1854 et 1870, nouveau marché d’approvisionnement de la capitale, et les gares qui sont désormais les portes de Paris selon le Ministre de l’Intérieur Victor de Persigny. Haussmann se préoccupe également de la salubrité publique. Le sous-sol de Paris, déjà percé de galeries, est de nouveau bouleversé sous le Second Empire par la pose des tuyaux d’adduction d’eau et de gaz, par l’établissement d’un réseau moderne d’égout.



Sous le Second Empire, la capitale ressemble donc à un vaste chantier. Alors que les travaux vont bon train, menés de manière efficace par le Préfet de la Seine, celui-ci est comblé d’honneur par Napoléon III. Appelé baron même s'il en a refusé le titre, Haussmann se voit bientôt décerné la grand-croix de la Légion d'honneur en 1862. Celui qui trouve encore le temps de rédiger une Histoire de Paris, publiée en 1866, fait également son entrée l’année suivante à l'Académie des beaux-arts. Il est désormais un haut dignitaire du Second Empire. Nommé sénateur en 1857, Haussmann, qui siège au Conseil d’État depuis 1860, est également membre du conseil impérial de l'Instruction publique.

Cependant, son œuvre, qui s’inscrit dans le prolongement des aménagements issus de la Monarchie de Juillet, suscite également les critiques. Un jeune avocat, Jules Ferry, publie ainsi en 1867 un pamphlet intitulé Les Comptes fantastiques d’Haussmann dans lequel il dénonce la gestion hasardeuse du Préfet de la Seine. Celui-ci est bientôt attaqué au Corps législatif en 1869 et se voit accuser à tort d’enrichissement personnel. Ces critiques rencontrent une certaine audience auprès de l’opinion. Avec la libéralisation du Second Empire et le désir d’un renouvellement de ses cadres, Haussmann est relevé de ses fonctions le 5 janvier 1870 par le nouveau cabinet placé sous l’autorité d’Émile Ollivier. Il est ensuite admis à faire valoir ses droits à la retraite par décret du 11 janvier 1871.

Le baron Haussmann quitte alors pour quelques temps la vie publique. Alors que l’on découvre l’ampleur des investissements réalisés sous son administration, plus de 2 milliards et demi de francs, ainsi que celle de la fraude, seuls 500 millions de francs ont été réunis grâce à des emprunts officiels, il se replie dans sa propriété de Cestas, près de Bordeaux. Haussmann consacre son temps à la rédaction de ses Mémoires qui seront publiées en 1890. Élu député de la Corse en 1877, il siège jusqu’en 1881 à l’Assemblée nationale. Après avoir refusé la proposition de la responsabilité de travaux d’aménagement du métropolitain à Berlin, Haussmann travaille quelques temps à Istanbul. Il décède à Paris, le 11 janvier 1891.