La lettre d'infos


A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.

S'abonner à la lettre d'infos
 

 L'actualité
sur 19e.org

 
 

 A voir sur le Web

     Vous êtes ici :   Accueil   Biographies   F    >  Louis FAIDHERBE                                      Contact

 

Louis FAIDHERBE 

(Paris, 3 juin 1818 - Lille, 28 septembre 1889)


Français.

Militaire.



par Eric Labayle


 

     Quelques dates :

1840, rejoint l'école d'application de l'artillerie et du génie de Metz
.
1852,
envoyé au Sénégal comme sous-directeur du génie..
1854, nommé gouverneur de la colonie du Sénégal.
1861, colonel, il reçoit le commandement de la subdivision de Sidi-bel-Abbès.
1870, commandant la subdivision de Bône.
         général de division, à la tête de l'armée du Nord.
        bataille de Pont-Noyelles, bataille de Bapaume, bataille de Saint Quentin.
1871, élu député.
         élu conseiller général de Lille.
1879, sénateur.
1880, devient grand-chancelier de l'ordre de la Légion d'Honneur.
         admission à l'Institut des Inscriptions et Belles Lettres.


 






Louis, Léon, César Faidherbe est né à Lille le 3 juin 1818, d'un père fabricant de bonneterie. Élève doué, il intègre l'école Polytechnique en 1838, après avoir obtenu de remarquables résultats aux examens préliminaires. Deux ans plus tard, une fois sa formation initiale accomplie et nanti de l'épaulette de sous-lieutenant du génie, il rejoint l'école d'application de l'artillerie et du génie de Metz, dont il sort lieutenant en 1842.

Sa carrière se confond très vite avec l'aventure coloniale. Il sert tout d'abord en Algérie (dans la province d'Oran, de 1844 à 1847), puis en Guadeloupe (1848-1849), avant de revenir en Algérie comme capitaine (décembre 1849 - juillet 1852). Il participe alors aux principales campagnes de conquête de l'Algérie et prend part à plusieurs expéditions importantes : celle du général Camou dans la Djurdjura, celle du général Saint-Arnaud en Petite Kabylie, celle du général Bosquet dans le massif de Bougie, etc.



En 1852, il est envoyé au Sénégal comme sous-directeur du génie. C'est le véritable tournant de sa carrière. Les faits d'armes qu'il y accomplit le rendent célèbre et mettent en valeur ses qualités militaires. Le 16 décembre 1854, à peine plus d'un an après son arrivée en Afrique Noire, il est nommé gouverneur de la colonie du Sénégal. Il est alors chef de bataillon et n'est âgé que de 36 ans... Il s'affirme comme un colonisateur hors de pair. En quelques campagnes, il bat les Maures, auxquels il impose un traité de paix. Lorsque le prophète El Hadj-Omar, venu du Niger, assiège Médine avec 15.000 hommes, Faidherbe, à la tête de 500 hommes en provenance de Saint-Louis, renverse la situation et met l'armée musulmane en déroute. Il est légèrement blessé au cours de ces combats. Il pacifie également le bas fleuve, annexe à la colonie la presqu'île du Cap-Vert et la province du Diander et, en l'espace de quatre ans, la domination française sur la région sénégalaise est assurée pour longtemps.

Mais Faidherbe n'est pas qu'un militaire, aussi habile conquérant fût-il. Il s'affirme également comme un grand administrateur. Sous son autorité, le Sénégal connaît un essor économique inédit. La ville de Saint-Louis est modernisée et embellie, le port de Dakar est creusé. Des écoles, des casernes, des hôpitaux et même un musée sont construits. Les activités agricoles, minières, manufacturières et commerciales sont activement développées. Les services administratifs ne sont pas négligés et l'on peut considérer Faidherbe comme le créateur des postes et télégraphes du Sénégal. Freycinet dira dans son hommage posthume que, "l'épée d'une main et le compas d'ingénieur de l'autre, (...) son gouvernement du Sénégal fut une merveille de science, d'art militaire et d'organisation".

En 1861, malade, il sollicite son retour en métropole. Il est alors colonel. Il reçoit le commandement de la subdivision de Sidi-bel-Abbès (septembre 1861- mai 1863), mais repart pour le Sénégal en 1863. Il y retrouve son poste de gouverneur. Le 20 mai 1863, il est général de brigade. Toutefois, l'altération de sa santé lui fait abréger ce second séjour. En 1864, il quitte "sa" colonie. Définitivement. Le 17 juillet 1865, sur sa demande, il est rappelé en métropole.



En 1870, son poste de général commandant la subdivision de Bône (depuis janvier 1867) aurait dû en principe l'écarter de la guerre franco-allemande. Mais la déclaration de guerre le surprend à Lille, où il effectue un séjour de convalescence. Désireux de servir, il sollicite son affectation à l'armée du Rhin, mais il lui est répondu de rejoindre sans délai sa subdivision algérienne. La rapide défaite des armées impériales rend toutefois caduque cet ordre. Après le 4 septembre, Faidherbe renouvelle donc sa demande d'obtention d'un commandement actif et se place aux ordres du gouvernement de Défense Nationale. Léon Gambetta le nomme général de division (23 novembre) et lui confie la tête de l'armée du Nord. 

Il prend ses nouvelles fonctions le 3 décembre 1870, alors qu'en Picardie la situation est des plus préoccupantes. A la suite de la bataille de Villers-Bretonneux, les Allemands ont investi Amiens. Marchant sur la Normandie et soulagé sur son aile sud par la capitulation de La Fère, Manteuffel est en liaison directe avec les troupes qui font le siège de Paris. Face à l'armée du Nord, le général von Goeben n'a qu'une mission d'observation. Partout dans la région, les troupes prussiennes sont en position de supériorité. Dès qu'il arrive sur le théâtre des opérations, Faidherbe décide d'agir. Il ne laisse pas à son armée le temps de se réorganiser après son revers de Villers-Bretonneux (ses troupes sont mal armées et mal équipées, ses 22e et 23e Corps ne sont pas encore constitués, etc.) et, le 8 décembre, il la lance à nouveau dans la bataille. Le 9, Ham est reprise par le général Lecointe. Voyant le danger, Manteuffel réagit et marche sur l'armée du Nord, avec une écrasante supériorité d'artillerie. La confrontation a lieu le 23 décembre. C'est la bataille de Pont-Noyelles, qui voit la victoire des Français. La marche allemande sur Le Havre est suspendue. Fort de ce succès, Faidherbe replie prudemment son armée derrière la Scarpe. Manteuffel se retourne alors vers Péronne qu'il assiège. Marchant au secours de cette ville clé du cours de la Somme, l'armée du Nord fait face au sud et, après plusieurs combats préliminaires (Achiet-le-Grand et Sapignies notamment), elle attaque les Allemands le 3 janvier 1871. C'est la bataille de Bapaume. Une fois encore, le succès français (von Goeben, tourné, doit évacuer Bapaume) ne peut pas être exploité.

Faidherbe décide alors de se porter au secours de Paris assiégé. Après la prise de Péronne par les Allemands, il entame une marche sur Compiègne, par Ham et Saint-Quentin. Mais les rigueurs de l'hiver ralentissent considérablement la marche de son armée et donnent le temps à l'ennemi de réagir. La bataille qui s'engage le 18 janvier devant Saint-Quentin met un terme aux plans de Faidherbe. Après une résistance acharnée, il doit se replier. Son armée qui a besoin de se reconstituer est conduite à l'abri des places fortes de Cambrai et Lille, sans être vraiment inquiétée par von Goeben. L'armistice met un terme à ses opérations. 



Parce que son armée est l'une des rares à n'avoir subi aucun revers grave pendant "l'Année Terrible" et pour son action comme précurseur de la colonisation de l'Afrique Noire Faidherbe devient une gloire nationale dans la France des débuts de la Troisième République. Commence alors pour lui le temps des honneurs. Il est élu député (8 février puis 2 juillet 1871), conseiller général de Lille (8 octobre 1871), puis sénateur (5 janvier 1879). Le 3 février 1880, il reçoit la grand-croix de la Légion d'Honneur et le 29, il en devient grand-chancelier de l'ordre. Honneur suprême, le 30 décembre 1880 il est décoré de la Médaille Militaire. Ses écrits, également, ont un grand retentissement et lui valent son admission à l'Institut des Inscriptions et Belles Lettres. Il est l'auteur, entre autres, d'un récit des campagnes de l'armée du Nord, d'un projet de réorganisation de l'armée française et d'études linguistiques, ethnographiques, archéologiques, épigraphiques, géographiques, ...

Il meurt à Paris le 28 septembre 1889. Ses obsèques sont célébrées aux Invalides et organisées aux frais de l'État.